Lettres à Sixtine/Bonjour, ma toute charmante
Mercredi matin, 7 septembre.
onjour, ma toute charmante. Je viens de
passer la nuit la plus agitée, déjà, en rêve,
dans les joies du retour. Au réveil, c’est une
tristesse. Lu un peu. Il y a quelque chose de moi
dans le Frédéric de l’Education sentimentale :
« Il tremblait de perdre par un mot tout ce qu’il
croyait avoir gagné, se disant qu’on peut ressaisir
une occasion et qu’on ne rattrape jamais une
sottise. Il voulait qu’elle se donnât et non la
prendre. L’assurance de son amour le délectait comme un avant-goût de la possession, et
puis le charme de sa personne lui troublait le
cœur plus que les sens. C’était une béatitude infinie,
un tel enivrement qu’il en oubliait jusqu’à
la possibilité d’un bonheur absolu. »
Il est venu, le bonheur, et je te le dois. Une autre ne m’eût rien donné de ce qui dore maintenant ma vie. Oh ! comme je t’aime ! quelle éternelle soif de tes baisers, de tes étreintes !
Adieu, mon orgueilleuse, envoie-moi beaucoup de ton écriture. Tu n’as qu’à te laisser aller à ta sincérité pour me dire des choses, pour trouver de ces mots qui me bouleversent de joie. Ton anneau me fait bien plaisir : je veux le porter toujours.