Traduction par René Auscher.
Hachette & Cie (p. 84-86).

ASCENSIONS

Une ascension exige autre chose que l’art du ski. Un rapide coup d’œil sur le terrain est nécessaire, si l’on veut gravir de grandes hauteurs sans gaspillage de forces. L’énergie est certes Ascension.
ASCENSION.
PAS EN ARÊTE DE POISSON
un facteur indispensable, mais, comparée à une sage économie des forces, elle est peu de chose. On s’épuise vite à gravir une longue pente en procédant en arête de poisson, c’est-à-dire en écartant fortement les jambes et en frappant les skis sur la neige.

Pour des pentes courtes et raides, ou dans des chemins creux où l’on ne peut faire différemment, ce procédé est bon. Pour effectuer des montées plus longues, on peut employer le pas en ciseaux, mais il faut conseiller plutôt, dans ce cas, une montée un peu plus diplomatique, ces « astucieux détours » dont Olaus Magnus parle déjà avec éloges en l’an 1553.

La montée est, sans autre règle, facile à apprendre, par les indications que la pente elle-même nous donne. Si on glisse en arrière, c’est qu’on a trop fortement placé les skis suivant l’inclinaison de la pente. Dans ce cas, il est inutile d’essayer de s’arrêter, soit au moyen des
ASCENSION, PAS EN CISEAUX.
arêtes des skis, en croisant les jambes l’une devant l’autre, soit, ce qui est parfois recommandable, en plaçant les skis fortement de travers.

Il faut cependant toujours se mettre un peu sur l’arête pour les montées, surtout avec le pied placé du côté de la pente et il est bon de changer souvent de direction à cause de la fatigue exagérée qui serait imposée à ce pied. De là proviennent les trajets en lacets que l’on fait constamment.

La montée dépend encore plus du tempérament du skieur que de la technique, mais c’est plus encore à cet exercice que partout ailleurs que se trouve bien
ASCENSION NORMALE D’UNE PENTE MOYENNE.
appliqué ce proverbe : Chi va piano va sano ! Une ascension lente a aussi pour effet de mettre les skis au point en ce qui concerne leur graissage.

Celui qui les soigne de telle sorte qu’il puisse descendre rapidement avec eux et monter aussi facilement a atteint le but.

Le principal artifice dans la montée, artifice qui ne s’apprend que peu à peu, consiste à poser les skis en avant et en même temps les soulever de côté sans les porter trop au-dessus de la neige. Quand le pied gauche se trouve du côté de la pente, le mouvement doit se faire à peu près de la façon suivante. Avancer le pied gauche d’environ un cinquième de la longueur du ski et ensuite le porter, en effleurant la surface de la neige, vers le haut et à gauche de 20 à 40 centimètres, prendre un solide appui et placer ensuite le ski de droite parallèlement et contre lui.


ASCENSION D’UNE PENTE TRÈS RAIDE.
Une seule chose est importante : monter toujours, autant que possible, le corps bien droit. Lorsqu’on l’incline trop en avant ou en arrière, les skis sont surchargés d’un côté et glissent facilement dans cette direction : la marche droite donne la stabilité.

Les pentes étroites et très raides ne peuvent être gravies que par la marche en escalier. On ne parvient à se débarrasser d’une telle pente qu’à l’aide d’une canne tenue de la façon indiquée ci-contre : le skieur prend d’abord un solide point d’appui sur le ski inférieur, puis porte rapidement dans la direction de la marche le ski supérieur.