Michel Lévy frères (p. 217-219).
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XLIV


Cannes, 9 février 1870.


Chère Présidente,


Je me réjouis fort que les choses se soient passées sans plus d’accident. J’espère qu’il en est de même pour les affaires encore plus graves de Paris.

Au temps affreux que nous avons, vous pouvez deviner en quel état je suis. Voilà dix jours que je n’ai mis le nez à la fenêtre. Je suis toujours aussi patraque et aussi dolent que possible.

Je m’intéresse fort à cette pauvre princesse de Monaco. Mais aussi pourquoi la fille d’un duc de Hamilton épouse-t-elle une espèce de croupier ? Il me semble que les princes devraient soigner davantage leur conduite dans un temps où ils ont déjà tant d’embarras. J’entends parler de toute sorte de fêtes qu’on prépare ici, jusqu’à un bal costumé. Dédaignez-vous d’y venir ?

Adieu, chère Présidente ; je finis ma lettre en hâte pour qu’elle puisse partir ce soir. Veuillez me rappeler au souvenir de M. le comte X, et agréez l’expression de tous mes respectueux hommages. Si vous voyez Mademoiselle A…, veuillez lui dire que je prends part à son état ; mais je crois que vous êtes brouillées ? Est-il vrai que votre préfet soit malade ? mais comment peut-on se bien porter dans un climat affreux comme celui-ci ?