Lettres à la princesse/Lettre178

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 245-246).

CLXXVIII

Ce dimanche.
Princesse,

Je ne sais rien que la nouvelle[1] : hier soir à dix heures m’est arrivée cette lettre de son fils que je joins ici. Il se sera éteint. Il y avait chez lui phthisie laryngée et fatigue universelle. — Il y a dans les générations des coupes fatales et réglées. De soixante à soixante-cinq ans, il se fait de ces coupes d’automne : Duveyrier, Boilay, Gavarni. — J’en sais encore deux ou trois autres morts récentes, d’amis ou de camarades du même âge. C’est la loi ; raison de plus pour goûter avec amitié les quelques années qui restent et qui, passé un certain chiffre, sont certainement de grâce et de faveur. — Une indisposition m’empêche ce matin d’aller jusqu’à Auteuil rendre les derniers devoirs à ce grand et charmant artiste ; mais il vivra dans nos cœurs et aussi dans l’histoire de l’art contemporain.

Je mets à vos pieds, Princesse, l’hommage de mon tendre et respectueux attachement.


  1. La mort de Gavarni (23 novembre 1866).