Les treize sonnets du doigt dedans/Texte entier

Les treize sonnets du doigt dedans
Les treize sonnets du doigt dedansKistemaeckers (p. 3-28).

Sonnet Dédicatoire





Jeunes poulettes, vous que des mamans sans cœur
Mènent coucher en temps des poules,
Et qui frictionnez d’un médian vainqueur
Vos boutons, mignonnes ampoules.

Jeunes poulettes dont l’intellect aux aguets
Lit les faits-divers exécrables,
Vous dont la chair de luxe a su prendre aux muguets
La pâleur chaste de vos rables.


Jeunes poulettes, qui riez du bout des dents
Aux orthodoxes speechs de vos oncles notaires,
Et passez des nuits solitaires,

Je dédie en ce jour mes Sonnets peu pédants.
Mais pour en recueillir des rêves salutaires,
Enfants, lisez le doigt dedans…

Fleurs Blanches





Ce que cherche ma langue en ton con virginal
Où mes fantasques faims picorent leurs dinettes,
Ce n’est point la saveur exquise des minettes
Ni l’arôme troublant du lubin vaginal,

Ce n’est point l’onction de tes lèvres si fermes
Qui s’ouvrent sous ma dent, juteuses comme un fruit.
Ni l’ardente moiteur des pulpes au doux bruit,
Ni la gloire des poils ébouriffant les dermes.


Non ! hier j’ai cru voir (et mon rêve fut tel
D’en garder à jamais l’étrenne à mes moustaches !)
Tes linges étoilés d’imperceptibles taches…

Or, comme l’époux neuf que l’on mène à l’autel
Le front enguirlandé d’orangeades en branches,
Je veux couronner, moi, mon gland d’or de fleurs blanches !

Fleurs Rouges





Quinze ans, timide et blond, hébergeant la chlorose
Fillette, il aurait eu des flueurs blanches, pour sûr !
Son anus incrustait l’œillet de pâle azur
Au fourreau d’un fessier d’ambre fouetté de rose.

Suppositoire chic, je l’enclouai debout,
Par derrière, à la chien. — Son sésame de vierge
Élargit un sphyncter qui brida sur ma verge
Et me prit comme au fond d’un étau, jusqu’au bout !


Lors je lui seringuai ma lave dans le rable,
L’enfant mouilla mes doigts de sa perle adorable
Et fit un long soupir ; je déculai… sanglant

Comme d’un pucelage… Oh ! pas fier de mon gland,
Hélas ! et regrettant mes spermatozoïdes :
Le jeune bougre était noyé d’hémorroïdes.

Duettino





Les nuages faisaient le gros dos dans le ciel.
Par l’air pesant flottaient des effluves d’orage.
Je restai sur ma chaise, affalé, sans courage,
Trouble, rêvant à quelque Eden artificiel.

De ma fenêtre alors j’aperçus ma voisine,
Ce fruit vert interdit à ma lubricité,
Comme moi sous le coup de l’électricité,
Sans doute, — car sa main s’égarait, enfantine,


Au jupon retroussé sur un ventre ivoirin :
Son clitoris braquait sous l’impalpable crin
Le médian branleur humecté de salives…

Au bordel le plus proche, éperdu, je m’encours
Et revins dès que j’eus dégorgé mes olives…
— La vierge aux doigts vaillants se tisonnait toujours !

Chauvinisme





Cette nuit-là, Mignonne avait l’amour morose…
Ses nénais énervés, languissants, presque mous
Se livraient sous ma main à d’étranges remous,
Pour ma lèvre effaçant leur double pointe rose.

C’était la fin du mois et dans son ventre oblong
Un sang lourd distendait le fin réseau des veines.
Car les règles venaient fleurir, en leurs neuvaines,
De clairs coquelicots le blé de son poil blond.


Devançant l’ennemi, je fondis sur la gouge,
Et tandis qu’au vagin turgescent j’étranglais
Criant : « Tirez premiers, messieurs les Anglais ! »

L’enfant plongea le doigt dans sa vulve, puis, — rouge, —
Traça sur ma poitrine ivre d’un tel bonheur,
L’Ordre cher aux héros : la Légion d’Honneur !

Le Balcon





La Très Chère était appuyée
Au balcon à trèfles pesants,
Regardant passer les passants,
Distraite, et la mine ennuyée.

À pas de loup je m’avançai.
Sous les neigeuses cascatelles
Des entre-deux et des dentelles,
Une main tendre je glissai…


Mes doigts plongèrent dans du rose :
S’envola son humeur morose.
Elle bavarda folle, puis

La Très Chère alors devint coite.
Et je retirai ma main moite…
— Point ne me suis lavé depuis !

Sonnet Biblique





Très rousse, aux longs yeux verts damnablement fendus !…
— Je la suivis chez elle, et bientôt, sans chemise,
Sur son lit de bataille elle se trouva mise,
Offrant à mes ardeurs tous les fruits défendus.

Le chignon inondait de sa fauve avalanche
Le torse aux grands prurits de cette Putiphar ;
Le nombril incrustait sa fleur de nénuphar
Aux lobes de son ventre : un gâteau de chair blanche.


Ses tétins étaient d’ambre effilés de carmin
Et tenaient tout entiers dans le creux de ma main.
Elle entr’ouvrit le centre unique où tout converge…

Son poil roux brasillait de flambes me dardant…
— Moïse, c’est à vous, dans ce buisson ardent,
Que je songeais, frappant le doux roc de ma verge !

Absinthes





Sa lance a fourragé le con mol et suspect.
L’altière fanfaronne en est déshonorée
Et bien humble aujourd’hui vous nomme avec respect,
Douce Blennorhagie, aimable Gonhorrée !

Son vit emmailloté comme un crâne de vieux
Sait la torture aiguë, au hasard des latrines,
Alors qu’il faut vider l’urètre pluvieux…
Le benin Copahu parfume ses urines.


Il connaît la douleur plus cuisante qu’un cor
Des seringues dardant la canule assassine
Et crachant au méat le tannin qui calcine !

Jour et nuit son gland lourd pleure des larmes saintes
Et vertes : on dirait qu’il veut refaire encor
Goutte à goutte, et sans fin, les anciennes absinthes.

Goussets





J’aime fourrer mon nez au creux de ton aisselle,
Et parmi les poils blonds, de ma barbe cousins,
Savourer longuement les trésors qu’il recèle,
La pommette appuyée au velours de tes seins.

Une senteur musquée y flatte ma narine,
Douce comme, l’été, l’haleine d’un beau soir,
Dépassant en langueurs le relent de marine
Qui sous ton ventre fume ainsi qu’un encensoir.


Ni le pao rosa subtil ni l’églantine
N’ont cette griserie absurde et libertine.
Aisselle, je te voue un culte très ardent,

Ô calice de chair plein de vins exotiques
Qu’on boit avec le nez et déguste pendant
Que s’emplissent d’amour les canaux spermatiques !

Sherry-Cobbler





Elle avait une bouche énorme et compliquée.
Ses lèvres bien en chair, aux rouges capitons,
Avec une verdeur aisément expliquée,
Faisaient bondir les nœuds et sauter les boutons !

— Viens ça ! criai-je en rut, ce suçoir que tu vantes
Je le veux pour mon dard et mon foutre pressant
Arrosera de feu ta bouche, fleur de sang…
Laissons l’amour, ce tir monotone, aux servantes !


Que ta main folâtrant à l’entour des couillons
Y fasse s’élancer le sperme à gros bouillons.
Embouche à fond mon gland pour que rien ne se perde.

Tourne sept fois ta langue et, selon le codex,
Plonge dans mon anus un pétulant index…
Va bien, — rentre la dent. — je jouis, — halte ! — ah ! merde !

Oubli Romantique





Lorsque mon front se baigne en tes souples cheveux
Comme aux flots d’une mer étincelante et noire,
Quand sur tes seins polis et durs mes doigts nerveux
Palpitent comme sur un beau clavier d’ivoire,

Quand de ton œil farouche et tendre, — œil de combat ! —
Me fascine l’éclair que la luxure avive,
Lorsque ta bouche en feu sur ma bouche s’abat,
Quand ma langue se tord sous ton âcre salive,


Quand tes bras tout-puissants s’ouvrent pour me presser
Sur ta gorge qui monte, éblouissante houle,
Où ma raison se noie, où ma tête se roule,

Quand ton genou me brise en l’énervant baiser,
Où me fait haleter ta caresse suprême,
Tout est oubli pour moi : Dieu, le Diable — et Toi-même.

Marine





Comme le fier pistil de l’Arum bulbosum
Hors sa spathe s’élance en criant : ego sum !
Ton clitoris ponceau dardait du sein des lèvres
L’aiguillon où mes ruts vont réveiller leurs fièvres.

De leurs blancheurs tes reins jonchaient le lit béant
Tes cuisses entr’ouvraient un hiatus géant
Comme un piège tendu sous les poils, touffes roides
Estompant de leur nuit l’or de tes fesses froides.


À d’autres les soupirs, le soir, sous les ormeaux !
Je bondis sur ta vulve et de ma bouche ardente
Je fouillai cette sœur des spirales du Dante…

Tandis que de ton con à ton cul, fruits jumeaux,
Ma langue exécutait de savantes navettes,
Je rêvais à des bancs monstrueux de crevettes !

P. P. C.





Connin, bijou sans prix finement ciselé,
Un soir, par quelque fée experte et japonaise,
Fleur de vie ou de mort pour l’homme ensorcelé
À ses fraîcheurs d’aurore, à ses feux de fournaise.

Fruit de chair, pulpe exquise et dont l’accent amer
(Ce rappel de l’arome étonnant où la brise
Pimente son haleine en passant sur la mer)
Vaut tous les poivres-longs sous le duvet qui frise.


Calice aux vins puissants et magiques dont nous
Ne devons approcher qu’en extase, à genoux,
Sans en faire rougir les roseurs d’aubépine.

Car la langue, elle seule, y doit servir d’amant,
Avec le doigt, sans ongle — et mouillé prudemment
Le cul n’est-il pas là pour y fourrer sa pine ?