Lettres à la princesse/Lettre030

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 40-41).

XXX


Ce lundi, 2 février
Princesse,

Vous êtes bien indulgente, comme vous l’êtes toujours avec moi. J’en suis touché. Je me conduis, me dis-je à moi-même, avec bien de la négligence, ou plutôt je semble en avoir et je n’en ai pas. Le fait est que je suis en retard depuis ma Boufflers[1], et obligé de forcer la marche et de doubler le pas sur de nouveaux sujets sur lesquels je n’étais pas prêt. Ce n’est donc que jeudi en effet que je pourrai me donner l’honneur et le plaisir de vous voir, et de dîner comme un abonné tout uniment de votre table. D’ici là je vais piocher pour me remettre au courant et me rendre digne d’être lu de vous comme par le passé.

Je viens de voir M. Camille Rousset, que j’avais prévenu de votre gracieuse et puissante intervention en sa faveur. Il a voulu attendre pour se donner l’honneur de remercier par lettre Votre Altesse impériale d’avoir vu M. Rouland. C’est aujourd’hui qu’il a dû avoir audience du ministre ; il ne m’a pas dit encore comment et dans quelles conditions la faveur accordée aura été réglée[2]. Moi aussi, je me permets de dire à jeudi — et agréez, Princesse, l’expression de mon respectueux dévouement et attachement.

  1. Allusion aux articles sur La Comtesse de Boufflers (Nouveaux Lundis, tom IV).
  2. Il s’agissait de faire obtenir au savant archiviste du dépôt de la guerre, qui était encore en ce temps-là professeur au lycée Bonaparte, un congé dont il avait absolument besoin pour terminer ses belles études sur Louvois.