Lettres à la princesse/Lettre170

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 233-234).


CLXX

Ce 9 août.
Princesse,

J’ai hier oublié cette lettre de M. Vandal ; la voici. Que d’excuses on aurait à vous adresser pour tant de prières dont on ne craint pas de vous assaillir ! Votre bonté seule nous rassure. Il faut convenir que c’est une situation bien pénible pour une nation qui veut devenir grande[1] que cette sorte d’humiliation de recevoir toujours sans avoir gagné par soi-même ! L’aimable comte sent cela tout le premier. Il y aurait une manière pour une telle nation d’être parfaitement bien, ce serait d’accepter modestement et de remercier qui de droit avec mesure et un sentiment de dignité. Hélas ! mais il est si rare que les individus aient un bon esprit. Peut-on l’exiger de toute une nation après qu’elle a été surexcitée ?

Toutes ces affaires sont bien pénibles, et je crains qu’il n’y ait bien des écheveaux à démêler encore. Celui qui à en main tout cela doit y rêver, même en dormant.

Je mets à vos pieds, Princesse, l’hommage de mon respectueux et tendre attachement.


  1. L’Italie.