Les souvenez-vous/Ne te penche pas trop

H. Falque (p. 31-32).

NE TE PENCHE PAS TROP…

À Madame Alphonse Daudet.

Pour respirer plus fort le parfum des douleurs,
Ne te penche pas trop sur les peines passées ;
Et si tu te repais des choses effacées,
N’en prends que la beauté, la force ou la grandeur.


À travers le rideau fermé de tes paupières,
Lorsque tes souvenirs passent, comme des morts,
Réveille-les pour qu’ils renaissent sans effort
Dans ce qu’ils possédaient de joie et de lumière.

Alors tu reverras leur visage clément,
Ils s’inclineront sur ta vie intérieure ;
Pour la faire plus haute et la faire meilleure,
Ils t’aimeront d’amour, mystérieusement…

Ils régneront dans le secret de ta pensée,
Ils la délivreront de toute anxiété,
Ils seront le refuge et seront la clarté,
Qui dissipera l’ombre en ton cœur amassée.