Les moteurs à gaz/Filtration

L. Boulanger (Le livre pour tous no 95p. 11-12).

FILTRATION

La filtration a pour objet de débarrasser le gaz, — qui ne s’est encore purgé que du goudron, des huiles empyreumatiques et d’une partie des sels ammoniacaux qu’il contenait, — des matières étrangères que le gaz, en sortant des cornues, entraîne avec lui, en globules de substances diverses. Pour cela on l’oblige à traverser une agglomération de corps solides, qui offrent des surfaces pleines d’aspérités, dont le contact doit arrêter ces globules.

L’appareil employé à cet usage est appelé en Angleterre ratisseur, ce qui est en somme son vrai nom. En France on le désigne sous celui de colonne à coke.

C’est en effet un cylindre vertical, en fonte, rempli aux trois quarts de coke concassé auquel on mêle des débris de brique, le tout humecté, non plus comme autrefois avec un filet d’eau ordinaire, mais avec de l’eau ammoniacale provenant d’une précédente distillation.

Le gaz chassé par l’aspirateur, qui est généralement placé à la suite des scrubbers, arrive par le haut de cette colonne qu’il traverse dans toute son épaisseur (cinq à six mètres dans les grandes usines) et il en sort par le bas, après s’être débarrassé de la plupart des corps étrangers qu’il tenait en suspension, pour se rendre dans les épurateurs.

Dans quelques usines, on remplace maintenant les colonnes à coke par des appareils de refroidissement et de condensation composés de tubes horizontaux placés les uns au-dessus des autres.

Dans celles, nombreuses à l’étranger et surtout en Angleterre, où l’on se sert des scrubbers Kœrting, il n’en est pas besoin, puisque le gaz se purifie physiquement, aussi complètement que possible, dans les tuyaux du condenseur.

À l’usine, de Saint-Mandé, l’appareil de filtrage est horizontal et le gaz, qui arrive par un côté à la partie supérieure, en sort par l’autre à la partie inférieure, après avoir traversé une couche épaisse d’un corps poreux.

Presque partout on termine l’opération, qui n’est pas encore complète, en faisant passer le gaz dans de grandes caisses en tôle, qu’on a remplies à moitié d’eau, et dont on a recouvert la surface liquide d’une plaque horizontale, percée comme un crible.

Ce dernier passage débarrasse le gaz de tous les produits empyreumatiques et de la plus grande partie des sels ammoniacaux qu’il contenait.

Reste à séparer les gaz divers qui sont toujours combinés, c’est pour cela qu’il faut une épuration chimique.