Lettres à la princesse/Lettre051

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 66-67).
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LI


Ce 17 juillet.
Princesse,

Vous êtes mille fois bonne ; ma rotule recommence tout doucement à faire son service, surtout quand je vais de plain-pied. — J’ai eu tous les détails sur cette fin du noble duc, que j’avais rencontré quelquefois : la fin est toujours triste ; il y a deux ou trois jours de la vie qui devraient s’engloutir ou disparaître comme dans un éclair. — Je ne sais trop rien de cette Mme Aglaë… que je vois tant regrettée, à moins que ce ne soit la femme de Charles… le voyageur. En ce cas c’était une femme exacte, à principes (elle avait un amant même par principes), un peu serrée de ton : mais elle avait en effet une grande fortune dont elle faisait un usage humain. Ce devait être un salon un peu républicain et philosophique. — Je suis heureux que ce couplet final sur Molière[1] ait eu l’heur de vous agréer, Princesse ; il m’a amusé à faire. Le mal, c’est qu’il faut qu’un couplet fini, j’en recommence aussitôt un autre ; et l’on n’est pas tous les jours en voix, comme dit La Bruyère. — Je cherche, ces jours-ci, mon ut sans le trouver. — J’apprends avec bien du plaisir des nouvelles de ce portrait par Hébert : je ne lui demande que de vous faire comme je vous ai vue l’un de ces derniers mercredis en arrivant, dans le rayon oblique de ce beau soleil encore loin du couchant et dans tout le brillant de la saison, avec un éclat perlé à la joue.

J’aspire à monter et à descendre un peu librement pour aller mériter mes indulgences et gagner mes pardons à Saint-Gratien.

Daignez agréer, Princesse, l’expression de mon respectueux attachement.

  1. Nouveaux Lundis, tome V, fin de l’article sur Molière : Aimer Molière ! etc. C’est ce que M. Sainte-Beuve appelle son couplet final.