Lettres d’Augusta Holmès à Camille Saint-Saëns/Lettre du 23 Mai 1890

23 mai 1890
Florence
Mon cher ami,

Vous revenez à Paris, et je suis à Florence ! Je ne puis donc vous remercier en personne, comme je l’aurais voulu pour les magnifiques vers que vous m’avez envoyés de Cadix, et qui m’ont comblé de joie et d’orgueil.

J’ai été profondément touchée, je vous l’ai écrit, de votre approbation si chaleureusement exprimée. Cette approbation se manifestant à un moment où quelques-uns de nos Collègues tentaient de me faire bien du mal ; et la noble et sincère façon dont vous m’avez défendue a dissipé l’amertume dont on avait cru pouvoir m’abreuver.

Encore merci, mon cher et grand ami. J’avais vaguement espoir que vous passeriez à Florence (pourquoi non ?) ces temps-ci. Je sais que votre cœur d’artiste et d’ami se serait réjoui du succès de mon Hymne à la paix. Votre cœur de Français avait aussi de quoi être content, car c’est « vive la France ! » que l’on m’a crié.

Je vous félicite de tout mon cœur du double triomphe de Samson et Dalila à Rouen, et d’Ascanio à Paris.

À bientôt une nouvelle belle œuvre ! Vous êtes de ceux qui ne peuvent pas s’arrêter.

J’espère bien vous voir à mon retour à Paris, et vous voir souvent. Je regrette bien de ne pas être au Festival St-Saëns du 31. Mais j’y serai de cœur et de pensée.

Au revoir, mon cher et illustre ami. Encore et toujours, Merci, et toute à vous

Augusta Holmès


"Monsieur Camille St-Saëns (Aux bons soins de Monsieur Ed. Colonne)"
"Monsieur Camille St-Saëns (Aux bons soins de Monsieur Ed. Colonne)"