SOPHIE GAIL.



Joli monument en marbre blanc, ombrage de liladiers et de rosiers, et sur lequel on lit, pour toute épitaphe,

sophie gail.

nom que beaucoup d’esprit et d’amabilité et des compositions musicales pleines de charmes et de graces ont rendu célèbre.




Sophie Gail, née à Paris, épouse de M. Gail, savant helléniste et littérateur estimé, ne s’occupa d’abord de la musique que comme un délassement, et faisait des romances dont les motifs parurent très-heureux. Encouragée par des succès de société elle se livra à des études plus sérieuses, et composa la musique de plusieurs opéras qui lui assurèrent un rang distingué sur notre scène lyrique par le cachet original et la vérité d’expression qui caractérisent ses compositions. Les deux jaloux, joués à Feydeau en 1813 ; Mademoiselle de Launay, pièce qu’on ne joue plus depuis la retraite de Gavaudan ; Angéla, la Méprise, etc., des romances et des nocturnes qui eurent un succès de vogue, l’ont placée au nombre de nos meilleurs artistes.

Les vers suivants nous ont paru exprimer heureusement l’opinion qu’on doit avoir des talents de madame Gail et les regrets inspirés par sa perte.

Pleurez, muses de l’harmonie !
Nous n’entendrons plus vos accents ;
Elle n’est plus, cette Sophie
Dont nos voix répétaient les chants.

Hélas ! sa lyre enchanteresse,
Dont les accords étaient si doux,
Ne nous peindra plus la tendresse
Et les transports de deux Jaloux.

Amant, sa douce mélodie
Ne viendra plus à ton secours,
Pour redire avec ton amie
Le doux serment d’aimer toujours.

Et vous dont sa lyre facile
Embellissait les tendres vers,

Cessez un travail inutile ;
Nous n’entendrons plus ses concerts.


Le poète a brisé sa lyre,
L’amour a brisé son carquois,
L’amitié tristement soupire,
Et le rossignol est sans voix.

(Par Charles-Frédéric).