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LXII

Lundi soir, 21 mars 1843.

Je suis très-triste et j’ai des remords de ma fureur d’aujourd’hui. La seule excuse que j’y trouve, c’est que la transition entre notre halte délicieuse dans cette espèce d’oasis si étrange et notre promenade a été trop brusquée, c’est tomber du ciel en enfer. Si je vous ai affligée, j’en suis aussi repentant que possible, mais j’espère que je ne vous ai pas fait autant de peine que j’en ressentais. Vous m’avez souvent reproché d’être indifférent à tous ; je suppose que vous vouliez dire seulement que j’étais peu démonstratif. Lorsque je sors de ma nature, c’est que je souffre beaucoup. Convenez aussi qu’il est bien triste, après tant de temps passé ensemble, après être devenus l’un pour l’autre ce que nous sommes, de vous voir toujours défiante pour moi. Le temps a été aujourd’hui comme notre humeur. Ce soir, le voilà rétabli, je pense. Les étoiles sont plus brillantes que jamais. Organisons quelque course moins orageuse. Adieu, plus de querelles ; je tâcherai d’être plus raisonnable, tâchez d’être plus à vos premiers mouvements.