Lettres d'Hippolyte Valmore à Gustave Revilliod conservées aux Archives d'État de Genève (1859-1873)/08


Archives privées 18.8.1864/164

Bien cher Monsieur et ami, nos jours sont bien tristes et le renouvellement de l’année ne nous apporterait plus de joie bien vive si vous n’étiez là, avec votre grâce accoutumée, pour y jeter un rayon de soleil. Votre nom ne nous rappelle que de chers souvenirs, des émotions délicates et pourtant profondes ; votre cœur réveille le nôtre qui s’engourdit dans la solitude. Ce n’est pas que quelques amis bien appréciés ne me fassent connaître toutes les douceurs de l’amitié, mais ils n’ont pas tous connu ma mère.

Et il y a ceci de particulier dans l’affection qui m’attache à vous, que malgré les absences si longues et la distance que je ne puis franchir, elle grandit et devient une vieille amitié. Le respect et la reconnaissance ne perdent pas leurs droits ; il y a là cependant quelque chose de plus ; je m’y livre avec un grand bouheur. Votre lettre vous ressemble c’est tout dire ; et la lire c’est vous entendre encore et vous aimer davantage.

Mon père me charge de vous remercier cordialement.

Veuillez, bien cher ami, mettre aux pieds de Madame votre mère l’hommage de mon tendre respect et recevez vous-même les vœux les plus sincères, Les sentiments les plus inaltérables de votre dévoué,

Hippolyte Valmore

à Février, alors !

c’est bien long, mais alors quel bonheur.