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XCV

Paris, 26 mars 1844.

Je crains que le discours ne vous ait paru un peu long. J’espère qu’il ne faisait pas aussi froid de votre côté que du mien. Je suis encore à grelotter. Nous aurions dû faire une courte promenade ensemble après la cérémonie. Vous avez pu voir quelle horrible toux j’ai. Cela aurait presque pu passer pour de la cabale. Avant la séance, l’orateur m’a fort prié de lui dire dans quelle partie de la salle se trouvait la personne à qui il avait envoyé des billets. L’avez-vous trouvé mieux en costume qu’en frac ? Vous pourrez me persuader bien des choses, mais jamais que vous parliez autrement que sérieusement de gâteaux quand vous avez faim. Je maintiens mon adjectif, et vous même en avez reconnu la justesse. Cela est facile à voir par le courroux que vous en montrez. Vous dites que vous ne savez que rêver et jouer. — Vous savez, en outre, cacher vos pensées, et c’est ce qui me désole. Pourquoi, après si longtemps que nous sommes ce que nous sommes l’un à l’autre, êtes-vous encore à réfléchir plusieurs jours avant de répondre franchement à la question la plus simple ? On dirait que vous soupçonnez des pièges partout. Adieu ; j’ai été bien content de vous voir. J’ai eu de la peine à vous trouver cachée sous le chapeau de votre voisine. Autre enfantillage. Avez-vous vu ce que je vous ai envoyé ? en pleine Académie ? Mais vous ne voulez jamais rien voir.