Lettres d’Hippolyte Valmore à Gustave Revilliod conservées aux Archives d’État de Genève (1859-1873)/Texte entier

Lettres d’Hippolyte Valmore à Gustave Revilliod conservées aux Archives d’État de Genève (1859-1873)


Archives privées 18.8.1859/34

Monsieur,

À mon retour de la campagne, un de mes plus chers amis, le Dr Veyne, également ami de M. Olivier, me remet l’article de M. Raspail sur ma mère. Je crois qu’il satisfera votre goût et votre cœur, et c’est pour cela que je vous l’adresse. Je le fais aussi dans l’intention de vous soumettre les vers cités par l’auteur Je ne sais s’il serait encore temps de les insérer dans le volume que vous mettez tant de grâce à préparer. S’il était trop tard, nous ces réserverions pour les œuvres complètes si jamais on les édite. Sinon, veuillez, Monsieur, voir si vous jugez à propos de les imprimer maintenant. Ils seraient peut-être bien placés dans la 3e partie (la foi) ou dans les pièces diverses. Tout ce que vous déciderez sera bien fait.

Mon père vous prie d’agréer l’assurance de sa considération toute particulière et de sa gratitude.

Recevez de ma part, Monsieur, celle de mon affectueux dévouement et de mon respect.

H Valmore

19 Octobre 1859.


Archives privées 18.8.1862/18

Il faudrait être prince, cher Monsieur, pour vous remercier convenablement. La fille du Léman est arrivée, fraîche et brillante, reflètant l’éclat du ciel Helvétique mais aussi, redoutable pour notre humble demeure. Comment la recevoir, la traiter selon son mérite ? Vous avez joint une note relative à l’étiquette à suivre en pareil cas, tout en nous avertissant de la difficulté de s’en bien tirer. Sincèrement, Monsieur, nous sommes bien touchés de voir que votre pensée se soit un moment de plus tournée vers nous ; qu’elle se soit en quelque sorte fait chair à notre intention. Que nous songions souvent à vous, rien de plus naturel, c’est un devoir, comme un plaisir : nous vont devons un des bonheurs les plus sérieux de notre vie. Mais quel droit avons-nous à votre souvenir, sinon ce droit que conservent ceux qui ont été comblés par un cœur bien né. Le titre de citoyen de Genève est une vraie noblesse, et celle-là nous sommes forcés de la reconnaître, et de l’aimer. Je pense avec douceur que, du côté de ma mère nous avons des Suisses dans notre famille, sa grand mère, je crois, était de Genève.

Je dépose aux pieds de Mme votre mère mes remerciements les plus respectueux pour la peine qu’elle a bien voulu prendre, et vous, bien cher Monsieur, je vous prie de recevoir l’assurance toujours sincère de mon affectueux dévouement

Hippolyte Valmore

25 Nov.

Votre aimable désir que l’excellente hôtesse fût reçue en famille a été réalisé ; c’est chez M. Langlais qu’a en lieu la cérémonie. Je ne répondrais pas que la sauce ait été un chef d’œuvre oüft groufifif[illisible] ; cependant sauce et poisson nous ont paru nectar. Venue le 24, la truite eût reconnu un compatriote. M. Olivier me faisait l’honneur de diner à la maison.

Quand viendrez-vous Monsieur ? Vous semblez bien incertain et nous serions si désireux de vous serrer la main le plus tôt possible !

Tout à vous, du fond du cœur.

Hippolyte Valmore

26 N.


Archives privées 18.8.1862/171

Cher Monsieur,

Il est très ressemblant et je vous remercie deux fois. C’est pour moi une très douce surprise que cette visite en effigie, car je retrouve toute votre finesse, votre bonté et votre amitié sur ce portrait.

Recevez de nouveau l’expression de mes sentimens les plus affectueux.

Hippolyte Valmore

14 Janvier 62.


Archives privées 18.8.1863/82

Bien cher Monsieur,

Que nous sommes touchés mon père et moi du souvenir que vous voulez bien nous garder et nous témoigner d’une façon aussi affectueuse. Le portrait de Madame votre mère… c’est une bénédiction qui entre sous notre toit. Je suis partial et il ne peut en être autrement, mais cependant je crois que les moins prévenus peuvent lire sur le visage de la mère toute la bonté du fils. Nous vous remercions de fond du cœur. j’avais déjà votre portrait mais celui-ci où je vous vois lisant à côté de la personne que vous aimez le plus au monde me sera peut-être plus cher encore. Et puis j’ai la vive satisfaction de vous voir heureux. Que ce soit longtemps, toujours, et toujours ainsi.

Veuillez, bien cher Monsieur et ami, présenter à Mme votre mère l’hommage de ma gratitude et de mon respect, et recevoir vous-même les meilleurs élans de mon cœur.

H Valmore

15 Mai 1863.


Archives privées 18.8.1864/142

Je suppose, bien cher Monsieur et ami, que cet Aloys est votre frère, aussi vous pouvez croire à la sincérité de vœux que nous faisons pour que le bonheur l’accompagne dans la nouvelle vie que va lui faire le mariage. Que cette vie soit calme et se reine ; que son intérieur rappelle celui que représente une carte, un petit tableau photographié, où vous et Madame votre mère êtes réunis sous nos yeux. Je le regarde souvent, et jamais froidement, je vous jure. Il me rappelle le bonheur qui n’est plus, et me montre vos traits que j’ai appris à aimer très vivement et très sincèrement.

De la part de mon père et de la mienne, les serrements de main les plus affectueux. À Madame Revilliod, je vous prie, l’hommage de mon profond regpect

H Valmore

19 Sept. 63.


Archives privées 18.8.1863/210

Cher Monsieur,

Un seul mot, pour me rappeler à votre souvenir ; pour vous assurer de ma respectueuse affection, vous exprimer les vœux les plus vifs pour le bonheur de Madame votre mère et le vôtre.

Prenez : mes meilleures pensées sont à vous, et pour toujours.

Votre reconnaissant et affectionné serviteur,

Hippolyte Valmore

30 Décembre 1863


Archives privées 18.8.1864/128

Bien cher Monsieur,

Permettez moi de vous demander si les troubles qui ont eu lieu à Genève ont frappé quelqu’un de vos amis. Nous ne pouvons d’ici nous rendre compte du mouvement, de ses causes, et des torts de chacun. Mais votre nom nous a sauté au cœur tout de suite, et nous voulons que vous sachiez bien qu’il en est souvent ainsi, mais particulièrement lorsque quelque évènement malheureux peut vous atteindre.

De la part de mon père et de la mienne, l’expression de la plus sincère affection et pour votre mère, mille hommages de respect.

Ne voyez pas une indiscrétion dans ma démarche, mais un mouvement tout naturel qui me porte vers vous, et vous demande un mot très court qui nous rassure.

Votre affectionné et respectueux serviteur et ami

Hippolyte Valmore

25 Août 1864.

Nous partons samedi pour St Denis d’Anjou, chez M. Langlais. Si vous voulez bien nous répondre que ce soit cependant à Paris ; on nous enverra notre correspondance à la campagne. Si toutefois vous désiriez connaître l’adresse de M. Langlais, c’est à St Denis d’Anjou (par Sablé, Sarthe).


Archives privées 18.8.1864/164

Bien cher Monsieur et ami, nos jours sont bien tristes et le renouvellement de l’année ne nous apporterait plus de joie bien vive si vous n’étiez là, avec votre grâce accoutumée, pour y jeter un rayon de soleil. Votre nom ne nous rappelle que de chers souvenirs, des émotions délicates et pourtant profondes ; votre cœur réveille le nôtre qui s’engourdit dans la solitude. Ce n’est pas que quelques amis bien appréciés ne me fassent connaître toutes les douceurs de l’amitié, mais ils n’ont pas tous connu ma mère.

Et il y a ceci de particulier dans l’affection qui m’attache à vous, que malgré les absences si longues et la distance que je ne puis franchir, elle grandit et devient une vieille amitié. Le respect et la reconnaissance ne perdent pas leurs droits ; il y a là cependant quelque chose de plus ; je m’y livre avec un grand bouheur. Votre lettre vous ressemble c’est tout dire ; et la lire c’est vous entendre encore et vous aimer davantage.

Mon père me charge de vous remercier cordialement.

Veuillez, bien cher ami, mettre aux pieds de Madame votre mère l’hommage de mon tendre respect et recevez vous-même les vœux les plus sincères, Les sentiments les plus inaltérables de votre dévoué,

Hippolyte Valmore

à Février, alors !

c’est bien long, mais alors quel bonheur.


Archives privées 18.8.1864/128

Bien cher Monsieur et ami.

Tous les exemplaires de Bonivard se trouvent entre les mains de leurs destinataires sauf celui de M. Ste Beuve (qui avait d’abord été adressé à M. de Ste Beuve, député) et qui va aujourd’hui être deéposé chez notre ami et poète.

Nous sommes bien heureux d’apprendre que Madame Revilliod se porte mieux : c’est un des grands bonheurs que nous vous souhaitons bien vivement.

Quand reviendrez-vous à Paris, cher Monsieur ? Vos apparitions sont si rapides, et cependant un anneau de plus chaque fois s’ajoute à la chaîne que nous attache à vous. Ce moment de bonheur est bien apprécié, je vous assure, par mon père et par moi.

le vous serre affectueusement et respectueusement les mains et vous prie d’offrir mes tendres hommages à Madame votre mère.

H Valmore

3 Avril.


Archives privées 18.8.1865/86

Bien cher Monsieur et ami,

Si j’avais vingt ans de moins je serais bien jaloux de tous ceux qui ont le bonheur d’entrer dans votre famille, et ce n’est pas orgueil seulement, bien que l’orgueil le plus intraitable y trouvât son compte. Il me semblerait entrer dans un monde nouveau, tout d’amitié, de sécurité, de poésie réalisée. Je fais donc bien des compliments à M. de Lorial à qui son mérite comme son age ont pu ouvrir l’accès de ce paradis.

Comme fils, comme frère, comme ami, le sort m’a gâté, et bien peu ont été partagés aussi favorablement. Mais à mesure que les années s’ajoutent aux années révolues, je me sens jeter des yeux de regrets et d’envie sur certains heureux, heureux comme j’aurais voulu l’être. Cela ne m’a pas été donné, et le plus sage est de se tourner vers les horizons plus doux et plus calmes du pays d’amitié.

Toutes ces fêtes dont vous me parlez, ces sites que vous me vantez je les vois, j’y assiste d’ici, mais jamais sans vous : c’est vous qui réchauffez à mes yeux la froide Suisse ; pardon, la Suisse majestueuse mais dont je n’ai pas entendu parler pour la première fois par une bouche aussi sympathique que la vôtre. Je verrais peut-être la Hongrie, tout seul, l’Italie, encore. Mais ces grands monts si écrasants ! C’est appuyé de cœur sur une cœur aussi sûr, aussi noble et tendre que le vôtre, que je consentirai à les gravir. Pardonnez-moi, si je blasphème ; celui qui a fait la Suisse me laisse bien vivre après ce que je viens d’écrire.

Vous, Monsieur, qui êtes libre, quand userez-vous de ce privilège pour venir à Paris : votre lettre ne dit rien là dessus ; mon père et moi vous appelons pourtant. Nous, nous partons probablement le 20 Août jusqu’au 20 Septembre, chez M. Langlais, ce n’est pas encore là la route de Genève.

S’il vous plaît, mes vaux les plus vifs, mes hommages les plus respectueux aux pieds de Madame votre mère. À vous, cher ami ma sincère affection et ma reconnaissance respectueuse.

Hippolyte Valmore

Les petits contes, tous ceux qu’elle a écrits, vont paraître chez Garnier, en deux volumes, avec caricatures (on appelle cela illustrations ! des clichés pris partout, n’importe comment.) C’est égal ; tout ce qui est conte, est en un seul recueil ; et ne peut plus se disperser et se perdre. Il y en aura naturellement un exemplaire qui vous sera adressé dès l'apparition ; mais comment ? par Cherbuliez ? la poste ? Ou faut-il attendre votre séjour tant désiré à Paris ?


Archives privées 18.8.1865/183

Bien cher Monsieur et ami, un petit souvenir veut s’envoler vers vous. un souvenir du cœur car vous avez captivé le nôtre. Aussi, dans ces moments où, grâce au renouvellement de toutes choses, on se prend à former des vœux de bonheur, de fortune et de santé, nous pensons naturellement à nos plus chers amis et nous les convions à être tous heureux ensemble. Qui le mérite mieux que vous ? je ne sais, mais nul ne fait des souhaits plus sincère pour vous et Madame votre mère ; c’est encore vous.

De la part de mon père, de la mienne, mille amitiés respectueuses, bien vives et bien sincères.

Hippolyte Valmore

29 Décembre 1865


Archives privées 18.8.1866/8

Bien cher Monsieur et ami, je vous demande pardon de vous déranger pour si peu : il s’agit de savoir quelle est la meilleure histoire des protestants, des persécutions qu’ils ont subies, etc, la plus complète et la plus impartiale. Mon père désire vivement connaître ces tristes annales, et ne croit pouvoir mieux s’adresser qu’à vous. L’ouvrage est probablement sous sa main, à la Bibliothèque impériale. Le tout est de connaître son titre ; il ne peut choisir lui même ni tout lire, et me charge de vous prier de vouloir bien le guider en cette matière.

La Commission m’est agréable, puisque j’ai à m’adresser au plus aimable comme au meilleur des hommes. Je vous envoie de nouveau, cher ami de ma mère, tous mes respects et mes affections. À Madame Votre Mère des vœux pour son bonheur et l’expression de mon profond respect.

Hippolyte Valmore

6 Janvier 1866.

La bonne visite aura-t-elle lieu cet hiver, et bientôt ?


Archives privées 18.8.1866/85


30 avril 1866.

Bien cher Monsieur et ami, j'ai reçu vos deux portraits avec plaisir et reconnaissance. Vous ne pouvez encore venir : c'est vous voir, sinon vous parler. On dirait que le plus ancien a été fait sur un destin ; je préfère le second, mais surtout celui qui accompagne Madame votre mère.

Ce dernier rend, à mes yeux, votre bonté, votre finesse de cœur et le mouvement de votre esprit : il a cette physionomie qui vous fait des amis avant que vous ne parliez des amis qui vous connaissent déjà d’un regard et sentent qu’ils peuvent aller à vous le cœur sur la main.

Oui, notre vie est changée par cette triste perte. Une conversation libre et toujours nouvelle, sans pédanterie, sans recherche d’esprit ; puis un mois de liberté à la campagne, où nous retrouvions en Langlais ce que Paris a de plus intéressant pour l’intelligence, tout en respirant l’air pur, et la vie rustique, tout cela est passé, et ne sert plus qu’à attrister le présent. Nous ne savons ce que le gouvernement va faire d’Aimé. Il songe à un consulat, mais ne veut pas retourner au Mexique.

Vous savez, cher Monsieur, que Mlle Olivier est mariée ; Mlle Hélène Ruchet va probablement aussi épouser un de mes amis. J’ai en l’occasion de la saluer : elle paraît sérieuse et très pure, très simple, et je m’en réjouis pour mon ami, l’un des meilleurs, un chevalier des anciens temps devenu démocrate à la suite des siècles.

On parle beaucoup de guerre ici ; il est difficile que la France reste au port d’armes, mais comme vous le désirez, que l’Helvétie soit protégée par ses montagnes : il faut bien que la liberté se réfugie quelque part.

À votre mère comme à vous cher Monsieur et ami, mon respect et mon affection inaltérables

Hippolyte Valmore

Mon père, dont la santé est relativement bonne, vous envoie ses souvenirs affectueux. Il vous désire aussi bien vivement.


Archives privées 18.8.1866/198

Après un long silence, que je me reproche, une longue absence qui nous pèse, nos vœux sont les mêmes, bien cher Monsieur et ami, pour votre bonheur et celui de Madame votre mère. Vous avez eu des troubles dans Votre patrie et nous avons pensé à vous qui aimez tant votre Helvétie. Genève a été ensanglanté encore une fois, et cependant la liberté y fait sa demeure et n’en sort gère. Vous avez dû souffrir cette année : que ce soit la dernière fois. Que tout concoure, patrie, amis, parents, à vous rendre la vie sereine, telle que vous la méritez. Au nom de mon père et au mien, je serre affectueusement vos mains, et je vous prie de faire agréer l’hommage de mon affectueux respect à Madame Revilliod.

Votre reconnaissant et fidèle

Hipp Valmore

30 Décembre 66.

Mon meilleur ami, Armand du Mesnil, a épouse cette année une de vos compatriote, Mlle Hélène Ruchet. (Il me semble que cela me rapproche de la Suisse d’où sortait le grand père de ma mère). Mlle Ruchet est charmante ; nous l’appelons Sakountala, car elle paraît plutôt née sous le soleil de l’Inde de quelque branime et d’une apsara. Elle se défend beaucoup de cette origine hindoue et place la suisse au dessus de tous les pays du monde. Mon ami est très heureux ; d’ailleurs il est très digne de son bonheur.

Grâce à Madame Du Mesnil, je connais Gotthelf. J’ai pleuré, J’ai presque prié ! si j’étais susceptible de foi, ces livres m’auraient entraîné. Je n’ai rien lu de plus vrai, de plus beau dans le simple, de plus pénétrant. Kathi, l’Âme et l’argent, Elisi Fréneli, Anne Mareili ; je ne les oublierai jamais. J’ai retrouvé là, sous une forme rustique, cette bonté profonde de nature qui se lit sur la figure de Madame Revilliod, et, pardon, de son fils. On ne connaît pas de tout Gotthelf chez nous.


Archives privées 18.8.1868/92

Ministère de l’Instruction publique

Paris le 25 Avril 1868

Bien cher Monsieur,

Je suis bien touché de votre aimable attention : vous savez combien nous sommes heureux de retrouver votre nom, surtout honoré comme il l’est par vos compatriotes et par bien d’autres avec eux. Dans le bienfaiteur de la Bibliothèque du Collège j’ai reconnu le cœur bon et généreux à qui je dois la conservation des dernières poésies de ma mère. Un autre article me montre encore l’infatigable ami des lettres et de la liberté, allant chercher les trésors des pays étrangers pour les répandre sur son pays. Activité du cœur et de l’esprit, largeur d’intelligence et délicatesse du goût, tout ce qui vous distingue et vous fait aimer, se révèle dans tous vos actes et rend Genève fière de son brillant fils. Encore une fois merci pour mon père et pour moi de votre souvenir.

Veuilles, cher Monsieur et ami, présenter mes affectueux respects à Madame votre mère, et recevoir la sincère expression de mon amitié dévouée et reconnaissante.

H Valmore

Archives privées 18.8.1868/208

Ministère de l’Instruction publique

Paris le 30 Dbre 1868

Cher Monsieur,

puisque vous ne venez plus, il faut que je vous rappelle de loin qu’il y a ici des cœurs qui vous sont dévoués et qui forment des vœux bien sincères pour votre bonheur. Souhaiter votre bonheur c’est demander en même temps la santé de Madame votre mère. Veuillez lui présenter nos respectueux hommages et agréer personnellement l’expression de mon affectueux dévouement.

Votre serviteur et ami,

H Valmore

Permettez moi d'ajouter un mot qui, j’en suis sûr, vous fera plaisir. J’ai l'espoir que quelqu’un va se charger de rassembler et publier les lettres de ma mère qui sont en ma possession, en les accompagnant d’un travail sur Mme D. V. femme et mère. Aussi je cherche à réunir le plus possible de ces documents. Je n’ose vous demander si parmi celles qui vous ont été adressées, il en est dont vous autoriseriez la copie et la publication (intégralement ou fragmentairement suivant le cas). Pardonnez au fils si ma demande est indiscrète et veuillez agréez de nouveau mon amitié respectueuse.


Archives privées 18.8.1869/87

Ministère de l’Instruction publique

Paris, le 4 Août 1869

Monsieur et ami,

Quelque modeste que soit notre famille, tout humble que doive se montrer le membre le plus obscur, je n’ai pu m’empêcher d’éprouver un mouvement de joie quand vous m’avez exprimé le bienveillant désir d’en rechercher en Suisse les origines. Malheureusement la vie nomade conserve peu d’archives, il m’est même très difficile de mettre la main sur une piece quelconque établissant un lieu, un nom, une date. Je ne trouve dans les manuscrits de ma mère que des indications vagues, comme celle-ci.

Desbordes (Félix Antoine) maître horloger, né à Genève, grand voyageur Il épousa Marie Barbe Quikeray, du Quesnoy en Flandres, dont il eut trois fils et trois filles. L’un des fils, Félix Desbordes, fut le père de Marceline, il naquit à Douay ainsi que son frère Marie Constant (rappelé dans l’atelier d’un peintre). Les grands oncles paternels du père de Marceline étaient également Suisses. Ils étaient imprimeurs et libraires : on a d’eux des publications estimées (Rabelais Malebranche, …).

Le grand père de Marceline était horloges de la princesse Charlotte de Brabant. Le père épousa à 25 ans Catherine Lucas, fille d’un ancien militaire, qui était fermier de ville ou censier, à Douai.

Les indications précédentes, principalement en ce qui concerne la Suisse, ne permettent guère d’espérer qu’elle puissent conduire à quelque chose. Je vais écrire (ce que j’aurais dû faire depuis longtemps) à M. le Maire de Douai, et réclamer de lui s’il est possible de les obtenir, quelques renseignements plus précis. Si j’en obtenais, ils vous seraient immédiatement communiqués.

Vous voulez bien m’annoncer l’envoi d’un ouvrage publié par vos soins et concernant votre glorieux pays. J’ai trop de plaisir à m’en promettre pour ne sas vous remercier d’avance, Monsieur, et très vivement, au risque de paraître peu discret.

Veuillez, je vous prie, agréer et faire agréer à Madame votre mère l’honneur de mon respect, et de ma vive reconnaissance.

H Valmore

De la part de mon père, également. Il est bien touché de votre persistante sollicitude.


Archives privées 18.8.1869/91

Ministère de l’Instruction publique

Paris, le 20 Août 1869

Bien cher Monsieur et ami ! Car enfin, vous me donnez tant de preuves de bonté et de sympathie que ce nom seul peint bien votre situation à notre égard, je ne sais comment vous remercier de cet entêtement genevois et républicain que vous mettez a établir notre nationalité helvétique. Je serai bien heureux, le jour où il sera prouvé que le professeur de Genève est bien l’ancêtre de mon grand-père, et que, par des alliances, il tient à quelques familles de votre canton. Ne serait-il pas plus que singulier que la sympathie que nous avons toujours éprouvée pour vous, cher Monsieur, pour le Ruchet et les Olivier, eût pour source, mystérieuse et bien éloignée, une parenté depuis longtemps oubliée ? Vous voyez que je suis plus ambitieux que mon père. Son archéologie nous rattachait à des porte-oriflammes ; la mienne irait jusqu’à… mais c’est ici que je dois revenir à des idées plus modestes et plus conformes au réalisme de la vie. Trop heureux si le même milieu, les mêmes idées les mêmes aspirations ont pu pendant un siècle et demi faire des Desbordes les compatriotes de ceux que, j’ai nommés plus haut.

Mon père a tressailli à l’annonce de l’envoi de livres historiques sur la Suisse, le pays de la liberté par excellence. Il me charge de vous exprimer sa vive reconnaissance pour cette aimable pensée comme aussi pour votre persévérance à faire de nous des Helvètes.

Je me suis empressé de montrer votre lettre à la charmante Mme Du Mesnil (Mlle Hélène Ruchet), je compte montrer les deux à M. Sainte Beuve.

Et maintenant, veuillez agréer, je vous prie, cher Monsieur, ainsi que Madame votre mère, l’hommage de ma respectueuse gratitude.

H Valmore

Je vois encore, dans ce livre, que vous voulez bien me donner, p. 110, un Leonardus Revilliodus F. Mais[illisible], anno 1637 [illisible]


Archives privées 18.8.1869/157

Cher Monsieur,

Je vous suppose revenu d’Égypte et je souhaite vivement que ce voyage si envié n’ait eu pour vous aucune désillusion. C’est une belle page a ajouter à sa vie, plus belle encore quand on peut ajouter au plaisir de voir un tel pays, l’honneur d’y représenter le sien. Madame votre mère doit elle-même en juger ainsi, aujourd’hui surtout qu’elle vous a auprès d’elle. Son orgueil et son cœur maternels sont faits à ces joies-là.

Me permettez-vous, cher Monsieur, de vous adresser, de la part de mon père et de la mienne les vœux les plus vifs pour votre santé à tous les deux. Que l’année qui vient vers nous encore voilée vous apporte mille bénédictions et comble tous vos souhaits.

Votre reconnaissant et respectueux serviteur.

H Valmore

29 Décembre 1869

Qu’est-ce qu’un voyage à Paris, quand on est allé au Caire ? N’en jugerez-vous pas ainsi en 1870, et viendrez-vous voir vos respectueux amis ?


Archives privées 18.8.1870/13

Cher Monsieur,

Permettez-moi, du fond de notre prison de nous appeler à votre souvenir. Les Prussiens nous frappent, nous humilient, nous tiennent étouffés dans nos murs, et le ciel veut cela. Il permet une chose cependant, c’est de se souvenir, et par moments aussi d’espérer. Le souvenir nous console, il vous place devant nos yeux avec tous les cœurs choisis que les nôtres appellent, nous revoyons les beaux jours d’autrefois, et par une magie singulière, sous ce ciel gris et neigeux dont l’influence devrait tuer toute illusion. Vous nous aviez prédit ce qui nous arrive, et fait connaître d’avaire les ennemis qui nous dominent aujourd’hui après une série de si incroyables trahisons, défections ou défaites. S’il faut juger de nos fautes par le châtiment, elles ont été bien grandes.

Je vous prie de la part de mon père, et de la mienne d’agréer notre affectueux respect ; et, pour Madame votre mère comme pour vous, les vœux les plus vifs pour votre bonheur.

H Valmore

27 Dbre 1870.


Archives privées 18.8.1871/39

Ministère de l’Instruction publique et des Cultes.

Paris, le 20 Mars 1871.

Bien cher Monsieur et ami,

nous avons reçu votre nouveau travail littéraire, et nous nous promettons une heure de délicieuse diversion à tout ce qui de passe autour de nous. L’esprit n’est pas précisément dans l’assiette qu’il faut pour jouir ou pour apprécier. Vous savez ou vous allez savoir par les journaux ce qui se passe à Paris. En ce moment la garde nationale marche sur Versailles ; si la troupe fraternise ; voilà l’Assemblée forcée de chercher en province un lieu plus tranquille de délibérations ; Si l’émeute et maîtrisée, sur la route du moins, elle va continuer un jour ou deux à Paris. Quelle situation ! Sommes-nous tombés bas ! Et tout cela et mené avec un certain ordre, avec plus de suite peut-être et d’organisation qu’on ne l’attendrait d’une révolte spontanée. Qui est là derrière ? Un seul parti, ou deux qui se disputent notre pauvre pays. Et les Prussiens sont encore dans nos forts du Nord et de l’Est !

Pardon, je reviens à vous, à votre bon souvenir toujours gracieux et bienveillant. Je vous exprime au nom de mon père comme au mien les plus vifs remerciements. Veuillez prier Madame votre mère d’agréer mes hommages de respect, et recevez vous même l’assurance de mon inaltérable dévouement

H Valmore

Je ne voudrais pas finir par une indiscrétion, et pourtant je serais bien content de savoir que le voyage en Égypte va paraître sous une forme plus durable. Mais, pardonnez encore, si mon vif désir me fait dépasser la mesure.


Archives privées 18.8.1871/43

Cher Monsieur Revilliod,

Nous recevons votre beau livre, et je suis d’autant plus reconnaissant que je vois réalisé mon vœu. Les feuilletons sont devenus livre, et votre voyage a maintenant son monument pour en perpétuer le souvenir. Je vais le relire avec plus de plaisir encore que la première fois ; j’en suis [illisible], car je viens de l’ouvrir, et je me sens appelé à ne plus le quitter. Vous y avez ajouté des notes sur la poésie, qui ont assurément leur intérêt, bien que le voisinage de votre récit ne leur soit pas favorable. Après ces pages vives, faciles, sans prétention, après ces tableaux animés et variés, les traductions de M. de Sugny me semblent des paraphrases assez éloignées du génie et du ton des originaux. Le vers ne traduit pas d'ailleurs et ne se traduit pas davantage. Il y a cependant un sentiment de mélancolie et un goût qui charment et font qu’après tout on remercie l'interprète. N’importe, je crois trouver plus d'orient dans les pages rapides que nous vous devons.

Nous avons lu, mon père et moi, le drame d’Oscar de Redwitz. Mon père, qui s’y connaît mieux que moi, l’a trouvé original, et il a particulièrement admiré la scène toute nouvelle d’ailleurs, dans laquelle Behaim demande à entrer dans le corps des marchands Cette grandeur si simple le place un moment même au dessus du chef de la corporation de Orfèvres, et pourtant Krafft est un héros.

Veuillez, bien cher Monsieur et ami, recevoir nos bien vifs remerciements pour avoir traduit ce drame plein de nobles sentiments, de couleur et d’énergie ; et aussi, pour nous combler de tant d’aimables attentions.

À Madame votre mère, mon plus profond respect, à vous, cher Monsieur, mon humble et fidèle attachement,

H. Valmore

27 Mars 1871.


Archives privées 18.8.1871/80

Ministère de l’Instruction publique.

Paris, le 11 Juin 1871.

Bien cher Monsieur et ami,

Votre lettre nous a bien touchés ; c’est une centième preuve de cet intérêt bienveillant que vous nous avez toujours témoigné : nous vous remercions parfois, mais nous ne pouvons exprimer toute notre gratitude, sinon en parlant de vont souvent et en formant le vœu de vous revoir à Paris. Dans ce Paris que vous aimerez parce qu’il est malheureux et qu’il n’a pas perdu tout son charme, ni même toute sa grandeur. Pour moi, je l’aime plus qu’autrefois, comme on aime davantage un ami après une grande faute expiée. Et puis, je ne vois rien qui l’égale, je suis plus amoureux que jamais. Ses malheurs l’ont un peu vieilli, mais c’est toujours Ninon, le désespoir des jeunes belles. Enfin, que voulez-vous, cher Monsieur, je suis sous le charme.

Comme vous l’avez désiré, je suis allé m’informer de l’état de la maison de la rue de l’Université et de la santé de M. Marjolin. Il venait de sortir quand je me suis présenté chez lui : il se porte très bien ; sa maison est intacte. Les vitres seules ont payé pour tous. (11 Rue Bellechasse).

Veuillez, cher Monsieur, me laisser espérer que cette année, déjà assez malheureuse, ne se passera pas tant que nous ayons le plaisir si vif de vous voir. Recevez et veuillez faire agréer à Madame votre mère l’hommage de mon affectueux respect.

H. Valmore

Archives privées 18.8.1871/112

Cher Monsieur et ami, j’arrive de l’Anjou, Je trouve les Contes imprimés et brochés, et je vous envoie l’exemplaire promis. Je serai bien heureux si, après avoir lu ceux que vous ne connaissiez pas, vous voulez bien me faire connaître votre impression. La question m’est un peu personnelle puisque j’ai pris la responsabilité de publier des productions inédites (le petit prince Somaïlof ou Schouwalof — je ne sais malheureusement plus le vrai nom, car l’histoire en est très vraie, le petit chinois, et la 2e partie des petits Flamands). Dans ces dernières scènes particulièrement, que ma mère n’a pas eu le temps de relier complètement entr’elles, il y a tel détail qui peut paraître un peu trop original, surtout à un public parisien. Il m’était dur de laisser inédites, et se perdre peut-être pour toujours, des pages à mon gré si vivantes, si vraies, je ne m’en croyais pas d’ailleurs le droit. Vous aurez la bonté de me dire votre pensée. Les petits polonais, le grand cheval, Gino ou le danger des fleurs avaient déjà paru dans le Magasin pittoresque et ailleurs.

De la part de mon père et de la mienne l’expression d’une tendre affection, et du vif désir de vous voir bientôt, à Madame votre mère, l’hommage de mon profond respect.

Hippolyte Valmore

21 Septembre

1er jour de l’Automne.


Archives privées 18.8.1871/125

Cher Monsieur,

Voici un petit livre qui n’a malheureusement pas été imprimé par M. Fick. Tout laid qu’il soit, peut-être le contenu trouvera-t-il quelque grâce devant votre indulgente amitié. Je désire vivement qu’il ne vous paraisse pas indigne de toute lecture, que toute poésie n’y soit pas éteinte par ma prose, enfin que le tradattore ne soit pas resté suivant l’adage, un traditore.

Je désire avant tout puisqu’il aura l’avantage d’être auprès de vout, qu’il vous trouve en bonne santé ainsi que Madame votre mère. Veuillez, je vous prie d’agréer et lui faire agréer l’expression de notre tendre respect.

H. Valmore

15 Oct.

1871


Archives privées 18.8.1871/154

Ministère de l’Instruction publique et des Cultes.

Paris, le 29 Dbre 1871.

Monsieur et bien cher ami,

Vous me permettez de suivre une mode un peu surannée aujourd’hui et de saisir l’occasion du jour de l’an pour vous exprimer des vœux faits pendant toute l’année, pour votre bonheur et celui de Madame votre mère.

Je vous prie d’agréer en même temps l’assurance de ma respectueuse affection comme de un gratitude. Je parle au nom de mon père comme au mien.

Votre dévoué serviteur et ami,

H. Valmore

Archives privées 18.8.1872/20

Ministère de l’Instruction publique et des Cultes.

Paris, le 13 Février 1872

Bien cher Monsieur et ami,

Permettez-moi de vous offrir ce livre, l’un des plus sincères qui aient été écrits sur notre malheureux siège par un témoin intelligent, sympathique et dont le nom vous est déjà connu : c’est M. du Mesnil, gendre de M. Ruchet, Directeur de l’Enseignement supérieur au Ministère. je ne puis dire qu’il vous fera plaisir, car vous avez le cœur haut placé et, à travers vos griefs d’homme libéral, vous gardez quelques sentiments bienveillants pour nous ; mais il vous édifiera, et vous intéressera, j’en suis sûr.

Voulez-vous, chez Monsieur, agréer avec l’assurance de mon respect pour vous et Madame Revilliod, l’expression de mon affectueux dévouement.

H Valmore

Mon père se rappelle à votre bon souvenir ; il trouve que vos passages à Paris sont bien distants les uns des autre (sa santé est excellente).


Archives privées 18.8.1872/53

Bien cher Monsieur et ami,

Au plaisir toujours très vif de recevoir et de lire une de vos lettres s’ajoute cette fois-ci un nouveau mouvement de reconnaissance : la première idée qui vous soit venue, quand on vous a proposé de rééditer vos œuvres a été de penser à une autre, à celle dont vous avez sauvé de l’oubli ce qu’elle avait peut-être écrit de mieux. Soyez en remercié du fond du cœur.

Aux 4 articles que vous voulez bien désigner et qui accompagneraient la nouvelle édition, on pourrait peut-être en joindre deux ou trois autres, que je vous soumettrais avant tout, cher Monsieur, si l’idée vous agrée. Il ne faut pas étouffer les vers dans la prose, je le sais, aussi je comprendrais parfaitement que vous voulussiez vous en tenir aux quatre noms si autorisés d’ailleurs que cite votre lettre.

Si vous me faites l’honneur de me répondre, serez-vous assez bon pour me faire connaître l’adresse à Paris de M. Sandoz, au cas où il aurait accepté votre proposition. Jusque là tout reste dans vos mains pour être décidé et bien fait, mais j’aurai peut être à le voir, si vous ne voulez pas (ce que je préférerais) que je vous adresse les articles de Barbey d’Aurevilly, de Lacaussade etc. écrits à l’occasion de l’apparition des Poésies inédites.

Mon père est en Anjou où je lui envoie copie de votre chère lettre ; il aura bien de la joie à cette bonne nouvelle.

Recevez, cher Monsieur, et veuillez faire agréer à Madame votre mère l’assurance de mon dévouement et de mon tendre respect.

H Valmore

10 Juin 72

Charpentier le fils, héritier et successeur de son père, va, je l’espère, publier une nouvelle édition du volume publié par Charpentier, et préparé par Ste Beuve (1842)


Archives privées 18.8.1872/55

Ministère de l’Instruction publique, des cultes et des beaux-arts.

Paris, le 25 Juin 1872

Bien cher Monsieur et ami,

J’ai eu l’honneur de voir M. Sandoz, près de qui votre nom m’a valu un accueil très cordial. Je me suis mis à sa disposition pour le cas où, à l’occasion de la réédition des Poésies inédites je pourrais lui être utile en quoi que ce soit, et je lui ai soumis une pentée de mon père que je désirais vous soumettre avant personne mais que l’entraînement de la conversation m’a amené à exprimer. Mon père pense qu’il y aurait peut-être quelque intérêt à placer, à la suite du recueil des poésies de Madame Valmore, quelques pièces de vers sorties de la main de sa fille, Madame Langlais, et qui ne sont pas indignes de figurer à côté, ou du moins à la suite, comme je le disais, des compositions de ma mère. M. Ste Beuve faisait quelque cas de l’esprit et du sentiment poétique d’Ondine ; il en a parlé avec bienveillance dans la préface des Pleurs et aussi, je crois, dans son article du Temps. C’est à vous, cher Monsieur, à juger de l’opportunité et de la convenance de ce rapprochement

Et maintenant, ne pensez vous pas que l’article de M. Ste Beuve sur le volume de Genève, accouppagné des pages si courtes mais si bien senties de Madame Olivier, dans la Revue Suisse (?), suffiraient à la parure comme à la gloire de ses vers. Je ne ssis, mais trop de prose n’aurait-il pas l’inconvénient de rejeter bien loin la poésie, sans compter l’inconvénient des répétitions. MM. B. d’Aurevilly, Montégut, Lacaussade, etc. ont dit d’excellentes choses, que nous voudrions voir conservées dans quelque travail particulier. Mais tout mettre dans le volume de vers, c’est beaucoup ; c’est étouffer la muse sous les lauriers. M. Sandoz avait l’idée d’un travail nouveau, d’une sorte de cadre biographique et littéraire où seraient enchâssés des fragments de chacun des articles Ce projet qui m’a souri d’abord me paraît maintenant moins heureux en ce qu’il entraîne le découpement de l’article de Ste Beuve, ce qui serait, à mon humble avis, bien regrettable. Enfin, rien n’est fait. Tout cela n’est que le résultat d’une causerie, c’est vous en définitive, Monsieur, qui avez, à tous les titres, droit de décision. Tout ce que vous ferez ne peut que ressembler à ce que vous avez déjà fait, et mériter notre reconnaissance.

Recevez, je vous prie, cher Monsieur, l’assurance de mon affectueux dévouement et veuillez présenter à Madame votre mère mes plus respectueux hommages.

H. Valmore

Archives privées 18.8.1873/2

Bien cher Monsieur,

Veuillez exprimer à Madame votre mère toute notre gratitude pour l’envoi de ce merveilleux poisson, d’azur et d’argent, et particulièrement pour le soin qu’elle a pris de le faire suivre de la manière de le présenter avec tous ses avantages. Je n’ai pu avoir pour le recevoir dignement votre aimable compatriote et son mari. Ils étaient retenus ailleurs, ce que j’ai d’autant plus regretté que j’ai pensé que vous auriez appris avec plaisir que Madame du Mesnil (Mlle Hélène Ruchet) avait accueilli cette brillante et délicieuse habitante du Léman. Sans penser qu’on ait pu réussir à Paris comme on l’eût pu faire sous la direction de Madame Revilliod, nous n’avons jamais rien mangé d’aussi bon, même en comptant la truite qui a précédé celle-ci. Cela tenait peut-être à la sauce prescrite. Voulez-vous, bien cher Monsieur agréer pour Madame votre Mère et pour vous, avec mille vœux de longue et heureuse vie, l’assurance de nos sentiments les plus vifs de dévouement et de respect.

Votre affectionné serviteur et ami,

H. Valmore

1er Janvier 1873.


Archives privées 18.8.1873/135


CABINET du Ministre de l’instruction publique des cultes et des beaux-arts

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Séparateur


Paris le 14 Août 1873

Cher Monsieur,

J’ai l’honneur de vous adresser un petit volume qui vient de paraître, et où vous trouverez encore quelques fleurs de ce pays de Hongrie qui a obtenu déjà vos sympathies. Puisse-t-il ne pas vous paraître trop indigne de représenter comme il semble en avoir la prétention, la poésie de ce noble peuple.

J’ai cherché votre nom tout récemment dans les journaux. Qui, si ce n’est l’envoyé helvétique en Orient, devait accueillir à Genève le Roi des Rois et lui faire les honneurs de son libre pays ! Vous êtes peut-être en voyage, et bien loin de ce Paris qui vous voit si rarement. Quand aurons l’honneur et le plaisir de vous y voir. Il me semble qu’il y a déjà bien longtemps, et j’ai peur que ce ne soit encore bien éloigné.

J’ai à vous envoyer de respectueux souvenirs de Monsieur et Madame du Mesnil. Nous avez sans doute appris la mort de Madame Ruchet, leur mère et belle mère Madame de Mesnil a bien de la peine à reprendre goût à la vie

Mon père et moi vous prions, cher Monsieur, d’agréer et de faire agréer à Madame votre mère, l’hommage de nos tendres respects et de notre dévouement.

H. Valmore
Je me suis servi à dessein

de ce papier marqué au coin de la République. Qui sait s’il ne sera pas proscrit dans quelque temps ! Nos rois de par le suffrage universel brûlent de se jeter au pied d’un prince, l’air de la liberté gêne leurs poumons trop délicats. L’atmosphère d’une sacristie romaine est bien mieux ce qu’il faut à ces romanciers catholiques. C’est bien triste, parce que c’est gros d’orages et qu’il faut renoncer au moins à la paix pour … combien d’années ?


Archives privées 18.8.1873/142

Bien, bien cher Monsieur et ami,

Nous avons reçu ce matin l’élégant et précieux volume que vous voulez bien mettre à notre disposition. Sa vue nous a causé une de ces joies, comme nous vous en devons déjà, vive et sans mélange. Votre nom, celui de ma mère, ceux que vous y avez joints, la forme de ce petit livre qui en fait comme une cassolette orientale, jolie à voir, légère à porter et suave à respirer, tout cela nous ravit.

Vous recevrez avec votre affabilité ordinaire l’expression de notre gratitude et de notre affection, toujours plus motivée et toujours douce à nos cœurs.

Vous voulez bien penser à mettre à notre disposition quelques exemplaires de ce petit bijou. Nous en sommes vivement reconnaissants. Mais pour ce qui est de ceux qu’il serait bon d’envoyer aux journaux, je crois, (et je désire en ceci ne pas trop m’éloigner de votre manière de voir) qu’il serait mieux que M. Sandoz ou son associé se chargeassent de cette mission. Intéressé de cœur au succès du livre, il me répugnerait de faire appel à l’intérêt d’inconnus qui, s’ils avaient un vrai sentiment littéraire, devraient spontanément signaler l’apparition d’un tel livre. Ma mère a toujours fui ces sortes de réclames ; elle ne m’a pas laissé son talent, mais seulement un éloignement invincible pour toute espèce de sollicitation : ici, je croirais demander pour moi.

Il me semble me rappeler que ma mère a vu quelquefois Mlle Noémi Thurel (au Parnasse, Maria Cellini). C’est une personne intéressante et qui n’est pas sans habitudes littéraires. Elle a du poète surtout les illusions faciles. Je la crois très recommandable ; je ne puis d’ailleurs que lui être reconnaissant des vers qui ouvrent le petit volume des poésies dû à votre inépuisable munificence.

Bien cher Monsieur et ami, voulez-vous mettre aux pieds de Madame votre mère nos hommages de profond respect, ainsi que les vœux que mon père et moi formons pour elle et pour tous ceux qui portent le nom honoré et chéri de Revilliod.

Votre devoué serviteur et ami,

H. Valmore

3 Sept. 1873.

Il y a trois ou quatre jours que votre charmante compatriote, Mme du Mesnil me demandait si Monsieur Revilliod reviendrait cette année à Paris. Je n’ai pu lui faire le plaisir de l’en assurer.


Archives privées 18.8.1873/158

Bien cher Monsieur et Ami,

Je reçois la Patrie, de Genève, N° du 3 Octobre, et j’y trouve un article très touchant sur la nouvelle édition du livre de ma mère, paru il y a plus de treize ans grâce à votre haute sollicitude. Je vous prie d’abord de recevoir nos remerciements empressés. Mais mon père et moi avons une prière à vous faire : c’est de nous dire le nom de l’auteur de l’article : nous hésitons entre M. Revilliod et Mme Olivier. Une des dernières lignes rend le second nom douteux. Quel bonheur s’il y a là un nouveau motif à ajouter à tous ceux que nous avons déjà de vous aimer.

Agréez, cher Monsieur, pour vous et votre chère mère, l’hommage de notre vive et respectueuse gratitude.

H. Valmore

1873

7 oct.

Je viens de relire l’article : j’y vous bien votre nom cité, cher Monsieur, mais sans aucun des éloges qui l’accompagneraient certainement si c’était un autre que vous qui eût parlé.

8 oct. Je reçois un nouveau numéro du même article ; votre chère écriture est sur la bande. Je vous remercie du fond du cœur, Quand pourrai-je le faire de vive voix !


Archives privées 18.8.1873/2


CABINET du Ministre de l’instruction publique des cultes et des beaux-arts

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Séparateur


Paris le 30 Dbre 1873

Bien cher Monsieur Révilliod,

Permettez-moi de me conformer à un usage qui sert si bien ma respectueuse affection. Agréez, je vous prie, avec ces vœux les plus sincères pour votre bonheur et celui de Madame votre mère, l’expression de mon inaltérable gratitude pour vos bontés à notre égard. Mon père et moi vous devons beaucoup pour votre sollicitude en ce qui touche la mémoire de ma mère, et nous vous avons voué une tendre reconnaissance.

Croyez, je vous prie, au dévouement de votre humble et affectionné serviteur.

H. Valmore