Les principaux monuments funéraires/Dumoulin

ÉVARISTE DUMOULIN.




Dumoulin (Évariste), l’un des propriétaires et rédacteurs du Constitutionnel, membre de la Légion-d’Honneur, naquit en 1787, à Villegouge, près Libourne (Gironde).

Dès son plus jeune âge, il annonça ce qu’il serait un jour, patriote ardent, pur et désintéressé, inaccessible aux séductions, et par conséquent destiné à défendre et de son épée et de sa plume la liberté dont l’aurore avait éclairé son berceau.

Entré dans la vie sociale, il se voua entièrement à la rédaction de la Minerve et du Constitutionnel, dont il fut l’un des premiers fondateurs. Le premier de ces journaux, par des saillies spirituelles et piquantes, s’attachait à signaler les abus, à poursuivre les ennemis des libertés publiques, et reflétait sur leur marche occulte et tortueuse une lumière aussi vive qu’elle était importune.

Le second, par une dialectique serrée, par une constante et sévère exposition des principes du gouvernement représentatif, rectifia plus d’une fois la fausse marche de ceux qui s’en écartaient, et, par des conseils salutaires, leur montrait l’abîme qui s’ouvrait sous leurs pas.

C’est dans ce dernier journal surtout que Dumoulin développa les talens qu’il avait reçus de la nature ; mais ce fut toujours pour la défense de la liberté qu’il en fit un constant usage. Doué d’une âme ardente et forte, il n’opposa qu’un courage inaltérable et tranquille aux persécutions auxquelles il fut en butte.

Dans les journées de juillet, sa conduite fut la sanction de ses principes, et si son énergie parut plus active, c’est qu’il fallait des hommes d’un courage réfléchi, pour utiliser les avantages du présent et mépriser les dangers de l’avenir. C’est par ses conseils que le quartier-général, qui devait être établi à la Bourse, le fut à l’Hôtel-de-Ville ; lors de son arrivée, tous les passages étant fermés, il sut avec son épée s’en frayer le chemin.

Après le combat, Dumoulin n’accepta de fonctions que celles auxquelles il fut appelé par le vœu libre de ses concitoyens, fuyant l’éclat, même dans les actions les plus mémorables : ce suffrage était le seul qu’il ambitionnât.

À quarante-six ans, il a été frappé d’une mort presque subite ; on a cru que la vivacité des passions avait abrégé sa vie ; mais il portait en lui-même la cause de cette mort : il le savait, et s’y était résigné avec tant de calme et de fermeté, que ses amis les plus intimes l’ignoraient.

De retour seulement depuis cinq jours d’un voyage de huit cents lieues, il a été saisi tout à coup, en séance du conseil, et au milieu de ses collègues du Constitutionnel, d’une hémorrhagie tellement violente, qu’il est mort en moins de vingt minutes. D’après l’autopsie, il a été reconnu qu’un anévrisme de l’aorte avait causé sa mort.

Dumoulin s’était rendu honorable dans la société et cher à ses nombreux amis par la bonté de son cœur, son désintéressement, sa généreuse délicatesse, par cette passion d’obliger, qui ont marqué tous les instans de sa trop courte existence ; et l’on peut dire avec vérité : écrivain politique, il eut beaucoup d’adversaires ; homme, il n’eut point d’ennemis.

Il est mort à Paris, le 4 septembre 1833.


Le mausolée d’Évariste Dumoulin, quoique simple, est d’un excellent goût : il se compose d’un cénotaphe élevé sur un stylobate, et surmonté d’un fronton, dans le tympan duquel sont sculptées les croix de la Légion-d’Honneur et de Juillet. Sur un panneau en marbre blanc sont gravés ces mots :

évariste dumoulin
4 septembre
1833.

Ce monument, construit en pierre, a été exécuté par M. Guillard, marbrier.