Lettres de Chopin et de George Sand/Lettre 17

Texte établi par Ronislas-Edouard Sydow, Denise Colfs-Chainaye et Suzanne Chainaye, [Edicions La Cartoixa] (p. 39-40).

17. — Eugène Delacroix à Pierret, à Paris.

Valmont, 5 septembre 1838.

Cher bon[…] Autre commission que je réclame de ta bonté : ce serait, en te promenant, d’aller au coin de la rue Grange batelière et du boulevard chez Pleyel, facteur de pianos, le prier de faire enlever chez moi, Delacroix rue des Marais St Germain 17, le piano que M. Chopin y a fait porter il y a deux mois environ. Tu lui dirais que je l’ai oublié en partant pour la campagne […][1]

Eug D.

  1. Il s’agit de l’instrument que Chopin avait fait porter 17, rue des Marais St-Germain, chez Delacroix lorsque celui-ci désira faire, dans son atelier, le portrait de George Sand et du grand pianiste réunis sur la même toile. Curieuse destinée que celle de ce tableau resté inachevé ! Il devint, après la mort de Delacroix, la propriété du peintre Constant Dutillieux. Après la disparition de celui-ci, survenue en 1865, ses héritiers n’hésitèrent pas à faire couper la toile en deux. Le portrait de George Sand est à présent à la Glyptothèque de Copenhague ; celui de Chopin — le chef-d’œuvre du portrait romantique — au Louvre après avoir appartenu au pianiste Marmontel qui l’avait entouré d’un véritable culte.