(1p. 130-131).

XLV

Paris, 3 février 1843.

Ce beau temps ne vous fait-il donc pas penser à Versailles, et, par conséquent, ne vous donne-t-il pas envie de rire ? Si vous aviez un peu de logique, vous n’auriez point ri. En effet, vous n’ignorez pas que Versailles est le chef-lieu du département de Seine-et-Oise, qu’il y a des autorités chargées de protéger le faible et qu’on y parle français. En un tel pays, vous seriez aussi en sûreté qu’à Paris. De plus, le but que vous vous proposez, c’est de vous promener sans rencontrer des badauds de votre connaissance. À Versailles, un jour que le musée n’est pas ouvert, vous êtes sûre de ne trouver personne. Je ne parle ni de l’air ni de la beauté des lieux, qui ont leur mérite et qui influent toujours sur la nature des idées. Je suis persuadé, par exemple, qu’à Versailles, vous n’auriez point eu cette colère rentrée de l’autre jour ; je vous en crois parfaitement guérie, car la fin de votre lettre m’a paru de votre bon génie. Le commencement sentait un peu votre diable. Je vous écris en hâte. Je suis accablé de commissions et je vais bien m’ennuyer. Pensez un peu à moi, et ne vous fâchez pas. Ne riez pas trop en y pensant.