Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/La saincte affection


LII.



La saincte affection qui embraze noz ames,
D'un si parfait amour qu'il n'a point de pareil
Nous fait luire sur tous ainsi qu'un beau Soleil,
Sur le divin trouppeau des immortelles flames.

Depuis que les destins par leurs fatalles trames,
Ont eslongné mes yeux de leur pole vermeil :
Plus grief leur est le jour & plus grief le sommeil,
Qu'agreable aux forceats l'absence de leurs rames.

Toutefois vous avez moins d'amitié que moy,
Le Soleil qui luit seul a plus de force en soy,
Que sa sœur qui se rend aux estoilles commune :

Je n'ayme rien que vous, cous estes ma moitié,
Mais vous ne m'aymez seul, ainsi pour l'amitié,
Je seray le Soleil & vous serez la Lune.