Traduction par René Auscher.
Hachette & Cie (p. 80-83).

DEMI-TOUR

C’est au demi-tour que la longueur de nos skis nous gêne le plus. Il nous faudra tourner cinq ou six fois pour pivoter de Demi-tour.
DEMI-TOUR. 1er MOUVEMENT.
180 degrés lentement et raide comme une statue de bois. Tout à coup, nous voyons un jeune skieur faire également devant nous demi-tour. Il lève bien haut l’un de ses skis et se trouve, en un instant, et après un mouvement qui nous reste mystérieux, avec ses skis complètement retournés ; et il file en souriant dans la direction d’où il était venu. Nous sommes stupéfaits. Sapristi ! qu’a-t-il donc fait ? La chose était toute simple et nous pouvons à l’instant l’imiter :

1o Placer un ski debout sur son extrémité arrière, la jambe étant horizontale.

2o Porter vers l’arrière la pointe de ce ski, qui était d’abord Demi-tour.
DEMI-TOUR. 2e MOUVEMENT.
vers l’avant.

3o Le poser, retourné, à côté de celui qui n’a pas bougé, de sorte que les pointes se trouvent dans des directions opposées.

4o Sur le pied ainsi retourné, prendre d’abord un solide appui et

5o tourner le deuxième ski doucement par derrière le premier, la pointe légèrement surélevée, et le placer à côté de lui.

Le premier des mouvements, schématiquement indiqués, n’est Demi-tour.
DEMI-TOUR. 3e MOUVEMENT.
possible que sur de la neige fortement durcie. Sur la neige molle, profonde ou seulement faiblement tassée, l’extrémité arrière du ski s’enfonce tellement, qu’on reste accroché et qu’on tombe infailliblement. Dans ce cas, le seul moyen consiste à jeter résolument en l’air le ski comme si on voulait le lancer loin de soi avec le soulier et le retourner de suite après. Mais, pendant ce mouvement, la main qui se trouve du côté de la jambe qui tourne doit être collée fortement au corps, sans quoi on se fait un bleu avec le ski qu’on lance en arrière. Ainsi les trois premiers mouvements décrits schématiquement se réunissent en un seul, bref et précipité. Si on arrive à jeter le ski assez vigoureusement pour que la pointe vienne en haut vers nous, et l’extrémité en bas et en dehors, le demi-tour se fait tout seul. Demi-tour.
DEMI-TOUR. 5e MOUVEMENT.
Il faut employer cette façon de procéder, surtout sur les pentes raides, sans cela on glisse, soit en avant, soit en arrière. Mais avant d’effectuer ce mouvement, il faut avoir pris des deux pieds une bonne assiette. On cherche, en piétinant la neige et par de petits sauts, à se faire une petite plate-forme ou on se sente solide.

Sur une pente on doit toujours tourner d’abord le ski inférieur. C’est bien plus facile au début. Si, plus tard, on peut commencer à tourner le ski supérieur, cela vaut encore mieux, on gagne chaque fois 50 centimètres, mais ce n’est pas chose facile. Un bâton est très commode et presque indispensable sur une pente raide. Il faut toujours le tenir du côté où la jambe ne tourne pas et, sauf exception, avec les deux mains.

Pour faire un demi-tour plus vite encore et d’un seul mouvement — mais ce n’est possible qu’en plaine — on peut sauter assez haut et faire tourner, d’un simple mouvement du corps, les skis de 180 degrés, pendant qu’ils sont en l’air.

C’est un tour de force rude et violent, et le skieur qui tient au calme et à la facilité des mouvements choisira de préférence la première méthode, qui paraît toujours aussi élégante que déconcertante.

Le débutant est-il enfin de nouveau prêt à recommencer, il attaque la pente pour essayer une descente plus longue. En général, il tient plus à la rapidité qu’à la correction de la course. Cela se comprend, mais c’est une faute. On est vite récompensé de l’effort personnel que l’on fait au début pour marcher correctement, soit en plaine, soit en montagne, au lieu de s’efforcer d’avancer coûte que coûte, les skis croisés à l’avant ou à l’arrière.