Les invisibles de Paris (Aimard)/IV/XVIII

Roy et Geffroy (p. 751-759).
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XVIII

UN AMI INCONNU

À son réveil, le lendemain matin, le comte de Warrens se jeta à bas de son lit.

Sans même prendre le temps de se vêtir, malgré un froid piquant, il s’y prit comme la veille, débarrassa la table de tout ce qui pouvait gêner l’exécution de son projet, la porta au pied de la fenêtre, plaça la chaise sur la table, monta sur la chaise et regarda.

Il retint avec peine un cri de surprise.

Les arbres avaient disparu.

À leur place, il apercevait le sommet d’un toit, humblement couvert de chaume.

On le changeait de chambre ou de cellule chaque nuit. Le fait devenait certain pour lui.

Oui ; mais comment s’y prenait-on ?

Que se passait-il pendant son sommeil ?

Ce sommeil lui-même, si lourd, si profond, comment parvenait-on à l’obtenir de lui, qui d’ordinaire savait si facilement s’en passer ?

Chaque soir ne lui versait-on pas quelque narcotique dans ses aliments ou dans sa boisson pour le plonger dans une léthargie factice, pendant laquelle on faisait de lui ce qu’on voulait ?

Passe-Partout frémit à cette pensée.

Elle lui était déjà venue.

Mais jamais elle ne lui était venue aussi claire, aussi lucide qu’en ce moment.

Puis, pour la centième fois, il se le demandait sans pouvoir se donner une réponse concluante : dans la main de quel implacable ennemi était-il tombé ?

Quels sinistres projets, quelles vues ténébreuses cet ennemi, quel qu’il fût, nourrissait-il contre lui ?

Cette comédie de toutes les nuits, qu’on jouait ainsi depuis deux semaines, avec une si effroyable ténacité, cachait une idée de vengeance bien arrêtée.

Un nom revenait toujours sur ses lèvres :

Celui de la comtesse Hermosa de Casa-Real.

N’était-elle pas son mauvais génie ? N’avait-elle pas juré sa perte ?

En somme, ne se défendait-elle pas en l’attaquant, lui, qui tenait entre ses mains une arme si terrible contre elle ?

Oui, mais de cette arme, il n’avait encore ni usé, ni abusé.

C’était bien imprudent à elle déjouer ainsi avec le feu de sa colère.

D’ailleurs, sa perte, sa mort, enlevaient à la comtesse toute espérance de retrouver son enfant !

Il se disait tout cela.

Puis venaient les arguments qui parlaient contre ce fond d’idées.

De quelle puissance assez grande la comtesse de Casa-Real, étrangère en France, pouvait-elle disposer, pour mener à fin une si terrible, une si dangereuse vengeance ?

Passe encore à la Havane.

Mais la catastrophe du brick La Rédemption avait renversé le piédestal de son influence, même dans ce pays.

Jugeant le capitaine Noël par elle-même, la créole s’était dit qu’il allait transmettre aux autorités tous les détails de cet horrible assassinat.

Il n’en fut rien pourtant. Noël empêcha San-Lucar d’en ouvrir la bouche.

Il pardonna encore cette fois.

La comtesse de Casa-Real, réfugiée en France, contrainte, malgré sa richesse, à se tenir sur un qui-vive continuel, ne devait, ne pouvait avoir entre les mains d’aussi formidables moyens d’action.

La Havane lui était donc interdite.

Elle se croyait accusée, dénoncée.

Hermosa, créole, cruelle, vindicative, mais réduite à l’impuissance, devait, comme la tigresse aux aguets, attendre patiemment son ennemi ou sa victime, et ne s’élancer sur lui ou sur elle que sans risquer de compromettre sa chasse ou sa vengeance.

En supposant même qu’il se trouvât en ses mains, comment l’épargnait-elle si longtemps, elle, qui avait tout risqué, à plusieurs reprises, pour le faire assassiner ?

Étrange contraste !

Choc de passions inexplicables chez cette femme !

Le mardi détruisait chez elle toutes les impressions du lundi.

Un jour elle se laissait aller à ses pensées de haine et de colère ; le lendemain, soit lassitude, soit bons sentiments, elle décommandait les crimes ou les tentatives de crimes ordonnées la veille.

Il était impossible de compter sérieusement avec un caractère comme celui-là.

Non, la créole n’était pour rien dans cette affaire.

Passe-Partout se répétait cela continuellement.

Et pourtant, dans son for intérieur, le nom de la comtesse de Casa-Real était celui qui lui revenait le plus souvent au cerveau.

Elle seule pouvait mettre ces raffinements, cette coquetterie féroce dans la revanche qu’elle prenait.

M. Jules ?

M. Jules était un agent de police, plus adroit peut-être que ses confrères, oui, mais, à cause de ses antécédents, l’ex-chef de la police de sûreté n’aurait pas osé risquer de retourner au bagne pour une satisfaction toute d’amour-propre.

Coquin de bas étage, faussaire, voleur, oui ! mais assassin ! assassin ! lâche et froid ! assassin ! bourreau et tortionnaire ! non, M. Jules ne l’avait jamais été.


Dans la charrette il y avait sa femme.

Il avait de l’honneur et de la probité à sa manière. Le meurtre lui répugnait.

Maître du comte, il l’aurait purement et simplement livré au préfet de police, comme chef de l’association des Invisibles, et sa part eût fini là.

Ne pouvait-il pas l’avoir vendu ?

À qui ?

À la comtesse de Casa-Real, après avoir aidé à le prendre vivant, ou bien après l’avoir capturé lui-même, lui seul ?

Ah ! voilà qui était possible, probable même.

Le comte en était là de ses marches et contremarches imaginaires, quand il se sentit rappeler au sentiment de sa tenue légère par le froid excessif, qui le mordait trop cruellement.

Il sauta à bas de son échafaudage, remit tout en ordre et s’habilla.

Cela fait, il s’assit.

Machinalement, comme la veille, ses yeux tombèrent sur sa montre, où ils la cherchèrent.

Il la prit pour la remonter.

Il en ouvrit le boîtier.

Du boîtier ouvert, s’échappa un papier de soie.

Dans sa situation ; rien n’était indifférent, tout lui devenait un événement.

Il regarda.

Sur ce papier, on avait écrit quelques mots microscopiques au crayon.

Le comte tressaillit de joie.

Il parvint à grand’peine à déchiffrer cette écriture.

Voici ce que disait le papier :


« On veille…

« Ne buvez pas de vin.

« Ou si vous en buvez, que ce soit peu et coupé d’eau.

« Jetez le reste de la bouteille, pour faire croire que vous avez tout bu.

« Un ami. »


— Un ami ! répéta le comte de Warrens. Un ami ! Qui cela ? Pourquoi n’a-t-on pas signé ?

« Martial aurait signé.

« Les autres amis aussi.

« Pourquoi celui qui m’écrit, ne me dit-il pas son nom ?

Puis, se frappant le front, il réfléchit.

— C’est un piège, fit-il. Bah ! je le verrai bien ! Quelle que soit la source de cet avertissement, de cet encouragement… merci à l’ami inconnu… Son avis est le bienvenu. Il ne faut rien négliger !… Ce papier dit vrai, je le sens ! Je serais fou en ne l’écoutant pas.

Il déchira le papier en parcelles presque imperceptibles, et le jeta tout éparpillé sous son lit.

À l’heure habituelle, le porte-clefs parut avec le déjeuner.

Contrairement à sa coutume, le digne homme était en humeur babillarde.

Il paraissait presque gai.

M. de Warrens s’aperçut de ce changement, qui le rendit soupçonneux et réservé.

Ne laissant rien paraître de ses impressions, il feignit d’entrer dans la disposition joyeuse du guichetier.

Il lui donna même la réplique.

— Vous êtes gai, aujourd’hui, mon brave ? lui dit-il.

— Ma foi, oui.

— Et vous avez des raisons pour cela ?

— Peut-être bien.

— Et peut-on savoir ce qui vous rend si heureux ?

— Demandez et nous verrons.

— C’est que généralement, quand je vous interroge, vous ne me répondez guère.

— Essayez.

— Oh ! je veux bien… J’ai du temps de reste… lit Passe-Partout philosophiquement.

— Voyons.

— Auriez-vous fait un héritage ?

— Je suis enfant trouvé.

— Ah !

— Oui.

— Alors ce n’est pas cela ?

— Non.

— Cherchons.

— Cherchons.

Ils restèrent une demi-minute silencieux, ne cherchant pas, mais s’examinant l’un l’autre à la dérobée.

— Dites donc… reprit le prisonnier.

— Quoi ?

— Si vous me disiez tout bonnement la chose, cela m’éviterait la peine de la chercher.

— Au fait.

— Allons, voyons.

— Je veux bien…

— Qu’est-ce ?

— Voilà ce que c’est : Grâce au ciel, d’ici à deux jours je vais devenir libre comme l’air.

— Libre ! vous ?

— Moi-même.

— Ne l’êtes-vous donc pas ?

— Pas plus que vous.

— Êtes-vous emprisonné comme moi ?

— Oui.

— Je ne comprends pas.

— Je le suis… à cause de vous.

— Comment ? Je vous le répète, je ne vous comprends pas.

— Vous, non… mais moi, oui. Vous n’auriez pas la tête si dure…

— Merci !

— Si vous ne dormiez pas comme un vrai loir.

— C’est vrai. Je dors beaucoup.

— Trop.

— Ah ! vous trouvez ? fit Passe-Partout s’embrouillant de plus en plus dans ce mélange de rudesse et de bonne volonté à son égard.

— Oui… mais suffit., assez causé pour l’instant.

— Nous n’avons rien dit !

— Voilà le couvert mis… buvez, mangez, et grand bien vous fasse !

Le comte se mit à table et prit son pain, qu’il se disposait à rompre par le milieu.

Le guichetier l’arrêta :

— Bon ! voilà que vous allez casser votre pain devant moi !

— Est-ce vous manquer de respect, mon maître ? demanda avec une joyeuse ironie le prisonnier, qui ne perdait pas une des paroles du porte-clefs.

— Ce n’est pas cela.

— Alors ?

— Je trouve seulement plus propre de couper le pain que de le casser, voilà tout.

— Cela fait moins de miettes, répondit Passe-Partout en riant. C’est bon, mon ami… Je vais couper mon pain comme un bon paysan que je voudrais être… Après tout, vous avez bien raison, et je ne sais vraiment pas pourquoi dans le monde et dans la civilité puérile et honnête on vous dit : Cassez votre pain, ne le coupez pas.

Le guichetier sortit en le regardant mystérieusement et en mettant un doigt sur ses lèvres.

— Il y a quelque chose, murmura le prisonnier. Voyons un peu.

Il saisit le couteau à lame ronde qui se trouvait sur la table et fendit le pain dans toute sa longueur.

Les deux parties du pain tombèrent l’une à droite, l’autre à gauche.

Dans celle de gauche se trouvait un long poignard à gaîne de chagrin.

Le comte le reconnut. Ce poignard lui appartenait.

Mais comment parvenait-il entre ses mains, surtout d’une si étrange façon ?

Ce fut avec un véritable sentiment de reconnaissance pour son ami inconnu que le comte, plein de joie, cacha l’arme dans sa poitrine.

Mais cette surprise n’était pas la seule qu’il devait éprouver ce jour-là.

Le guichetier avait posé trois gamelles sur la table. Ces gamelles contenaient son repas du matin.

Il ouvrit la première : elle renfermait une paire de revolvers à six coups chacun. De ces mignons coups-de-poing, vrais bijoux qui ne se fabriquaient alors qu’en Amérique.

Les revolvers étaient chargés.

Le comte les fit vivement disparaître.

Il se sentait sauvé. Il tenait la vie de douze hommes dans sa poche.

Le brave guichetier était son complice. Plus de doute à cet égard.

L’avis, reçu le matin, venait bien réellement d’un ami.

Croire plus longtemps à un piège, c’eût été douter de la bonté céleste.

Il se laissa aller en toute confiance à l’espoir qui pointait pour lui.

La seconde gamelle contenait une bouteille plate, garnie de cuir.

Cette bouteille était pleine d’eau.

— Tout est prévu, se dit-il.

Il ouvrit alors la troisième gamelle.

Celle-là contenait le déjeuner.

Le comte se mit gaiement à table.

Qu’avait-il à redouter maintenant ?

Des amis au dehors !

Un complice au dedans !

Et des armes !

Tout lui souriait de nouveau.

La partie perdue aux trois quarts se relevait pour lui.

Les probabilités se mettaient de son côté.

Il ne se préoccupa plus que d’un seul soin, cacher ses armes.

Les revolvers ne l’inquiétaient pas, leur petitesse permettait de les mettre, sans l’ombre de danger, dans les poches de côté de sa veste.

Pour le poignard, la difficulté grandissait.

Cette arme, œuvre d’un ouvrier espagnol du xve siècle, était une véritable miséricorde, longue d’environ dix-huit pouces, y compris la poignée, ciselée avec une délicatesse et une perfection rares.

Le comte de Warrens la dégaina.

Un papier était roulé autour de la lame.

Sur ce papier étaient écrites certaines instructions d’une écriture fine et même ressemblant à s’y méprendre à celle du billet que le prisonnier avait trouvé précédemment caché dans le boîtier de sa montre.

Cette écriture, il crut la reconnaître.

Mais l’idée que la personne à qui elle appartenait pouvait se trouver auprès de lui tombait tellement dans l’absurde que Passe-Partout la rejeta sans y réfléchir davantage.

Il crut à une ressemblance de plume.

On lui disait qu’il pouvait avoir la confiance la plus absolue dans le guichetier, dont on avait acheté le dévouement.

On l’avertissait de se méfier des breuvages qui lui étaient servis.

On lui recommandait surtout de veiller et de se tenir sur ses gardes, le moment de sa délivrance approchant, et ses amis étant prêts à intervenir vigoureusement en sa faveur.

Les deux derniers mots de cette missive étaient : « Patience ! espoir ! »

Le papier eut le même sort que le billet, c’est-à-dire qu’il l’anéantit.

Il cacha le poignard sous son gilet.

Puis se jetant nonchalamment sur son lit, il ouvrit pour la seconde fois le beau livre de Silvio Pellico.

Voici le chapitre ou le commencement du chapitre qui, par un incompréhensible hasard, lui tomba sous les yeux :


chapitre xxiii

« Le geôlier me précédait.

« Je le suivis en silence.

« Nous traversâmes plusieurs corridors et plusieurs salles, et nous arrivâmes à un petit escalier qui nous conduisit sous les Plombs, prisons d’État célèbres depuis le temps de la République vénitienne.

« Là, le geôlier me demanda mon nom, l’inscrivit, et, cela fait, il m’enferma dans la chambre qui m’était destinée.

« Les Plombs sont la partie supérieure de l’ancien palais des doges.

« Partie toute couverte en plomb.

« Ma chambre avait une fenêtre avec une énorme grille en fer, et plongeait sur le toit, en plomb aussi, de l’église Saint-Marc.

« Au delà de l’église, je voyais au loin l’extrémité de la place ; de tous côtés des toits et des clochers s’offraient à mes regards.

« Le clocher gigantesque de Saint-Marc n’était séparé de moi que par l’église elle-même ; et j’entendais parler les personnes qui se tenaient sur le sommet de la plate-forme. »


En comparant la situation de ce malheureux martyr avec la sienne, le comte de Warrens fut sur le point de remercier Dieu.

Silvio Pellico, avant même d’aller au Spielberg, avait dû renoncer à toute espérance, comme les damnés du Dante.

Au moment de refermer ce livre, qui, dans la disposition d’esprit où il se trouvait, lui semblait un contresens, par sa résignation et par son trop plein de mysticisme, il tomba sur la dernière page, sur le trait final que voici :


« Ah ! de tous mes maux passés et de ma félicité présente, du bien et du mal qui m’arrivent, que la Providence soit bénie !

« De leur plein gré ou contre leur volonté, les hommes et les choses sont les admirables instruments qu’elle emploie dans un but constamment digne d’elle ! »


C’était tout.

Passe-Partout lisait ainsi non pas pour se distraire, mais afin de donner le change à ses ennemis, à ses surveillants, pour peu que l’envie les prit de le surprendre en le visitant à l’improviste dans sa cellule.

Et pourtant il ne put s’empêcher de mettre momentanément de côté ses propres appréhensions, pour admirer la foi en Dieu, la grâce inaltérable de ce chrétien qui avait tant souffert, et qui ne savait pas ce que c’était qu’un cri désespéré.

Quoique les malheurs passés de Silvio Pellico servissent de diversion à ses ennuis, la journée fut longue pour le comte de Warrens.

Elle lui parut interminable.

À l’heure ordinaire le porte-clefs entra ; il apportait le dîner.

Les hommes n’échangèrent pas un mot.

Seulement, pendant que le guichetier arrangeait le lit et mettait le couvert, le prisonnier vida le contenu de la bouteille qu’on lui apportait, jusqu’aux deux tiers, dans la bouteille empaillée…

L’autre, sans paraître s’en apercevoir cependant, le regardait faire du coin de l’œil ; puis, lorsque le comte eut fini, il ramassa les gamelles vides et sortit.

Le prisonnier expédia vite son repas.

Le moment approchait.

Il le sentait.

C’était la dernière et suprême bataille.

Il s’agissait de jouer serré, de lutter de ruse, de tromper des trompeurs.

Préparant tout pour faire croire qu’il se disposait à dormir sa grasse nuitée, il s’étendit sur le lit, ayant soin de placer sur la table un livre entr’ouvert, selon son habitude.

Puis, laissant comme il faisait toujours, la bougie allumée, il ferma les yeux et il attendit.

Si brave qu’il fût, son cœur battait.

Il allait avoir affaire à un ennemi terrible !

À l’inconnu !

Or, l’inconnu, pour les âmes les mieux trempées, est plus effrayant qu’un danger avéré, inévitable, quel qu’il soit.

Son attente ne fut pas longue.

Elle ne dura qu’une demi-heure.

Demi-heure dont il compta chaque seconde, en prenant pour pendule le mouvement précipité et pourtant si lent à son gré de son cœur.

Enfin un léger grincement se fit entendre dans la serrure.

La porte tourna sur ses gonds, huilés avec soin, et plusieurs hommes entrèrent à pas de loup.

M. de Warrens ne pouvait rien voir.

Quoiqu’il en eût fortement envie, il gardait courageusement les yeux fermés.

Mais il entendait.

Et c’était quelque chose !

Un instant la pensée lui vint de se lever et, les revolvers aux poings, de se ruer à l’improviste, à corps perdu, sur ses ennemis.

Il résista à cette pensée, à cette tentation imprudente.

Il était probable que, provisoirement, on n’en voulait point à sa vie.

Et puis, ses adversaires étaient sans doute nombreux, bien armés, eux aussi !

Sans doute aussi, leurs précautions étaient-elles bien prises ?