Revue L'Oiseau bleu (1p. 140-156).

VII. — MILIEUX SYMPATHIQUES


En rentrant à sa pension, Olivier Précourt trouva un mot de son ami Édouard Rodier. Il remettait à plus tard l’entrevue qui devait avoir lieu le soir même entre eux deux. Il ajoutait : « Soyez donc au magasin de M. Fabre, demain, dans l’avant-midi. Vous y verrez, Olivier, en plus de mon humble personne Charles-Ovide Perrault, Hubert, Lorimier, Brown, et notre bouillant confrère de Boucherville, le lieutenant Bonaventure Viger. Il sera naturellement question de l’assemblée de Saint-Laurent, toujours fixée à lundi prochain. Amitiés ».

Ce contretemps ne déçut qu’à peine le jeune homme. Ses fiançailles secrètes, et imprévues vraiment, avec Mathilde, n’étaient pas sans lui causer une vive impression. Il se sentait tout étourdi du bonheur qui lui arrivait, et qui succédait à une journée et à une nuit d’angoisses. Un peu de solitude le familiariserait avec cette situation nouvelle de fiancé faisant sa cour dans l’ombre. Il n’aurait pas imaginé qu’une chose pareille pût lui arriver. N’était la gravité des événements, il aurait mal joué ce rôle, si contraire à sa nature franche, ouverte, très impulsive.

Il sortit quelques papiers d’affaires, et, installé à sa table de travail, se mit à les examiner avec une attention bien méritoire. À six heures, il fit un peu de toilette, ayant l’idée d’aller dîner à l’élégant hôtel Rasco, à la place Jacques-Cartier. Il y verrait sûrement des connaissances, peut-être Mathilde, en compagnie de sa sœur et d’amis. M. Debartzch, sur le bateau qui les amenait à Montréal, lui avait parlé d’un petit dîner succulent qu’il voulait offrir à ses filles et à leurs amies, à ce nouvel hôtel de la place Jacques-Cartier, dont on disait beaucoup de bien. « Je devrais savoir si le dîner a lieu, ce soir ou demain, se disait Olivier, mais voilà, Mathilde tout comme moi, cet après-midi, avions l’esprit à tout autre chose ».

Il prenait son chapeau, sa canne et ses gants lorsqu’on frappa à la porte.

— Entrez, fit Olivier surpris. Ah ! c’est vous, Docteur, ajouta-t-il aussitôt, en voyant le Dr  Duvert pénétrer dans sa chambre.

— J’arrive à un moment inopportun, n’est-ce pas ?

— Bah ! Je puis vous donner un quart d’heure. Je me rendais dîner à l’hôtel Rasco.

— Évidemment. Votre élégance, mon jeune ami, trouvera là avec qui compter.

— Mais, je l’espère bien, fit Olivier, en souriant et en désignant un siège au Docteur.

— Non, merci, Olivier, je veux seulement vous prévenir que je devance mon départ pour Saint-Charles.

— Non ?

La Félicité du Richelieu, qui est au port depuis cinq heures, ce soir, m’a apporté une nouvelle qui exige un retour aussi prompt que sûr.

— On abuse de votre bonté. Et l’assemblée de lundi, à Saint-Laurent ? M. Papineau, que vous désiriez beaucoup entendre ? Tout cela est devenu une vaine fumée ?

— Que voulez-vous ! Je dois me résigner.

— Je n’insiste plus. Des raisons graves sont en jeu, je le devine. Alors, Docteur, vous vous chargerez bien de deux ou trois lettres que je vais écrire, dès ce soir, à ma grand’mère et à d’autres ?

— Avec plaisir. Je les prendrai demain matin, de bonne heure. Laissez-les entre les mains de votre maîtresse de pension.


J’arrive à un moment inopportun, n’est-ce-pas ?
Bah ! Je puis vous donner un quart d’heure.

— Mais… est-ce que Michel ne pourrait y voir pour vous ? Au fait, que fait-il, ce Michel ? Je ne l’ai pas vu depuis mon retour de la promenade. Il a pourtant l’habitude de venir s’enquérir s’il y a ou non des messages à porter ?… Vous froncez les sourcils ? Qu’y a-t-il ?

— Il y a que Michel m’est revenu vers trois heures, cet après-midi, dans un état déplorable. Sa figure portait des écorchures, ses mains aussi. Et quels yeux tristes et effrayés ! Naturellement, je l’ai questionné, puis sommé de parler. « Que s’était-il passé ? Où avait-il été ? » Silence, mon cher. Et impossible de tirer une parole de cet enfant, quoi que je dise. Je ne le croyais certes pas entêté, en outre d’être querelleur et cachottier. J’en suis mécontent, vous savez.

— Pauvre Michel ! fit Olivier doucement, les yeux au loin.

— Naturellement, vous l’excusez. Cet enfant vous ensorcelle, ma parole.

— Plus que vous ne croyez, Docteur. Voulez-vous me l’envoyer dans deux heures d’ici ? Pour une fois, il se couchera un peu tard… ou il couchera près de moi, tout simplement. De la sorte, vous ne serez pas dérangé.

— Écoutez, Olivier, je ne comprends rien à tout cela. Vous voulez voir Michel, très bien, mais le petit ne veut pas vous voir, lui. Il m’a demandé, des larmes dans la voix, de ne plus le remettre en votre présence, jamais, jamais… Et lorsque je lui ai appris qu’il fallait retourner dès demain matin, à Saint-Charles, dans le bateau du capitaine Lespérance, ses yeux ont brillé de satisfaction.

— Ne vous troublez pas, Docteur, reprit Olivier qui avait écouté, toujours souriant, le récit du médecin. Dites à Michel, de ma part, vous entendez, que je lui commande d’être ici, dans ma chambre, dans deux heures, c’est-à-dire vers huit heures et demie.

— Très bien, il obéira ou n’obéira pas. Peu importe sans doute. Si vous croyez que je vois clair dans tout cela…

— Laissez, laissez… Je me flatte que, finalement, vous ne serez pas fâché du dénouement. Ce petit homme entêté, cachottier, querelleur, vous pouvez compter sur moi pour le remettre à la raison. Je lui redresserai le caractère avec des remèdes que votre science approuvera. Et vous n’en serez jamais plus mécontent, je vous le promets.

— Quel original vous faites ! Allons, il en sera fait selon vos désirs, dussé-je traîner l’enfant jusqu’ici.

— Comme un pauvre petit agneau à l’abattoir… Mais j’espère que vous n’y serez pas tenu. N’oubliez pas que c’est un commandement que je donne à Michel. Il lui en coûterait de passer outre. Dites-le-lui bien.

En entrant dans la spacieuse salle à manger de l’hôtel Rasco, Olivier vit tout de suite que son intuition d’amoureux ne l’avait pas trompé. Mathilde et sa sœur s’y trouvaient, à une petite table, à droite, les invitées de M. Debartzch et de ses filles. On l’aperçut tout de suite, et il dut aller saluer. M. Debartzch proposa que l’on se tassât un peu afin de faire place au jeune homme. Mais Olivier refusa absolument. Il voyait tout près, tournant le dos, un ami, Rodolphe Desrivières. Il dînait seul. Il ne serait pas fâché d’avoir un vis-à-vis. Puis Olivier se disait en lui-même, qu’ainsi placé, il aurait Mathilde, sa fiancée, en face de lui, et pourrait suivre chacun de ses jeux de physionomie. La jeune fille se tenait, en ce moment, les yeux baissés, silencieuse, contrôlant mal son émotion. Les événements de l’après-midi étaient encore si frais, et cet anneau d’or, que Mathilde tournait et retournait machinalement à son doigt, en disait long sur les pensées de la jeune fille. Olivier sourit, puis se pencha vers sa sœur. « Marie, dit-il, rends-toi demain après-midi, avec la cousine Mathilde, chez ce bijoutier dont tu m’as parlé. Je satisferai ton caprice, relativement à ce bracelet.

— Tu es charmant, Olivier, fit celle-ci les yeux rayonnants. Nous irons, n’est-ce pas, Mathilde ?

— Et nous ? firent les jolies filles du seigneur Debartzch.

— Mais s’il vous plaît de venir, mesdemoiselles, je ne m’en plaindrai certes pas. Vais-je en faire des jaloux ! Quatre belles filles m’auront comme unique cavalier ».

Les jeunes filles éclatèrent d’un rire joyeux, puis Marie Précourt s’écria soudain : « Ah ! voici le lieutenant Ormsby avec un de ses compagnons. Mathilde présente-les-nous.

Olivier Précourt se raidit aussitôt. Il prit congé, non sans glisser en passant près de Mathilde dont il ramassa l’éventail qu’elle avait laissé tomber, peut-être volontairement : « Ma bien-aimée, soyez exacte au rendez-vous, demain. Je vous aime ! Je vous aime ! »

Rodolphe Desrivières se déclara enchanté de dîner avec Olivier. Il le savait à Montréal. Et bien vite, un intéressant entretien s’engagea. Les jeunes gens qui étaient différents au physique, Desrivières était petit, blond et timide, avaient les mêmes opinions politiques, les mêmes admirations, les mêmes haines. Tous deux étaient prêts à se sacrifier, l’occasion venant pour venger leur race opprimée, par une oligarchie anglaise insolente. Soudain, Desrivières remarqua : « Tenez, Précourt, voyez l’audace de ces Habits rouges. Ils se défilent à la table du seigneur Debartzch, tout près. Je ne les entends que trop, je les vois même, malgré que j’aie le dos tourné… Et moi, qui n’ai pas osé tout à l’heure aller saluer les belles Debartzch… par discrétion.


Olivier Précourt prit congé, non sans glisser en passant près de Mathilde dont il ramassa l’éventail qu’elle avait laissé tomber, peut-être volontairement.

— Vous avez eu tort, cher ami.

— Vous en parlez à votre aise. Votre sœur était au milieu d’elles, sans compter votre cousine Mathilde… À propos, êtes-vous au courant de la cour que lui fait un Habit rouge, riche, influent et que M. Perrault, bureaucrate fervent, vous le savez, encourage de toutes ses forces ?

— J’en ai été moi-même témoin, hier soir, de cette cour, Desrivières. Bah ! ma cousine ne s’y prête peut-être pas autant qu’on le pense.

— Je le souhaite… pour vous, répliqua d’un air amusé Rodolphe Desrivières, qui avait bien vu que son ami ne quittait pas du regard sa cousine. Une glace complaisante, tout près, lui avait révélé toute une série de confidences échangées par le seul truchement des yeux entre la blonde Mathilde Perrault et son camarade de Saint-Denis-sur-Richelieu.

— Où allez-vous en sortant d’ici, Précourt ? demanda Rodolphe Desrivières.

— Je retourne chez moi. Quelques lettres me restent à écrire.

— C’est dommage. Je vous aurais amené chez des amis finir la soirée.

— C’est impossible. J’attends une personne, d’ailleurs. Elle doit même être rendue à ma chambre. Huit heures sont sonnées, je crois.

— Partie remise, alors ?

— Entendu.

Les jeunes gens sortirent de l’hôtel ensemble. Rodolphe Desrivières adressa tout à coup une demande à son compagnon tandis qu’il le reconduisait à sa chambre.

— Dites donc, Précourt, je vous ai vu, hier, confiant une lettre à un petit homme dont la figure m’a frappé comme traits, comme ressemblance. On le dirait de la famille de mon père… Je me trouvais à la fenêtre d’une maison, en face, et vous voyais tous deux sans être vus.

— C’est un orphelin que cet enfant, mon ami. Le curé Chartier, de Saint-Benoît, l’a confié au Dr  Duvert, à Saint-Charles. Les circonstances m’ont rapproché de ce petit homme intelligent et d’une rare perspicacité. Il n’a qu’une admiration dans la vie : les patriotes. Il se jetterait dans le feu pour en ramasser même un mouchoir !

— Vous n’exagérez pas un peu ?

— Non, je vous assure. Il est surprenant en ses gestes, cet enfant de onze ou douze ans, je crois.

— Mais encore, quel est son nom ? Où le curé de Saint-Benoît l’a-t-il connu ?

— Écoutez, Desrivières, il faudra poser toutes ces questions à Michel Authier lui-même. C’est le nom du petit garçon, cela, je puis vous le dire.

— Authier… Authier… ? Je ne connais pas du tout ce nom… Alors, au revoir, à bientôt, Précourt ? Vous ne repartez pas tout de suite pour Saint-Denis, j’imagine ?

— Pas avant la fin de juin. Et je serai à Saint-Laurent, lundi. M. Papineau, que nous devions rencontrer demain, ne peut nous recevoir, à cause justement du fameux discours qu’il prépare pour cette réunion : pas de chance, depuis mon arrivée à Montréal, avec des rendez-vous promis depuis longtemps…

— Nous vivons en des temps si troublés, mon ami. Il faut s’armer de patience…

— Desrivières, vous avez des mots qui frisent l’ironie… S’armer de patience ! Je vous vois vous défendre, tout comme moi, avec d’autres projectiles.

— Bonsoir, bonsoir, mon vieux Précourt. Vous ne changez pas, vous, au moins. Votre fougue ne se trahit même pas par des mots.

Olivier monta en quelques bonds l’escalier de la pension. Il logeait au premier palier, au bout d’un long corridor, à droite. Il allait mettre la clef dans la serrure, lorsque la porte fut ouverte du dedans par Michel. Le petit garçon s’effaça aussitôt, et alla se mettre près de la fenêtre, la tête basse et tenant entre ses mains, son bonnet de laine bleue.

— Bonsoir, Michel, fit Olivier, en jetant sur un meuble son chapeau, ses gants, sa canne, son manteau.

— Bonsoir, Monsieur, répondit l’enfant à voix basse.

— Mais qu’est-ce qu’il te prend de te tenir ainsi comme un condamné… Suis-je un tyran maintenant ? demanda Olivier, en allumant sa pipe favorite et en s’installant dans un fauteuil. D’abord, viens t’asseoir sur ce sofa, en face de moi ? Tu n’entends pas ?

— Monsieur, vous avez donc oublié… ce qui s’est passé, cet après-midi ? Je ne pense qu’à cela, moi. Je n’ose avancer. M’avez-vous pardonné ?

— Michel, je te le répète, place-toi sur le sofa en face de moi… Bien. Regarde-moi maintenant. Oh ! la piteuse figure que tu as !… Aussi, c’était insensé de te jeter en bas d’un arbre, comme tu l’as fait.

— Je ne le regretterais pas, Monsieur, si vous ne m’aviez pas grondé si fort, si vous ne m’aviez fait comprendre que vous… que vous ne… m’aimiez plus !

Et l’enfant qui avait prononcé d’une voix rauque ces derniers mots, baissa de nouveau la tête.

— Tu es bien sûr, Michel, que je ne t’aime plus ?

Et Olivier, qui souriait, se leva et vint se placer près de l’enfant, sur le sofa. Il releva sa tête, et plongea son regard dans le sien.

— Faisons la paix, Michel. Loin de t’en vouloir, je te dois un peu et même beaucoup de reconnaissance. Ton intervention, petit, a assuré mon bonheur.

— Bien vrai, Monsieur ? fit Michel dont les yeux rayonnèrent aussitôt.

— Oui, bien vrai.

— Que je suis content ! Alors, la belle princesse bleue est heureuse aussi ?

— Presque autant que moi.

— Puis, vous n’êtes plus fâché contre moi ? Certain, certain ?

— Je te l’ai dit tout à l’heure.

— Je partirai demain matin avec le Dr  Duvert avec quel plaisir maintenant.

— Tu ne pars certes pas pour Saint-Charles demain.

— Non ? Le Docteur, pourtant, m’a dit…

— Michel, qu’est-ce que tu veux que je fasse pour toi, en reconnaissance du bien que tu m’as fait cet après-midi ? Ah ! ce soir, je t’assure que je me sens heureux comme un roi. Comme tu le désirais.

— Je ne veux rien, Monsieur. Seulement, vous me donnerez encore des messages à faire, lorsque vous reviendrez à Saint-Charles, n’est-ce pas ?

— Je te dis que tu ne pars pas pour Saint-Charles.

— Où irai-je, Monsieur ?

— Tu resteras ici, avec moi, près de moi, à mes ordres.

L’enfant poussa un cri et se leva.

— Oh ! Monsieur, Monsieur, cria-t-il en riant et en pleurant tout à la fois, ce serait possible cela ? Je ne vous quitterais plus ? Je serais votre protégé à vous, à vous que j’admire tant… Mais, ajouta-t-il bientôt craintivement, votre grand’mère, votre sœur, d’autres aussi ne le voudront pas ?

— Tu crois que je ne suis pas un assez grand garçon pour agir sans leur permission ?

Et Olivier, plus ému qu’il ne voulait le paraître, se prit à rire très haut, tout en attirant de nouveau sur le sofa le petit garçon tremblant de joie.

— Je ne sais pas, moi, Monsieur. Mais c’est un si grand bonheur que vous me proposez là que j’ai peur, oui, bien peur, qu’il ne puisse pas m’arriver.

— Tu as tort, petit. C’est chose décidée depuis quelques heures, dans mon esprit. Et tu sais quand je veux quelque chose…

— Et le Dr  Duvert, Monsieur ?

— Il sera enchanté. Il ne t’apprécie pas comme tu crois. Il te trouve entêté, querelleur, cachottier… Et Olivier, narquois, regarda un peu en dessous, Michel.

— Je ne suis pas tout cela, fit l’enfant en soupirant, oh ! non ! Mais le docteur voulait savoir une chose que jamais, jamais, je n’aurais dite à personne. Vos secrets et ceux de la princesse, c’est sacré pour moi, voyez-vous.

— Bien, Michel, approuva Olivier qui s’amusait de voir l’enfant appeler ainsi sa fiancée. La princesse et moi, aurons toute confiance en notre messager, à l’avenir. Et, maintenant, petit, nous allons nous arranger pour pensionner ensemble ici, ce soir et demain. Après-demain, nous nous installerons dans deux pièces de l’hôtel Rasco. Je vais voir aussi à t’habiller convenablement, car tu iras toutes les après-midi prendre des leçons d’un bon vieux Sulpicien, qui sera heureux de te préparer pour les cours réguliers, que tu suivras l’an prochain, dans quelque institution, mais comme externe, ne crains rien. D’ici à l’automne, je te garde près de moi. Toutes les avant-midi, tu seras à ma disposition pour des messages et d’autres petites tâches. Le soir, tu seras encore auprès de moi, pour t’occuper de tes études. Mais tu ne vas pas pleurer, Michel, un petit homme brave et avisé comme toi, qui as failli se casser le cou, cet après-midi, pour les beaux yeux d’une princesse… Allons, allons, ris, petit. Et viens m’aider à tout ranger, à tout préparer pour la nuit… Nous allons dormir à qui mieux mieux, je crois… La joie à tous deux, pour des raisons différentes, nous a rompus, moulus, brisés de fatigue… Non, non, Michel, ne sois pas ridicule, ne grimace pas : horreur ! Ne m’embrasse pas ainsi les mains. Je déteste, j’abhorre les signes extérieurs de reconnaissance… C’est cela, mon adroit petit garçon, serre plutôt les objets qui traînent… tandis que les tiroirs de ce bureau sont vides… Ah ! ah ! ah ! nous ferons bon ménage, je crois.

***