Mlle CONTAT.



Sous une tombe de gazon émaillée des fleurs les plus brillantes et ombragée de rosiers, sont déposés, sans épitaphe et sans monument, les restes d’une femme qui brilla long-temps au premier rang sur la scène française, et ne fut pas moins recommandable par de vrais talents que par son esprit, son amabilité, et toutes les graces de son sexe.




Mademoiselle Contat, moins connue sous le nom de madame de Parny, était née à Paris en 1760. Élève de madame Préville, elle débuta, à l’âge de 16 ans, à la comédie franchise, par le rôle d’Atalide de la tragédie de Bajazet. Mais ses dispositions naturelles la rendaient plus propre à la comédie, et elle y réussit beaucoup mieux : elle jouait avec succès les grandes coquettes, lorsque tout-à-coup elle parut dans le rôle de Suzanne du Mariage de Figaro, et avec tant d’avantage, que Préville, surpris et enchanté, lui dit dans la coulisse : Voilà la première infidélité qu’on me fait faire à mademoiselle Dangeville, célèbre alors dans l’emploi des soubrettes. De ce moment sa réputation fut au plus haut degré, et elle fit les délices de la capitale. Les rôles de la Coquette corrigée, d’Elmire du Tartuffe, de Célimène du Misanthrope, de madame Évrard du Vieux Célibataire, de madame de Nozan de la Mère jalouse, etc., qu’elle jouait avec une égale perfection, prouvent toute l’étendue et la flexibilité de son talent. Quoiqu’elle eut pu briller encore long-temps sur la scène, elle se retira à l’age de cinquante ans. Le trait suivant fera connaitre la délicatesse de son esprit et la noblesse de ses sentiments.

En 1789 la reine lui fit dire qu’elle désirait la voir dans le rôle de la Gouvernante, qui n’était point son emploi. Quoiqu’elle n’eut que 24 heures pour apprendre plus de 500 vers et saisir l’esprit de son rôle, mademoiselle Contat fit ce qui paraissait impossible, et écrivit en réponse à celui qui lui avait transmis le désir de la reine : « J’ignorais ou £tait le siège de ma mémoire, je sais à présent qu’il est dans mon cœur »[1].

Mademoiselle Contat (ou madame de Parny) est morte d’un cancer en 1816. On assure que, quelque temps avant sa mort, elle avait livré aux flammes un recueil assez considérable de poésies échappées à sa plume, parce qu’elles contenaient des satires personnelles.



  1. Cette réponse fut publiée par ordre de la Reine.