Les principaux monuments funéraires/Winsor

WINSOR.




Winsor (Frédéric-Albert), célèbre chimiste anglais, inventeur de l’éclairage par le gaz, naquit en 1768.

L’application qu’il fit de cette précieuse invention à Londres, en 1803, et dans laquelle il obtint le plus brillant succès, l’engagea à l’importer à Paris en 1815. C’est de ces époques que date la propagation de sa méthode.

Il débuta à Paris par l’éclairage du palais du Luxembourg, et cette opération eut en France le même succès qu’en Angleterre ; mais l’envie et la jalousie qui s’attachent impitoyablement aux innovations et aux inventions utiles, lui suscitèrent de nombreux ennemis ; ces redoutables adversaires, parmi lesquels on remarquait surtout les débitans des matières premières qui alimentaient l’ancien éclairage, et dont les intérêts se trouvaient froissés, attaquèrent vigoureusement le nouveau système comme étant insalubre et dangereux, et répandirent en quelque sorte une terreur qui nuisit essentiellement à sa propagation. Ainsi les exemples de Londres et des principales villes de l’Europe qui l’avaient adopté ne purent convaincre que difficilement le commerce de Paris des avantages de ce nouveau mode, et de sa supériorité sur l’ancien.

Il est donc à remarquer que cette découverte, malgré son utilité, n’a été réellement appréciée qu’environ dix ans après son importation. Jusque-là les dangers imaginaires signalés par les anciens routiniers, avaient fait éluder à la classe marchande de faire usage d’une lumière aussi pure et aussi resplendissante que celle opérée par le gaz.

Toutes ces lenteurs paralysèrent l’active vigilance de M. Winsor : la médiocrité du produit de son invention était loin de couvrir les frais énormes qu’exigeait une vaste entreprise ; il fut vivement affecté que sa méthode, qui lui promettait une si belle chance de succès, eût été accueillie avec autant de défiance que de tiédeur, une maladie grave, funeste résultat d’une affection morale, le força de céder son établissement. M. Winsor a subi la loi commune que le destin semble réserver à tous les fondateurs, il ne lui est resté que la gloire et le mérite de la création.

Le public ayant enfin évidemment reconnu l’excellence de l’éclairage par le gaz, les successeurs de M. Winsor recueillent aujourd’hui les fruits d’une précieuse découverte due à son génie inventif, et propagent au sein d’une prospérité toujours croissante un système dont il est incontestablement l’auteur.

Il est décédé le 11 mai 1830, dans le Ier arrondissement, il a d’abord été inhumé au cimetière de Montmartre, et de là transporté à celui du Père La Chaise.

Son monument, d’un style élégant et remarquable quoique construit totalement en pierre, se compose d’un obélisque triangulaire élevé sur un stylobate en forme de cénotaphe, sur le haut duquel est un trépied bronzé, surmonté d’une flamme d’or. Aux angles de l’obélisque sont sculptés des flambeaux renversés : des trépieds, des flambeaux et des guirlandes de lierre en fer bronzé forment un entourage d’un excellent goût.

Ce monument a été exécuté, sur les dessins d’un architecte anglais, par M. Le- vasseur, marbrier.

Sur la face latérale à gauche on lit cette inscription :

ICI

REPOSE
FRÉDÉRIC-ALBERT
WINSOR,
FONDATEUR
DE
L’ÉCLAIRAGE
DES VILLES
PAR LE GAZ.
MORT A PARIS
LE 11 MAI 1830,
ÂGÉ DE 68 ANS.


L’APPLICATION QU’IL FIT
A LONDRES
DE CET ÉCLAIRAGE EN GRAND
REMONTE A 1803 : IL L’IMPORTA
A PARIS,
EN 1815 ; ET DE CES ÉPOQUES
DATE LA PROPAGATION

DE CE SYSTÈME.

Sur la face latérale à droite, on lit cette inscription anglaise :

TOMB

OF
FREDERIC ALBERT
WINSOR
ORIGINATOR
OF
PUBLIC
GAS LICHTING.


A MONUMENT
TO RECORD
HIS
MERITS AND EXERTIONS.
AS THEIR
FOUNDER,
IS ERECTED, IN LONDON,
BY THE
GAS LICHT ET COKE COMPANY
THE FIRST EVER ESTABLISHED
INCORPORATED BY

ACT OF PARLIAMENT IN 1810.

Au bas on lit l’épigraphe suivante :

EX FUMO DARE LUCEM.