Les vitraux du Moyen âge et de la Renaissance dans la région lyonnaise/1.06

FENÊTRE CENTRALE DU HAUT DE L’ABSIDE

Le Christ et la Vierge
fin du xiiie siècle
Fig. 65. — Le Christ et la Vierge


Dans l’abside, il nous reste à décrire le vitrail central de la partie supérieure, qui représente le Christ et la Vierge, tous deux couronnés et assis sur un trône (fig. 65). Au—dessous du Christ, les armes de l’ancien Comté de Lyon : de gueules on lion d’argent couronné d’or ; et, au-dessous de la Vierge, celles du Chapitre de Saint-Jean : de gueules au griffon d’or. Inscrites dans deux quatre-lobes, elles forment un soubassement à l'ensemble encadré par une bordure de fleurs de lis. La couleur de ce vitrail est éblouissante : les rouges de la robe de la Vierge, les pourpres du manteau du Christ s'enlèvent avec un éclat incomparable sur les bleus du fond, veloutés et puissants. Ici encore, nous retrouvons la tradition énergique des savants praticiens du treizième siècle, qui consistait à accentuer et à durcir le caractère des figures en mettant en plomb les yeux et la bouche ; mais le dessin des draperies est plus recherché. Les vêtements, au lieu de tomber en plis raides et droits, affectent des chutes plus souples et plus ondoyantes, rappelant de très près les ivoires de la fin du treizième et surtout du commencement du quatorzième siècle[1]. Ce caractère, ainsi que le dessin des crochets des couronnements en feuilles de chêne qui figurent aussi dans le fond des quatre-lobes, nous autorise à donner à cette verrière une date sensiblement postérieure à celle des fenêtres voisines. Ajoutons que les griffes du lion des armoiries du soubassement sont colorées en jaune à l’aide du chlorure d’argent dont l’emploi ne remonte qu’au commencement du quatorzième siècle. Ce détail suffit pour justifier notre assertion.

  1. À titre de comparaison, il est intéressant de rapprocher ce vitrail d’une plaque d’ivoire du quatorzième siècle faisant partie de la collection léguée au Trésor de la cathédrale par S. E. le cardinal de Bonald (fig. l3).