Les sympathies de Jésus et son isolement au milieu des hommes


LES

SYMPATHIES DE JÉSUS

ET

SON ISOLEMENT AU MILIEU DES HOMMES.

Méditation sur Matthieu III et IV
jusqu’au verset 11me,

SUIVIE D’UN EXTRAIT D’EXHORTATION.

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GENÈVE,
GEORGES KAUFMANN, LIBRAIRE.

1849
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Chers amis, la Parole de Dieu nous offre ceci de très-précieux, c’est que, non-seulement nous y trouvons certaines vérités et certaines doctrines, mais encore toutes les relations entre Dieu et l’homme pleinement développées, sur la terre, et chaque jour nous pouvons voir, comme à l’œil, toutes ces choses dans la personne de Jésus. C’est une grande bonté de Dieu, de l’avoir fait venir si près de nous, pour nous faire connaître ces relations, dans les circonstances où nous nous trouvons nous-mêmes. Au fond, la vie de Jésus était comme la nôtre ; il a été tenté en toutes choses, semblable à nous. C’était bien Dieu manifesté en chair, mais c’était aussi la vie et l’expression d’une vie parfaitement agréable à Dieu.

Pour faire des progrès dans la vie spirituelle, il faut étudier le Seigneur Jésus, soit dans la grâce de sa personne, soit dans les circonstances de sa vie, soit enfin dans l’état glorieux qu’il a auprès du Père, et que nous partagerons plus tard avec lui.

On voit en Christ, dès le commencement, l’accomplissement de la vie de la foi, qui a été mise à l’épreuve en lui, et dont il a manifesté toute la perfection.

Jésus est pour nous un ami tendre et puissant ; et, en voyageant dans le désert, nous savons qu’au bout du chemin se trouve la gloire dans laquelle il est maintenant. C’est ce qui est dit dans l’Épître aux Hébreux, chap. XII, 1, 2, 3. Puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetant tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si aisément, poursuivons constamment la course qui nous est proposée, portant les yeux sur Jésus, le Chef et le Consommateur de la foi. — Comme capitaine, il est allé devant nous ; comme berger, il met dehors ses brebis, et il va aussi devant elles. Il a méprisé la honte et s’est assis à la droite du trône de Dieu ; c’est pourquoi considérez soigneusement celui qui a souffert une telle contradiction des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne succombiez point en perdant courage.

La vie divine se voit dans cet homme qui a marché au milieu de toutes les difficultés et de toutes les tentations, qui les a surmontées, et qui, seul entre tous, n’a pas été touché par le malin.

Le voilà arrivé dans la gloire, à la droite de Dieu ; et nous partagerons avec lui cette gloire quand il paraîtra, puisque nous lui serons faits semblables.

Chers amis, nous allons voir un peu comment l’esprit de Dieu nous présente Jésus, au commencement de sa vie, quand il entre dans cette course pénible de la foi.

Une chose importante à remarquer, c’est que la lumière manifeste tout ce qui est dans l’homme.

Il est vrai que Dieu a vu ce qui était dans le cœur d’Abel et de Caïn, avant que rien n’en fût manifesté ; comme il voyait un résidu au milieu des Juifs, dans lequel la grâce agissait ; mais les choses n’étaient jamais mises au clair sous la loi. Dieu était comme caché derrière un voile, et il permettait bien des choses à cause de la dureté des cœurs, comme Jésus le dit aux disciples ; car la pleine lumière n’était pas encore manifestée. Mais en Christ la lumière a lui dans le monde.

Dans le chrétien, qui possède la vie de Christ, ce qui est vrai en Christ, est vrai en lui, comme cela est dit en Jean (1 Jean, II, 8). Cependant le commandement que je vous écris est un commandement nouveau, c’est une chose véritable en lui et en vous parce que les ténèbres sont passées, et que la vraie lumière luit maintenant.

Il est toujours bon de se souvenir que, dans l’ancienne dispensation, Dieu se cachait, mais qu’il envoyait certains messagers qui devaient révéler ce qui leur avait été confié, mais sans faire connaître Dieu. La loi ne le manifestait pas pleinement. Elle dit bien tu aimeras, mais non pas je t’aime ; elle ne révèle pas un Dieu d’amour. Elle ne nous montre pas ce que Dieu est, sauf qu’il est juste et vengeur. Elle ne nous dit rien du tout de ce que Dieu est pour l’homme, ni de ce qu’il est en lui-même. La loi faisait bien connaître aux hommes ce qu’ils devaient être envers Dieu, mais elle se taisait sur ce que Dieu est pour eux. — Un homme est toujours sous la loi, tant qu’il s’occupe de ce que Dieu exige de lui, au lieu de comprendre ce que Dieu est pour lui, ce qui produirait des effets bien plus excellents. Dieu étant ainsi caché, exigeait l’obéissance pour accorder la vie. Il ne s’agissait pas de pouvoir se placer en la présence de Dieu. Le souverain sacrificateur seul, se présentait une fois l’an dans le lieu très-saint, car le chemin n’en était pas encore manifesté, et bien des choses étaient supportées de Dieu, sans être approuvées. Il y avait des cérémonies et des ordonnances qui devaient servir à rappeler à l’homme sa dépendance, et à le mettre en relation avec Dieu, selon certaines choses qui agissaient sur la chair, et qui étaient adaptées à la chair, parce que l’homme y était, et que Dieu se tenait en relation avec lui. La sainteté d’un Dieu caché n’était pas vue, mais il y avait des cérémonies qui maintenaient les relations entre ce Dieu caché et l’homme. Mais, quand Dieu se présente lui-même, il ne peut plus en être ainsi, car Dieu est sainteté et amour. Il est parfait en sainteté, et il faut nécessairement que l’homme se mette en relation avec ce que Dieu est. Dieu peut pardonner aux pécheurs, les laver, mais il ne peut rien supporter de ce qui ne correspond pas avec sa sainteté. S’il y a grâce, il y a aussi sainteté, mais Dieu ne peut pas, à cause de sa sainteté, supporter l’homme pécheur, tel qu’il est ; il a les yeux trop purs pour voir le mal. Méditons sur l’exemple de Jésus, lumière sur la terre, entièrement séparé des pécheurs, ce qui faisait la parfaite beauté de sa vie.

D’un côté nous voyons qu’il est seul, parfaitement seul ; c’est l’homme le plus isolé qu’on puisse imaginer. Les disciples eux-mêmes ne savent pas sympathiser avec lui ; la femme Samaritaine à laquelle il adresse des paroles si touchantes, sur l’eau qui jaillit jusque dans la vie éternelle, ne peut comprendre autre chose sinon que le puits est profond. D’où as-tu cette eau dit-elle ? Si Jésus dit que les champs sont blancs pour la moisson, s’il parle d’une nourriture que ses disciples ne connaissent pas, c’est toujours de même ; il ne rencontre aucune sympathie réelle au milieu des hommes. On sent que cela était pénible pour lui, parce qu’il avait un cœur d’homme, et qu’il aurait désiré trouver quelqu’un qui le comprît ; mais il ne trouvait rien nulle part. Pour lui, au contraire, on voit qu’il a une parfaite sympathie pour tous.

Jésus était l’homme le plus accessible, le plus à la portée des simples, des ignorants et même des plus dégradés des pécheurs. Il manifestait dans sa vie quelque chose qui n’avait rien de pareil ; non, jamais il n’y a eu toute cette sainteté et cet amour qui est au-dessus de toutes nos pensées.

Il y a tant d’égoïsme dans le cœur de l’homme, que l’amour de Dieu est pour lui une énigme plus incompréhensible que sa sainteté. Personne ne comprenait Jésus, parce qu’il manifestait Dieu. Je ne parle pas encore de son œuvre, mais de ce qu’il était quand il a été manifesté au milieu du monde. Il a dû démontrer que toutes les cérémonies ne peuvent faire connaître Dieu, car cela ne se peut pas. Jésus seul a manifesté Dieu tel qu’il est, et l’homme aussi tel qu’il est.

Une religion, en tant que religion, ne change pas l’homme. L’homme se revêt de religion comme d’une robe, mais sa religion l’éloigne de Dieu.

La première chose que Dieu fait, c’est de nous mettre à nu en sa présence ; il enlève tout. Il s’occupe de nous, et non pas de notre religion. Alors toute fraude est ôtée, et nous sommes placés tels quels devant lui. Eh bien ! voilà ce qui est arrivé quand Jésus était ici-bas, et c’est pourquoi il a été mal vu, et s’est trouvé aux prises avec tout le monde.

Il est impossible que nous aimions à nous trouver en la présence de Dieu, tels que nous sommes. Un homme habitué à la saleté, ne sait pas qu’il est sale, parce que toute sa manière de vivre est faite à cela ; mais s’il se trouve dans certaines circonstances qui l’éclairent sur lui-même, il sera dégoûté de ce que toute sa vie a été telle. Voilà le cœur de l’homme ; mais quand la lumière de Dieu reluit dans sa conscience et dans son âme, il se voit tel qu’il est réellement aux yeux de Dieu, quoiqu’il y ait sans doute quelque défaut dans la vision. C’est bien humiliant ; on n’aime pas cela, car c’est trop pénible. Encore une fois, devant Dieu, il ne s’agit pas de notre religion, mais de nous-mêmes.

Voilà l’effet nécessaire de la présence de Dieu dans le monde. La lumière nous montre en Dieu toute condescendance, toute bonté, toute grâce ; et dans l’homme, un égoïsme qui se trahit devant Dieu. On voit que l’homme ne saurait se sauver par lui-même. L’un dit : Permets-moi d’ensevelir mon père ? N’est-ce pas dire : Il y a quelque autre chose qui a la première place, quand Christ m’appelle ! Je ne veux pas servir Dieu entièrement :

J’ai acheté cinq couples de bœufs, dit l’autre. Un troisième, j’ai épousé une femme. Qu’est-ce que cela signifie ? Que le cœur est à tout autre chose ; qu’il préfère ses bœufs au festin que Dieu a préparé. Ainsi, tout est manifesté, et le cœur est mis à nu.

Chers amis, tout disparaît en face du témoignage de Dieu. La justice de l’homme et son orgueil font qu’il se cache à lui-même son état, pour se prévaloir d’une religion qui descend de ses ancêtres. Mais Jean dit (Matth. III, 7 à 9), en voyant les Pharisiens et les Sadducéens qui venaient à son baptême : Race de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère à venir ? Faites donc des fruits convenables à la repentance. Et ne présumez point de dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants à Abraham. C’est Dieu qui agit comme il l’entend, et dans sa puissance, pour se créer des enfants. Toutes vos prétentions, comme Juifs, descendants d’Abraham, Dieu n’en tient aucun compte. Il agit dans la puissance suprême par laquelle il peut, des pierres mêmes, faire naître des enfants à Abraham, et c’est pourquoi il ne tient aucun compte de votre justice : il lui faut premièrement des pécheurs.

Il y a encore une autre chose à observer ici. Jean dit (Matth. III, 11, 12) : Il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. Il a son van en sa main ; il nettoiera entièrement son aire, et il assemblera son froment au grenier ; mais il brûlera la paille au feu qui ne s’éteint point.

Jésus va établir son royaume, et cela arrivera bientôt. C’est un royaume dans lequel ce qui n’est pas selon son cœur sera brûlé au feu. Voilà quel était le témoignage de Jean. La loi et les prophètes ont été jusqu’à Jean. Depuis lors, le royaume de Dieu était prêché. Dieu avait donné la loi à ce peuple qu’il avait rassemblé et rangé autour de lui ; il avait envoyé des prophètes qui, comme témoins du moment, appelaient les Juifs à marcher selon la loi. Jean-Baptiste vient leur dire une tout autre chose : Le royaume des cieux est proche. Dieu va établir un nouvel ordre de choses ; êtes-vous en état d’y entrer ? Avez-vous l’énergie pour y pénétrer. Le jugement y est aussi. Il a son van en sa main. Avez-vous des fruits ? Si vous n’en avez pas, la cognée est déjà mise à la racine des arbres. Ne présumez pas de dire en vous-mêmes : nous avons Abraham pour père. C’est ainsi que Jean enseignait ; telle est la place qu’il prend. Quant à Jérusalem, elle va être mise de côté, et Jean prêche le témoignage de la repentance et du royaume qui va être établi ; il se présente pour attirer toutes les pensées vers Jésus. Après qu’il a annoncé le témoignage de la repentance, le Seigneur Jésus se présente lui-même à nos cœurs et à nos âmes. Reposons un peu nos pensées sur lui, qui se montre à nous personnellement.

Le but de Dieu n’est pas seulement de faire sentir le péché, quoique cela doive avoir lieu, mais de faire connaître Jésus, et de placer l’âme dans la jouissance de Dieu même ; de lui faire grâce pour qu’elle s’oublie elle-même, et qu’elle soit remplie de la pensée de Jésus. — Voici comment Dieu s’y prend. Il présente le Seigneur comme une racine sortant d’un terrain sec : il n’y a pas en lui de beauté pour l’homme, comme il y en avait au temple ; non, rien de ce qui attire la chair et qui pourrait la tenter, rien de tout cela. C’est, au contraire, une racine que personne ne doit désirer. Aux yeux de la chair il n’y a absolument rien qui le rende aimable. Qui est-ce donc ? — C’est un pauvre homme qui va prêcher ; il n’a pas un lieu où poser sa tête ; c’est un homme condamné de toutes les autorités cléricales, de tous les sages et de tous les Pharisiens. Les Sadducéens le condamnent, les Sacrificateurs le condamnent. Voilà comment Jésus est reçu. Il n’y a aucune beauté en lui qui fasse que nous le désirions. Il faut qu’il se présente ainsi, pour voir si le cœur saura discerner Dieu, et parce qu’il ne veut pas alimenter le sentiment charnel. Il faut qu’il mette le cœur à l’épreuve pour montrer si Dieu suffit au cœur, et si la beauté morale de ce qui est en Dieu, son amour, sa sainteté, sa parole qui pénètre dans le cœur, si, en un mot, tout ce qui est infiniment précieux dans la nature divine peut être discerné par l’homme.

Quand il vient comme lumière, jamais il ne s’adapte aux choses qu’il va détruire dans le cœur ; l’homme le ferait, et il appellerait cela de la religion, mais ce serait seulement cacher Dieu, ou le renier. Ainsi, le Seigneur Jésus se présente sans rien qui puisse attirer l’homme, et c’est ce que nous trouvons ici. Sans doute, tous les témoignages de paix et de bonté nécessaires pour notre pauvre cœur, sont là ; mais rien qui réponde à ses désirs. Le témoignage rendu par Jésus était parfait, et plaçait devant le cœur la grâce dont il avait besoin pour être capable de goûter la grâce même de Dieu.

Jésus s’est montré à notre foi dans toute la grâce de sa personne divine, mais il a pris place parmi les hommes comme rien du tout, à moins que ce ne fût comme objet de la foi.

L’ange apparaît en songe à Joseph, et lui dit (Matth. 1, 20, 21) : Ne crains pas de recevoir Marie, ta femme, car ce qui a été conçu en elle est du Saint-Esprit. Elle enfantera un Fils, et tu appelleras son nom Jésus, car il sauvera son peuple de leurs péchés.

C’est comme Osée, que Dieu fit appeler Josué, ce qui signifie Sauveur, car Dieu l’avait chargé de faire entrer Israël dans le pays de Canaan. C’est Dieu lui-même, c’est Jéhovah qui vient comme Sauveur. C’est la première chose qui nous est présentée. Voici, la Vierge sera enceinte, elle enfantera un Fils et on l’appellera Emmanuel, Dieu avec nous. Quelle grande et précieuse vérité : dieu avec nous ! Alors, Dieu recommence, pour ainsi dire, avec l’homme.

Dès que Jésus parait, Satan cherche à le détruire. — Il est étonnant de voir combien l’homme est oublieux. Les Mages qui étaient venus de l’Orient avaient reconnu Jésus pour roi des Juifs, né à Bethléem ; ils avaient rendu un témoignage à Emmanuel, au fils de David. Les bergers, après l’avoir adoré, avaient divulgué ce que les anges leur avaient dit, et malgré cela, Jésus, quoique approuvé de Dieu, était méconnu et rejeté des hommes.

Dieu recommence toute l’histoire d’Israël dans la personne de Jésus. Il faut qu’il appelle son Fils d’Égypte, où il l’avait envoyé, parce qu’on voulait le faire mourir dès son entrée dans ce monde. Israël était vraiment perdu, et il faut que Dieu recommence toute son histoire dans la personne de Jésus, — Hérode cherche le petit enfant pour le faire mettre à mort. Ainsi nous trouvons que l’opposition se manifeste contre Jésus, dès son berceau.

Satan a assez de motifs charnels pour engager les âmes à se défaire de Dieu. Sa grande œuvre, c’est de nous fournir des motifs assez puissants pour que nous puissions nous passer de Dieu et le renvoyer de nos cœurs. Ici, c’est la manière dont il commence. Il suscite Hérode contre Jésus. Alors Joseph prend l’enfant et va en Égypte. Il revient ensuite au pays d’Israël, et il habite à Nazareth, car il était écrit : Il sera appelé Nazaréen. — Voilà où Jésus commence, de fait, au milieu du monde. Et qui est-ce qui habite là, à Nazareth ? C’est l’Éternel, le Sauveur, c’est Emmanuel ! Et qu’est-ce que cette ville ? C’est un endroit si mauvais, qu’il suffit de s’y trouver pour faire dire : Ah ! je n’en veux rien. Nathanaël dit à Philippe : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ?

C’est Dieu que je vois premièrement dans la personne de Jésus ; mais Dieu dans les circonstances que repousse la chair, parce qu’elle est méchante. Pour connaître Dieu, il faut que la chair soit entièrement mortifiée, et que la grâce, dans notre cœur, nous fasse apprécier l’amour de Dieu, malgré la chair. C’est là l’histoire de la vie chrétienne.

Extérieurement, Jésus n’était qu’un malheureux Nazaréen, mais la perfection était dans ses voies et dans son cœur, et elle se manifestait au milieu de toutes les difficultés, de tout le mépris et de tout ce qui était faux. La foi seule pouvait discerner les voies de Jésus à travers tous les besoins et toutes les misères. Les cœurs brisés voyaient cette perfection de bonté se manifester au milieu de tous les soucis. Il est nécessaire que nos cœurs voient aussi dans cet homme méprisé, Dieu lui-même, qui se révèle à nos âmes, et qui prend sa place au milieu de nous.

Alors Jésus vient à Jean pour être baptisé. Jean l’en empêche fort, parce qu’il reconnaissait la dignité de sa personne. — J’ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens vers moi ! Jésus lui dit alors : Laisse faire pour le présent, car il nous est convenable d’accomplir toute justice. — Qui est-ce que je trouve ici ? C’est le Seigneur Jésus et sa personne reconnue ; mais malgré cela il veut prendre place avec les plus petits des saints. — Il nous est convenable d’accomplir toute justice. Qui sont-ils, ces nous ? — C’est Jean et lui. Où se place-t-il ? Il se place là, en rapport avec le premier mouvement de son Esprit dans le cœur. Je me place avec ceux qui se repentent, disait Jésus. Il y en a qui se font baptiser, moi aussi, je me fais baptiser. Aussitôt qu’il y a un mouvement de repentance dans le cœur du pécheur, une réponse au témoignage rendu par la parole, Jésus prend place, là, avec ce cœur. Ce n’est pas seulement qu’il manifeste comme objet, ce qui, par la foi, devient le crucifîment de la chair, mais il va avec le cœur aussi, et le pauvre cœur voit tout cela, et quelle consolation pour nous ! Celui en qui la plénitude du Père a été manifestée est là, et c’est le Fils lui-même. Si une âme est brisée, eh bien ! Jésus est avec elle. Si elle est effrayée de ce que la cognée est déjà mise à la racine des arbres, il est là, pour l’encourager et pour lui montrer sa grâce. Il prend place avec son peuple, et nous voyons ainsi la bonté parfaite de Dieu. C’est lui-même qui a produit ce mouvement de repentance dans ce cœur, et il prend place avec cette âme ; Jésus y est. S’il nous est Dieu souverain, celui qui manifeste toute cette lumière, il est aussi là, comme homme, correspondant à nos moindres sentiments. Il est avec nous, croyants, dans toutes nos misères et dans toutes nos circonstances.

La conséquence du baptême de Jésus, c’est que les cieux lui sont ouverts. Ce n’est pas seulement le Dieu incarné, mais le ciel est ouvert sur lui ; il a l’approbation complète de Dieu, et par là, on voit toute l’étendue de cette grâce présentée aux pécheurs. Jamais le ciel n’avait été ouvert auparavant. Dieu avait envoyé des messagers, mais jamais il n’y avait eu sur la terre un homme sur lequel le ciel s’ouvrit.

Quand Jésus a accompli l’œuvre d’expiation, il nous place dans la même position que lui. Je monte vers mon Père et vers votre Père ; vers mon Dieu et vers votre Dieu. Le ciel est ouvert. Il n’y a plus de voile sur notre cœur.

Comme homme, Jésus était parfaitement juste, et quoiqu’il se plaçât dans la position de ces pauvres pécheurs qui s’approchaient de Dieu, il n’en était pas moins agréable à Dieu, et même Jésus n’a jamais été si agréable à Dieu que quand il a porté nos péchés sur le bois. C’est dans le moment de sa mort qu’il a parfaitement glorifié Dieu, en tout ce qu’il était comme homme, et qu’il a aussi, en même temps, rendu témoignage à l’amour parfait et infini de Dieu envers les pécheurs.

Le ciel est ouvert sur Jésus ; eh bien ! il est aussi entièrement ouvert sur nous. Aucun péché n’est supportable devant Dieu ; tout ce qui n’est pas de Christ sur lequel le ciel a pu s’ouvrir, Dieu le voit, et il ne peut pas supporter le péché. Mais il n’y a plus de voile, quant à nous ; nous voyons sa gloire en Jésus, à face découverte, et la gloire de Dieu brille sur l’homme, tel qu’il est en Jésus, comme elle brillait sur Jésus lui-même. Tout ce qui n’est pas Christ est condamné. Tout ce qui est réprouvé est manifesté par lui-même.

Il y a encore une conséquence de l’acceptation de Jésus, c’est l’Esprit de Dieu qui descendit sur lui comme une colombe, et la voix du ciel qui se fit en tendre disant : Voici mon Fils bien-aimé en qui j’ai pris mon bon plaisir.

Voici la position que Jésus prend : Il manifeste sa grâce en témoignage à l’homme lorsqu’il est dans ses péchés ; il s’adapte aux circonstances du pécheur dans son plus bas état ; il s’identifie avec lui dans le premier pas qu’il fait sous la grâce, mais en même temps, nous voyons quant à lui-même, qu’il y a une voix qui dit : C’est mon Fils bien aimé. — C’est l’homme parfait, dans la présence de Dieu ; l’ami des pauvres pécheurs, et l’expression de tout ce que Dieu aime à voir dans l’homme au milieu du monde.

Il y a plus (Matth. IV), si nous sommes les enfants de Dieu, ses enfants chéris, comme nous le croyons ; aimés comme Jésus est aimé, ainsi qu’il le dit : Afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux, nous sommes par la grâce, dans la même position que lui aux yeux de Dieu. Mais il faut que cette personne parfaitement aimée soit mise à l’épreuve. Il faut que nous soyons aussi mis à l’épreuve ; non pas seulement pour savoir si nous sommes enfants de Dieu, ni comme pécheurs ; comme tels, nous l’avons déjà été, et nous savons que nous sommes perdus. Il faut que la grâce agisse, et quand il s’agit de grâce, c’est toujours la grâce parfaite de Dieu envers les pécheurs. Il faut que tout le bien soit du côté de Dieu, car dans l’homme, il n’y a rien. La lumière manifeste qu’en Dieu, il n’y a rien que du bon, et en nous rien de bon. Cet amour de Dieu, en nous, produit une nouvelle vie. Nous sommes dans la position d’enfants de Dieu, comme Jésus ; mais alors l’Esprit de Dieu étant en nous, il faut que nous soyons mis à l’épreuve. Il y a bien des choses qui nous empêchent de jouir de l’amour de Dieu. L’égoïsme, l’amour-propre, la légèreté ; c’est pourquoi il faut que nous soyons mis à l’épreuve, comme Jésus lui-même l’a été. Paul dit : Je me glorifierai dans les tribulations. L’espérance ne confond point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs.

Ainsi, nous avons la conscience d’être les enfants de Dieu, étant regardés de lui comme Jésus lui-même. Alors, tout est commencé, mais tout n’est pas fini. Quant à l’acceptation, oui, tout est fini. L’enfant que Dieu vient de me donner, est bien mon enfant, quoi que son éducation ne soit pas faite ; mais il est aussi bien mon enfant, quoiqu’il vienne de naître, que quand il aura vingt ans.

Jésus reconnu de Dieu, prend sa place selon notre faiblesse, et il est emmené, par l’Esprit, dans le désert pour y être tenté par le diable. Ce que Satan cherche toujours, c’est de nous faire manquer à notre position d’enfant. Par nous-mêmes, nous sommes esclaves du diable ; mais nous avons été affranchis par Dieu. Satan a voulu que l’homme abandonnât son premier état, celui d’Éden, et il a réussi. Les Anges n’ont pas gardé leur premier état, et Adam ne l’a pas gardé non plus. Dans quelque position que l’homme ait été placé, il a toujours manqué. Nadab, Abihu, Salomon, n’ont pas su garder l’état dans lequel ils avaient été placés. Satan cherche toujours à nous faire tomber. Aussi, quoique Dieu nous place dans la bénédiction, il nous met aussi dans l’épreuve ; seulement, nous savons que celui qui a commencé la bonne œuvre, l’achèvera jusqu’à la journée de Christ. Si Jésus met ses brebis dehors, il va devant elles. Satan s’élève pour nous faire tomber s’il le peut, mais l’homme doit dans ce monde, subir les tentations du diable. Eh bien ! Christ les subit aussi, et, dans cette position, il agit comme nous devons le faire nous-mêmes. Il ne dit pas d’abord à Satan, va-t’en, mais il se place dans la même position que nous, et il jeûne quarante jours et quarante nuits. Alors il est là, avec celui qui lui a dit : C’est ici mon Fils bien-aimé. Il avait la conscience d’être le Fils de Dieu, cependant, comme homme, Satan commence à le tenter. Fais, lui dit-il, quelque chose d’inconséquent à ta position ; quelque chose qui ne soit pas l’obéissance, pour te faire plaisir, pour satisfaire ta volonté propre. Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. Mais Jésus lui répond : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

Si Jésus avait obéi à Satan, comme le premier Adam, il serait tombé ; mais il ne le pouvait pas. La grâce le place dans toutes les difficultés où nous pouvons nous trouver nous-mêmes. Ce qui est précieux pour nous, peu importe les circonstances, c’est qu’en Jésus, nous trouvons non-seulement la vie, mais aussi l’entretien de cette vie.

J’ai la vie, parce que Dieu me l’a donnée, mais dans le sens pratique, je ne peux pas vivre si je ne mange pas. Il n’y a pas une qualité spirituelle dans nos âmes qui ne vienne de Dieu, et de plus, voyez comme Jésus agit pratiquement. Il n’y a pas une seule parole dans le livre de Dieu qui ne puisse nourrir nos âmes, et c’est pourquoi il est important, pour nous, de savoir manier cette épée, par la puissance du Saint-Esprit, afin de pouvoir tenir Satan à distance. Après cela, le diable le transporte sur les créneaux du temple, et lui dit : Si tu es le Fils de Dieu jette-toi en bas, car il est écrit : Il ordonnera à ses anges de te porter entre leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre quelque pierre. Satan lui cite une promesse, mais Christ ne veut pas abandonner la position d’obéissance, et il lui répond : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu. Il y a ici un principe de toute importance. Nous avons bien toute la parole de Dieu, comme moyen de remporter la victoire sur Satan, mais c’est dans l’obéissance la plus simple que nous trouvons de la force. Si Christ n’a pas une parole de Dieu, il ne fait rien. Il est venu faire la volonté de son Père, et si ce qu’on lui demande n’est pas selon cette volonté, il n’agit pas.

La bonne affection de Marthe et de Marie fait qu’elles prient Jésus de venir, en lui disant : Celui que tu aimes est malade ; cet appel était bien touchant, mais le Seigneur n’y répond pas tout de suite ; il n’avait rien reçu de Dieu, et il n’y va pas. Il n’écoute pas ses affections naturelles. Il avait bien guéri d’autres malades ; mais s’il avait guéri Lazare, Marthe et Marie n’auraient rien appris de plus. Jésus laisse donc mourir Lazare, et il permet que leur cœur sente toute l’amertume de la mort, afin qu’elles apprennent que la résurrection et la vie sont là.

Voilà l’obéissance qui est le principe de la vie, et non pas seulement la règle ; et, comme chrétien, je ne dois rien faire que ce que Dieu veut que je fasse.

Mais je trouve encore ici un autre principe important, c’est que je dois avoir en Dieu une confiance si parfaite, que jamais je n’aie besoin d’en faire l’essai. C’est tenter Dieu de ne pas avoir la certitude qu’il nous aime. Il faut que je compte tellement sur son amour et sa fidélité, que je n’aie pas même besoin d’y penser.

Satan dit encore à Jésus : jette-toi en bas. Ah ! je n’ai pas besoin, pense Jésus, je sais fort bien que Dieu me gardera. Les Juifs ont dit : L’Éternel est-il avec nous ou non, eh bien ! en cela ils avaient tenté l’Éternel. — Nous devons avoir une telle assurance en Dieu, que nous puissions ne penser qu’à sa volonté.

Aussitôt que le diable dit à Jésus, adore-moi, alors c’est Satan tout pur, et le Seigneur répond : Va-t’en. Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul.

Les deux grands principes dans lesquels Jésus a marché, sont l’obéissance à la Parole, sans avoir aucune volonté, et une parfaite confiance en Dieu. Nous aussi, nous pouvons compter sur Dieu, parce que nous sommes sûrs de l’avoir pour nous.

Je désire encore vous occuper de la manière dont Jésus s’est mis dans notre position. Nous le voyons se plaçant comme les pécheurs qui avaient besoin de repentance, mais, dans l’acte qui était le commencement de la vie divine en eux ; s’unissant à eux dans le baptême où leur cœur répondait au témoignage de Dieu à l’égard de leurs péchés. Ils étaient vraiment les excellents de la terre, ces pauvres péagers et ces gens de mauvaise vie.

Jésus est trouvé dans la position de Fils obéissant, et accomplissant ainsi la justice. Le ciel est ouvert. La tentation est-elle là, Jésus s’y trouve aussi. Il est partout pour sympathiser avec les pécheurs. Quand il se présente dans ce monde, c’est Dieu lui même qui vient, et il fait voir en lui, tout ce qu’il veut mettre en nous. C’est un Dieu qui s’est mis dans une position telle, que la chair n’y trouve rien. Il faut absolument apprendre que c’est le cœur qui doit apprécier Dieu dans son amour, dans sa sainteté, et au milieu d’un monde qui est entièrement plongé dans le mal.

Quel bonheur d’avoir Jésus ! Il se met à notre place, et nous avons à faire à un Dieu qui s’est manifesté au milieu du monde, et qui nous veut pour lui, mais sans péché. Ayant mis de côté nos péchés, il nous attire à lui, pour nous faire jouir de ce qu’il est, malgré tous les obstacles, et tout ce qui est dans la chair. Il veut que nous jouissions parfaitement de ce Dieu que, par sa grâce, nous avons connu tel qu’il est.

Que Dieu nous donne d’apprécier la beauté parfaite de ce Jésus, qui est venu à nous. Nous le connaissons ! Ah ! que nous sommes heureux de pouvoir dire : Je connais celui en qui j’ai cru, et je sais qu’il saura garder ce que je lui ai confié.

Que Dieu nous montre toute la perfection de Jésus, et cela dans les tentations mêmes, car nous trouverons la beauté de Celui qui ne nous abandonnera pas jusqu’à ce qu’il nous ait placés dans la même gloire que lui.


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JEAN XIII, 1 à 38.


Il est évident que Jésus s’adresse ici aux disciples qui étaient alors autour de lui ; mais ce que nous voyons là de Jésus, attire l’âme à lui. Ce qui attire le pécheur, ce qui lui donne de la confiance, c’est ce que le Saint-Esprit révèle de Jésus.

Je désire que nous nous occupions de ce qui se trouve au verset 1er ; c’est-à-dire de la constance de l’amour de Christ ; amour que rien n’a ralenti, ni affaibli. Si nous pensons à ce qu’étaient les disciples, le monde et les adversaires, nous trouverons que Jésus avait mille motifs pour faire cesser son amour. Nous voyons autour de lui trois espèces de personnes ; les disciples, les indifférents et les adversaires. Ces derniers sont plus spécialement les enfants du Diable ; ce sont ceux qui, voyant que le Seigneur allait prendre le royaume et régner sur toutes choses, dirent : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous. » Il y en a qui ont au fond de leur cœur la certitude que Jésus est le Christ, et qui ne veulent pas de lui. Les adversaires peuvent entraîner les indifférents. Tout ce qu’il y avait dans ce monde était propre à détruire l’amour de Jésus, s’il n’eût été parfait et invariable : car rien ne blesse plus l’amour que l’indifférence.

Nous aimons naturellement le péché, et nous voulons nous servir de tout ce que Dieu nous a donné pour satisfaire nos convoitises. Jésus a vu tout cela. Il a vu l’état dégoûtant de ce monde, et il a dit : Jusques à quand vous supporterai-je ! » Quand nous sommes dans la lumière de Dieu, c’est ainsi que nous jugeons du péché.

Quels parents ne voudraient pas que leurs enfants évitent la corruption qu’ils connaissent eux-mêmes ? C’est parce que Jésus a connu le triste état de l’homme, que la grâce l’a poussé à venir l’en tirer. Dieu voit tout. Dans ses compassions il prend connaissance de tout, afin de venir à la rencontre de nos besoins. Mais que rencontre-t-il ? L’indifférence du cœur. Le cœur de l’homme naturel voit en Jésus quelque chose de méprisable ; il ne peut pas reconnaître son état et il ne veut pas être redevable à Dieu d’en sortir. Il préfère rester dans l’indifférence à l’égard de ce Dieu qui l’aime, et rappelons-nous que rien ne rebute plus l’amour que l’indifférence.

Jésus a aussi rencontré la haine. Tous ceux qui n’aimaient pas la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises, haïssaient Jésus. Orgueil, confiance charnelle, volonté propre, tout en l’homme repoussait Dieu ! Il n’y avait rien dans la souillure, dans l’indifférence et dans la haine, qui pût attirer l’amour de Jésus. Cet amour pouvait être poussé au désespoir, quand Jésus voyait, par exemple, que Judas le trahissait.

Si une personne devait nous trahir, nous serions trop occupés de nous-mêmes, pour penser à ceux qui ne nous trahiront pas ; ce ne fut pas le cas en Jésus.

Quoique l’iniquité abondât, Jésus fit voir tout son amour, mais enfin ses disciples l’abandonnent aussi. Ceux qui l’aimaient, étaient si égoïstes et si asservis à la crainte de l’homme, qu’il fut impossible à Jésus de compter sur eux. Le cœur de l’homme est tel, que, quoique celui-ci aime Jésus, cependant son cœur ne vaut rien. Jésus a dû aimer en présence d’une haine qui ne se ralentissait jamais. Il nous a aimés lors même que nous étions couverts de souillures, indifférents, remplis de haine pour la lumière et l’ayant reniée mille fois. Celui qui se connaît le mieux, sait le mieux combien ceci est vrai. Si nous traitions un ami comme nous traitons Jésus, l’amitié ne durerait pas longtemps.

Quel contraste nous aurons, si nous considérons combien ce que Jésus a trouvé sur la terre est différent de ce dont il jouissait dans le ciel ! Là, il trouvait l’amour du Père, et en présence de cet amour parfait, la pureté du sien ne pouvait être manifestée, parce qu’il ne trouvait point d’obstacles. Mais ici-bas, se souvenant de ce qu’il a quitté, il aime les siens, dans leurs souillures mêmes ; rien ne le rebute, mais ces souillures attirent sur eux ses compassions. L’objet de la grâce, c’est l’iniquité et le mal. L’indifférence des siens démontrait à Jésus toute l’étendue de leurs misères, et le besoin qu’ils avaient de lui ! La haine même de l’homme montrait qu’il était perdu. Dieu est venu chercher l’homme, parce qu’il était hors d’état de chercher Dieu. Que de choses Dieu a supportées ! Que d’indifférence, que de trahisons, que de renîments ! On aurait honte d’agir avec Satan comme on agit avec le Seigneur. Néanmoins rien n’arrête Jésus, il aime les siens jusqu’à la fin. Il agissait selon ce qui était dans son cœur, et toute la méchanceté de l’homme n’était pour lui qu’une occasion de manifester son amour.

Le Seigneur a fait tout ce qui est nécessaire pour replacer l’âme en relation avec Dieu. Tout pécheur que nous sommes, la grâce de Dieu est venue nous chercher. La justice et la loi demandent que le mal et le méchant soient ôtés. Jean-Baptiste demandait la repentance, c’était là un commencement de grâce, mais la pure grâce, loin de dire à l’homme : Quitte ton état pour venir à moi, vient elle-même à l’homme dans son péché ; entre en relation avec lui, pour que Dieu soit beaucoup plus manifesté que s’il n’y avait point eu de péché.

La grâce applique ce qui est en Dieu au besoin que produit la ruine où nous sommes : Jésus aime jusqu’à la fin.

Quelle consolation de savoir que Jésus est tout ce qu’il faut, pour tout ce que nous sommes. Cela nous place dans le vrai, et nous dispose à confesser le mal qui est en nous, et non à le cacher. La grâce seule produit la sincérité (Ps. XXXII, 1.) Un homme qui a une carrière à suivre, veut paraître fort quand même il est faible. La grâce produit la vérité ; fait reconnaître la faiblesse et l’infirmité où nous sommes. À la place de Pierre, nous ferions ce qu’il a fait lui-même, si nous n’étions gardés. Jésus aime les siens, « au monde » dans leur pèlerinage, dans leurs circonstances, malgré leurs misères, leur égoïsme et leur faiblesse. Tout ce que Satan pouvait faire, et tout ce qui était dans l’homme était bien propre à empêcher l’amour de Jésus : néanmoins, il les aima jusqu’à la fin.

Pouvez-vous dire : J’ai part à cet amour, malgré ma faiblesse ? J’ai compris la grâce et la manifestation en Jésus, de l’amour du Dieu invisible ? Avez-vous reconnu qu’il était nécessaire que Jésus vint au monde pour que votre âme n’allât pas où il y a des pleurs et des grincements de dents ? Avons-nous pris notre parti de nous reconnaître pour ce que nous sommes ? Ceci est désagréable à la chair, c’est pénible ; c’est l’écharde de Paul, c’est quelque chose qui lui dit sans cesse : « Tu es faible, » et c’est précisément pourquoi Dieu permet qu’elle reste. La chair est-elle assez mortifiée en nous, pour que nous soyons contents que Jésus soit tout, et nous rien, et pour que nous nous réjouissions de voir notre faiblesse, puisqu’elle doit manifester la force de Dieu en nous ?…

Jésus n’a oublié aucun de nos besoins. Le cœur dégagé d’égoïsme ne pense qu’aux choses que l’amour veut faire. C’est ainsi que Jésus, sur la croix, n’oublie pas sa mère, mais la recommande au disciple qu’il aimait.


FIN.