Lettre à Georges Bans


La Critique du 05 février 1898 (p. 3-4).

À Georges Bans


Je trouve l’attitude de M. Zola admirable. Et je l’admire sans réserves.

Remonter le courant des passions déchaînées ; réclamer, seul, contre toute une foule hurlante, la vérité et la justice, voilà, je pense, l’acte de courage le plus rare, et le plus beau qu’il soit donné à un homme d’accomplir.

J’ai lu, aujourd’hui, dans un journal que, à l’instigation de M. Alfred Duquet, la Société des gens de lettres, se préparait à expulser Zola « de son sein ». Zola était à peu près le seul écrivain par qui cette bande de mauvais cordonniers se rattachait à la littérature. Ce serait vraiment trop merveilleux, et je n’ose croire à cette bonne nouvelle.

Octave Mirbeau.