Lettres à la princesse/Lettre233

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 321-322).

CCXXXIII

Ce 28 décembre 1867.
Princesse,

Permettez-moi de dicter.

Je suis toujours très-faible et je n’ai pas cette sensation du mieux que les médecins déclarent.

Je suis incapable de toute conversation et dans un état de torpeur presque habituel.

Mais il faut faire son devoir et tâcher d’être le moins inutile possible.

Je suis chargé pour vous, Princesse, d’un magnifique volume relié à vos armes, contenant les œuvres poétiques de ce malheureux[1] …, avec une lettre de sa mère pour l’empereur, le tout en vue d’une diminution de peine. Mon fidèle Troubat portera le tout un jour rue de Courcelles et passera par Mme de Fly. Je dicte un peu au hasard et vous sourirez.

De plus, la moindre aumône de votre part envoyée à un pauvre aveugle des Quinze-Vingts appelé La Halle sera un grand bienfait.

Je ne vous demande point pardon, Princesse, d’en user si librement : votre bonté dès longtemps m’a ôté les scrupules.

Oh ! quand pourrai-je causer ?

Je mets à vos pieds, Princesse, l’hommage de mon tendre et inviolable attachement.


  1. Un détenu de Melun.