Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Quand le Dieu perruqué


XXVIII.


Quand le Dieu Perruqué ses grands coursiers attelle,
Pour nous darder ses rets plus que l'or reluisans :
Je sens sourdre dans moy mille soupirs cuisans,
Poussez d'un soin rongerd qui tousjours me martelle.

Autant qu'il va haussant sa lumiere immortelle,
Autant mon mal s'avance & consomme mes ans :
Autant qu'il ayde à tout mes maux me sont nuisans,
Et comme il est sans fin, ma peine est eternelle.

S'il eslongne de nous son ardante douleur :
De plus en plus s'accroist mon ardante douleur :
Tellement que le temps se change & non ma peine.

La nuict chasse le jour, le jour chasse la nuict,
Et Phœbus, & Phœbe chacun à son tour luit :
Bref tout est incertain, mais ma peine est certaine.