Lettre de Racan à Artenice (« Ne craignez point de voir cette lettre… »)


Lettre V. À Artenice


À ARTENICE1.
Il luy demande pardon de la hardiesse qu’il prend de luy tesmoigner
son affection
.
Lettre V.

Ne craignez point de voir cette lettre, vous n’y lirez autre chose que ce que vous lisez tous les jours dans mon visage. Vos yeux sont trop beaux et trop clairs pour n’y point cognoistre ce que j’ay dans le cœur ; et le mal que j’endure pour vous est trop violent pour se contenir davantage dans les bornes du respect que je vous dois. Souffrez doncques, madame, que je m’en plaigne à vous-mesme, puisque c’est de vous-mesme de qui j’en puis espérer le remède ; et si la hardiesse que je prends est trop grande, ne cherchez point d’autres armes que celles de l’amour pour en faire la vengeance.


1. Madame de Thermes.