Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Lors qu'espris de ce feu


XCIII.



Lors qu'espris de ce feu l'infortuné Leandre,
Malgré les Aquilons fendoit le fil de l'eau :
Guidé de la clairté du nocturne flambeau,
Que pour certain signal Hero luy souloit pendre,

Forcea tant les destins que sa jeunesse tendre,
Eut pour ne choisir pas le temps serain & beau :
Le feu pour luminaire, & la Mer pour Tombeau,
Et pour lict le rivage ou on le veit estendre.

Mon flambeau cest ton œil plein de douce fureur,
Mon tombeau sont mespleurs tesmoings de la douleur,
Que je sens nuict & jour pour tes beautez divines.

On le veit palle & froit pres la tour Cestienne,
On me verra transi pres de l'image tienne,
Sur un lict parsemé de chardons & d'espines.