Lettres à Frederic Donnadieu.djvu/10

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Pavillon Peiresc, par Gontaud, 12 juin 1893.


Messieurs et chers Confrères[1].

Permettez-moi, s’il vous plaît, de répondre à la fois à vos deux très aimables lettres. Vous m’avez l’un et l’autre donné avec une excessive indulgence des éloges[2] dont je vous suis très reconnaissant. Acceptez donc ensemble mes plus vifs remerciements.

À vous deux je tiens à dire aussi qu’il ne faut pas désespérer de voir paraître mon recueil de Lettres inédites de Maussac. J’espère bien que l’année 1893 ne s’écoulera pas sans que j’aie le plaisir de vous offrir ce nouveau fascicule des Correspondants de Peiresc. J’achèverai, dans les derniers mois de 1893 et dans les premiers mois de 1894, la préparation du tome VI des Lettres de Peiresc (on imprime le tome V et le tome IV vient de voir le jour) et je profiterai du second semestre pour donner enfin les lettres de votre cher compatriote Maussac avec celles de divers autres érudits languedociens. Il me faudra encore quelques recherches pour mettre le tout au point, mais ce sera l’affaire de quelques semaines. C’est donc un engagement formel que je prends devant vous de vous donner un petit volume avant la fin de l’année prochaine.

Un de vous m’a fait l’honneur de me demander quelques-unes de mes publications pour la bibliothèque de la Société Archéologique. Je suis très flatté de cette demande, mais je vais vous faire un aveu dépouillé d’artifice j’ai la coquetterie de ne tirer qu’à très petit nombre et, de cette façon, mes brochures sont assez vite épuisées. J’avais en mes débuts littéraires, eu l’imprudence de trop compter sur le succès.


Jeune et dans l’âge heureux qui ne connaît la crainte,


Je demandai à mon imprimeur un tirage à 200. Mais quel soufflet reçut mon amour-propre ! J’eus la honte de trouver ma malheureuse brochure sur les quais de la Seine dans la boîte à deux sous, presque la boîte aux ordures ! Je fus guéri à jamais de l’envie de trop me multiplier. Depuis cette rencontre fatale, j’ai réduit considérablement tous mes tirages et de 200 je suis tombé à 100, parfois même à 50 ou moins encore. Mieux vaut être épuisé qu’être vendu à vil prix ! C’est pour cela qu’à mon très grand regret je puis seulement vous envoyer aujourd’hui trois opuscules, un qui vient de paraître à l’instant même, Les Lettres de Ramond, les deux autres qui sont de l’année dernière. Avec ces trois petites publications daignez faire agréer à la Société Archéologique les excuses, du pauvre et agréez vous-mêmes,

Messieurs et chers confrères,

la nouvelle assurance de mes sentiments les plus dévoués.

Ph. Tamizey de Larroque.


  1. Au bas de la page est écrit : À Messieurs Donnadieu et Soucaille, Président et Secrétaire perpétuel de la Société Archéologique de Béziers.
  2. Au sujet de son étude sur Croisilles, le Biterrois oublié.