Les veillées d’un fouteur/11
LA BONNE AUBAINE.
et fait la guerre.
Un gentil foutassin
Qui fit pauvre campagne,
S’en revenait d’Espagne
Pensant, à sa catin,
Gages d’une valeur,
Et calme et peu farouche ;
Sa blague et sa cartouche
Se croisaient sur son cœur.
Il rencontre en chemin
Gaillarde vivandière,
Qui voyage bien fière,
Un bidon à la main ;
Elle filait à pied,
Par un’chaleur indigne,
Au cinquième de ligne
Rejoindre son troupier !
Ne me r’connais-tu pas,
Lui dit le militaire.
— Toi, dit la vivandière,
Tu veux m’pincer un r’pas.
— Tais-toi, lui dit l’Français,
Ou j’vas, si tu radotes,
T’allonger des calottes.
— Ah ? je te reconnais.
Un repas où le vin
Soula nos deux canailles,
Devint des fiançailles
Le splendide festin ;
Puis notre champion
Emmène la donzelle
Dans le prochain bordelle,
Consommer l’union.