Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Les Dieux ne devoient pas


XXVI.


Les Dieux ne devoient pas d'une si pure essence,
Former tes chastes mœurs : & mon astre cruel,
Ne devoit point aussi rendre perpetuel,
L'implacable destin qui suivit ma naissance.

Que sert aux deitez (qui ont toute puissance,)
D'allumer dans mon cueur un desir eternel,
De suivre en me flattant le mal-heur perennel,
Qui a tousjours guidé les pas de mon enfance.

Helas n'avois-je assez de ce grand Jupiter,
En la crainte, & l'amour? sans encore t'irriter,
Plus cruelle envers moy qu'une quarte Eumenide?

Blasme donque mon astre & tes perfections,
Qui pour estre le but de mes affections,
Te font injustement estre mon homicide.