Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/J'appellay mes esprits


LXXX.



J'appellay mes esprits qui encor par le vuide,
Contemploient my-beans ce grand globe vouté :
Et tel qu'un beau poulin vagabont, indompté,
Je refoulay les fleurs de mon rivage humide.

N'imitant toutefois le soldat Peleïde,
Qui pour venger Atride, & ravir la beauté
Qui Coresbe insensa : de rage surmonté,
Traina mille vaisseaux sur la plaine liquide.

Ains d'un pas mesuré, & d'un grave sourcy,
Franc d'amour, franc de peur, de peine, & de soucy,
J'entray dans le palais ou logeoit ma maistresse :

Mais si tost que je vey ce miracle des Cieux,
Ce Soleil renaissant de l'esclair de ses yeux,
Humble je l'adoray pour celeste Deesse.