Lettres amoureuses et pensées diverses du marquis de Lassay/Avant-propos
AVANT-PROPOS
Il y a plus de cinquante ans, Sainte-Beuve était d’avis que des quatre volumes qui forment le bagage littéraire du marquis de Lassay on en pourrait composer un qui ne serait pas désagréable[1]. Est-il trop tard pour offrir au public ces modestes extraits ? Nous le pensons d’autant moins que des études récentes ont remis en lumière les principaux traits de cette physionomie romanesque.[2]
Une première édition du « Recueil de différentes choses » fut publiée par Lassay lui-même, en 1727, mais tirée à très petit nombre (2 vol. in-4). Il y règne d’ailleurs le plus grand désordre ; certains morceaux s’y trouvent imprimés plusieurs fois.
L’édition de Lausanne (1756, 4 vol. in-12) est plus complète et mieux ordonnée. Toutefois les éditeurs avouent qu’étrangers et mal informés ils n’ont pu remédier que partiellement au désordre de la première.
Nous avons essayé de faire encore un peu mieux. Nous avons groupé nos extraits d’après les sujets traités, et, toutes les fois que nous l’avons pu, nous en avons indiqué la date. Nous avons mis d’ailleurs à les choisir la discrétion que recommandait Sainte-Beuve. Nous renvoyons les historiens aux lettres écrites de Hongrie, les juristes aux mémoires et pièces juridiques. On ne trouvera pas non plus dans les pages qui suivent l’utopie intitulée : Relation du royaume des Féliciens : il nous a paru suffisant d’en donner, dans notre notice, une analyse très succincte. Bref, notre choix s’est limité à la plus grande partie des lettres d’amour, à trois portraits par où s’exprime la verve satirique de Lassay, et, parmi ses pensées diverses, à celles qui renferment la substance de ses idées sur la religion, la politique et la morale.
Le lecteur ne nous en voudra pas d’avoir admis partout l’orthographe moderne et modifié en mainte place la ponctuation, qui, dans l’édition de Lausanne, est très défectueuse.
- ↑ Causeries du Lundi, 3e éd., IX, p. 203.
- ↑ M. le marquis de Ségur : Un héros de roman au grand siècle, Revue de Paris, 15 mars 1901, p. 314 sq. et Gens d’autrefois, Paris, 1903. — M. Maurice Pellisson : Un philosophe amateur sous la Régence (Revue politique et parlementaire, octobre 1904, p. 102-119).