Les principaux monuments funéraires/Monge

MONGE.




Monge (Gaspard), né à Beaune (Côte-d’Or) en 1746.

A la révolution, il était à Paris, professeur de mathématiques, de physique, et examinateur des élèves de la marine. Ses talens et l’amitié de Condorcet relevèrent au ministère de la marine après le 10 août 1792. Il eut aussi celui de la guerre par intérim jusqu’à l’arrivée du général Servan.

Il quitta le ministère de la marine en 1793, et passa dans la retraite, en reprenant ses études favorites, le temps le plus orageux de la révolution.

En 1795, il fut nommé membre de l’Institut (première classe), et professeur de géométrie à l’École Normale.

En 1796, le Directoire l’envoya en Italie présider au choix des objets d’arts que Bonaparte devait envoyer en France. Cette intimité honorable, qui naît de grands talens, s’établit bientôt entre eux, et le général lui accorda la plus haute estime : il fut chargé de missions aussi délicates qu’importantes, et ce fut lui qui, avec Berthier, apporta au Directoire le traité de paix de Campo-Formio. Monge fît, avec plusieurs autres savans, partie de l’expédition d’Égypte, et Bonaparte le ramena avec lui en France.

Ce fut après le 18 brumaire que la carrière des honneurs s’ouvrit devant lui. Il fut nommé successivement sénateur, avec la sénatorerie de Liège ; président annuel du Sénat après François de Neufchâteau ; chevalier, puis grand-officier de la Légion d’Honneur ; membre de l’ordre de la Couronne de Fer ; grand’-croix de celui de la Réunion ; enfin comte de Peluse.

Le 26 décembre 1813, l’Empereur l’envoya, comme commissaire extraordinaire, dans la 25e division militaire, à Liège, où des mesures de salut public étaient devenues nécessaires. C’est là que se borna sa carrière politique.

Monge est un des hommes de talent dont la France doit le plus s’honorer : il est en quelque sorte le créateur d’une nouvelle science, la Géométrie descriptive ; mais son plus beau titre de gloire est d’avoir contribué puissamment à la création de l’École Polytechnique, pépinière féconde de talens en tous genres : aussi est-ce à la reconnaissance des élèves de cette école qu’est dû le tombeau dont nous donnons la description.

Monge s’était aussi appliqué à la chimie ; son nom se trouve souvent accolé à celui de Bertholet ; ils ont donné ensemble au public le résultat de leurs travaux scientifiques. Il a enrichi plusieurs journaux destinés aux sciences d’articles du plus haut intérêt, et a fourni beaucoup de Mémoires dans la collection de l’Institut. Il est mort à l’âge de soixante-douze ans.

Le monument de ce savant mathématicien est d’un style sévère, et construit dans le goût égyptien. Il se compose, dans sa partie inférieure, d’un bâtiment carré, en pierre meulière, flanqué de quatre pilastres de forme pyramidale, à la face principale duquel est la porte du caveau. Sur la plate-forme de cette construction, qui est entourée d’une grille en fer, s’élèvent quatre autres pilastres qui soutiennent un entablement, sous lequel est placé le buste en marbre de cet homme célèbre. Sur la partie supérieure du monument, on lit cette inscription :

A GASPARD MONGE.

Et sur chaque face latérale :

les élèves de l’école polytechnique
A G. MONGE,
comte de peluse.

Derrière,

AN M. D. CCC. XX.

Dans l’intérieur de la chambre sépulcrale, sur le pavé, vis-à-vis la porte d’entrée :

ci gît GASPARD MONGE,
comte de peluse,
né a beaune,
département de la cote-d’or,
le 10 mai 1746,
membre de l’institut,
ancien membre de l’académie des sciences,
grand-officier de la légion-d’honneur,
ancien sénateur, et professeur
de l’école polytechnique,
mort a paris le 28 juillet 1818.

Ce monument, d’un effet très remarquable, a été construit par M. Clochat, architecte.