Les principaux monuments funéraires/Santerre

SANTERRE.




Santerre (Armand-Théodore), ancien raffineur, naquit à Bercy, le 1e novembre.

Propriétaire d’une raffinerie considérable dans le quartier du Luxembourg, il possédait à juste titre le plus haut degré d’estime et de confiance des nombreux commerçais avec lesquels il était en relation.

Doué d’une intacte probité, d’une rare délicatesse, d’un caractère plein de franchise et d’équité ; il joignait à ces dons inappréciables une âme compatissante et les sentimens les plus généreux.

Exclusivement occupé de la direction de son vaste établissement, ses nombreux ouvriers, dont il était le bienfaiteur, le chérissaient comme un père ; heureux de vivre sous ses lois, ils se livraient ardemment à de pénibles travaux sans autre calcul d’intérêt que celui de la prospérité de leur maître, qui, à son tour, savait distinguer la différence qu’il y a du salaire aux récompenses.

Père d’une nombreuse famille, Santerre était l’idole de son épouse et de ses enfans. Ses vertus privées répandaient le charme et la félicité dans l’intérieur de sa maison : plein d’égards et d’urbanité pour les amis dont il s’entourait, il avait su captiver leur sincère affection par ses éminentes qualités sociales.

C’est au sein d’une aussi heureuse existence qu’une mort prématurée est venue terminer l’honorable carrière de cet homme de bien.

Il est décédé le 29 avril 1833, et a été inhumé au cimetière du Mont-Parnasse.

Madame veuve Santerre, qui dirige aujourd’hui son établissement, et qui soutient avec succès la haute réputation dont il a toujours joui, et à laquelle elle a puissamment contribué, a érigé à la mémoire de son époux un monument de son amour et de ses éternels regrets.

Ce monument se compose de deux sarcophages de forme horizontale placés au centre d’une balustrade à jour, dont les parties latérales, qui ont neuf pieds de dimension, sont d’un seul morceau de pierre d’échantillon. Dans le fond s’élève, sur un stylobate, un cippe de forme quadrangulaire, surmonté d’un entablement dont la frise est ornée de rosaces sculptées. Au-dessus est un cénotaphe, avec fronton triangulaire, également orné de sculpture d’une rare perfection, au-dessous duquel on lit cette inscription :

FAMILLE SANTERRE.

Au milieu du cénotaphe est représenté l’Ange des ténèbres, ayant deux guirlandes de pavots suspendues à son col, et les mains appuyées sur deux médaillons destinés à recevoir des portraits de famille.

Sur la face du cippe sont deux plaques de marbre blanc, sur l’une desquelles sera gravée l’épitaphe suivante :

ci git
armand-théodore
SANTERRE,
ancien raffineur,
né a bercy, le 1er novembre 1778,
décédé a paris, le 29 avril 1833.

Ce monument, qui est remarquable par le luxe de sa construction et la perfection des ornemens, a été exécuté sur les dessins de M. Aloncle, architecte. Les morceaux de sculpture sont dus au ciseau de M. Plantar.