Les filles de Loth et autres poèmes érotiques/29

Compendium érotique
Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Texte établi par Bernard, Edmond Dardenne, Imprimerie de la Genèse (Sodome) (p. 155-163).

Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Bandeau de début de chapitre
Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Bandeau de début de chapitre

COMPENDIUM ÉROTIQUE


Jouir, faire jouir, lecteurs, est un grand art ;
Plus d’un s’y croit savant, qui n’est qu’un sot paillard.
On peut foutre, il est vrai, sans grandes aptitudes ;
Pour devenir cochon, il vous faut des études.
Les branches de cet art sont des mondes distincts
Qui ne sont révélés qu’à de certains instincts ;
Le vulgaire fouteur ne les saurait connaître,
L’artiste en jouissance, avant de passer maître,
Doit savoir finement, par principes, branler,
Peloter, caresser, sucer, foutre, enculer.
— « Mais, nous savons cela, pour sûr », allez-vous dire,
Hélas ! vous le croyez, et c’est bien là le pire.
Avant que d’être experts en notre académie,
De la pine et du con, sachez l’anatomie ;
Étudiez à fond les organes divers
De ces puissants engins, pères de l’Univers,
De ces beaux instruments, aux touches merveilleuses,
Que le plaisir parcourt en gammes amoureuses.

Ô naïves beautés ! avez-vous conscience
De l’art de bien branler ? — C’est toute une science,
Et que vous ignorez. Que vos doigts polissons
Bien attentivement répètent ces leçons ;
Votre main, inhabile à caresser la pine,
Sous peu la maniera d’une façon divine ;
À la base du gland est une cavité ;
Chez l’homme siège de la sensibilité,
De votre dextre main, d’effluves imprégnée,
Passez à cet endroit, en pattes d’araignée
Le rose bout des doigts. D’abord de haut en bas,
Puis circulairement. C’est là le premier pas.
Parfois, aussi, prenant à pleine main la pine,
Descendez, remontez, de façon patemine.

De la gauche, pressant les couilles assez fort,
Frôlez les poils du cul — l’omettre est un grand tort.
Pratiquez lentement les passes que j’indique :
Le toucher léger rend le bander énergique,
Facilite beaucoup l’éjaculation.
À ce moment, surtout, prêtez attention :
Ne faites qu’effleurer, sans jamais passer outre,
Pour ne pas empêcher de s’élancer le foutre.
Le branlage attaquant le système nerveux,
En serrant, vous rendriez le plaisir douloureux.
Une bonne branleuse est un être fort rare,
Une artiste de prix, de son talent avare !
Pendant que, sottement, la vulgaire putain
Vous éreinte le nœud en agitant la main,
Comme on voit secouer un vase que l’on rince,
L’autre fait éprouver plaisir digne d’un prince.

Peu d’hommes sont assez experts en la matière
Pour bien branler un con : c’est une erreur grossière,
De chagriner en vain, au-dessous du pubis,
Ce bouton délicat qu’on nomme clitoris.
Il est autre façon, permettant de mieux faire ;
Je me croirais ici coupable de la taire ;
Les lèvres s’écartant, introduisez un peu
Dans le vagin, en haut, votre doigt du milieu.
Le con ainsi saisi, que vos doigts, les quatre autres.
Aillent sournoisement, comme de bons apôtres,
Fourrager dans les coins. Remuez en verceau :
Opérer autrement est le fait d’un puceau.
Avant de commencer un chapitre plus grave,
Je réfléchis. Lecteur, sais-tu faire l’octave ?
Chacun sait que les doigts d’un joueur de piano,
Pour doubler une basse — par exemple le do —
S’écartent, pour frapper les deux notes extrêmes.
Pour doubler le plaisir, les procédés sont mêmes ;
Faites l’octave au cul quand vous branlez le con,
Ne l’oubliez jamais, chatouillant un téton.

Je parlerai fort peu des manières de foutre ;
C’est l’enfance de l’art et c’est vulgaire, en outre.
Donc deux mots seulement, quelques sages conseils,
Pour vous guider dans l’art de faire vos pareils.
Laissez aux jeunes gens les poses fatiguantes,
Qui, pour l’expert fouteur, sont plus qu’extravagantes.
L’amateur sensuel, qui goûte le plaisir, —
Baise à la paresseuse. Encore, il faut choisir,
Car la pose se fait de plus d’une manière.
Je préfère beaucoup le faire par derrière ;

J’ai pour ce, croyez-moi, de fort bonnes raisons :
C’est la pose propice aux grandes pâmoisons.
Vu de dos, d’un beau corps la ligne gracieuse,
Bien plus que par devant, est chose précieuse ;
De plus, ainsi placé, vous pouvez tout saisir ;
Voir deux fesses se tordre excite le désir.
Tant que dure le coup — faites cela chatouille —
L’octave au cul, au con. Femmes, pressez la couille.

Branler, une science ; et sucer, un grand art
Que Saturne inventa pour croquer son moutard.
Sur tous les jeux d’amour le suçage l’emporte.
Je dois vous dire ici comment l’on s’y comporte :
Un jeune amant, épris du corps de sa maîtresse,
Lui fait, avant baiser, minette avec ivresse.
Puis, tous deux s’oubliant, ceci n’est pas très neuf,
Sans mesure et sans art, ils font soixante-neuf.
Cela ne manque pas, au fond, de poésie.
Mais au fond, ce n’est rien que pure frénésie,
Et, bien que quelquefois on puisse en faire cas,
Croyez que la méthode à l’acte ne nuit pas.
Au lit, nu, sur le dos, les jambes écartées,
Le vrai gourmet attend, les pièces apprêtées.
Lors, femme, écoutez quel est votre devoir !
Las ! combien d’entre vous manquent de le savoir !
Au préalable, il faut, de l’homme être à droite :
La chose ne doit pas s’attaquer carrément.
Araignez, pelotez, pendant un long moment,
Du pouce de la gauche entourant bien la pine,
Par instant, froissez-en en jouant, la racine ;
Du reste de la main, pressez les couilles fort ;
Cela vous jette un homme en le plus doux transport.

Que la droite, moelleuse et doucement traînée,
Du genou remontant jusqu’au périnée,
Sur la cuisse, en dedans, se promène avec art ;
Ce sont passes qu’adore un fieffé paillard,
Tout ceci fait, mettez la queue en votre bouche ;
Prenez garde, surtout, qu’aucune dent la touche ;
Sucez de haut en bas cinq ou six fois le gland,
Avec sage lenteur, comme goûte un gourmand,
Laissez-le, lutinez, recommencez encore ;
Cette fois, attrapez, comme lorsque l’on dévore ;
De la langue effleurez, pour changer, les contours,
En ayant soin, parfois, de tourner au rebours.
Mais le vit, tout gonflé, par petits bonds s’élance :
À cet instant suprême où vient la jouissance,
Des lèvres relâchez un peu la pression.
Pour le foutre, n’ayez pas de répulsion ;
Avalez-le toujours. Femme qui se retire
Et puis vous laisse en plan. Oh ! l’on devrait l’occire !
Pour vous faire minette, il est des amateurs,
Mesdames, je le sais, soyez leurs instructeurs :
Pour se faire arranger chaque femme a sa mode,
Je crois donc superflu d’exposer ma méthode.

Plus d’un esprit, mal fait, et qui s’est cru fort sage,
De crime d’hérésie a traité l’enculage,
Est-ce dire pour cela qu’il faille y renoncer ?
Essayez, comparez, avant de prononcer.
Quant à moi, je vous dis :            Enculer ses maîtresses,
C’est leur montrer le cas qu’on fait de leurs deux fesses.
Les femmes aiment ça, sans l’avouer pourtant ;
Si d’elles on l’obtient, ce n’est qu’en insistant ;

Elles veulent bien laisser croire qu’elles dorment,
Mais se le faire faire est projet qu’elles forment,
Essayez-le, surtout le matin, au réveil :
Alors que votre amante, encore en son sommeil,
Vous a le dos tourné. Soulevez sa chemise ;
Caressez doucement, et comme par méprise,
Son cul tout chaud encore des ardeurs de la nuit,
À ce contact si doux le bander se produit.
Promenez en pinceau le bout de votre pine,
Du con jusqu’au dos ; cette mode est divine.
Parfois arrêtez-le dessus le trou du cul ;
Cela prépare bien, soyez-en convaincu.
Branlez toujours le con pendant cet exercice ;
Vous en retirerez un très grand bénéfice.
Pour lors, vous n’avez plus qu’à pousser en douceur ;
Vous entrez sans avoir causé nulle douleur.
Croyez-vous qu’Eve seule ait avalé la pomme ?
Vous souriez, je vois et vous dites : « Et l’homme ? »
Un avis, là-dessus, n’est pas simple à donner.
Pourquoi, si cela plaît, ne pas s’y adonner ?

Pourquoi n’admirer, et cela fort vous vexe,
Que les beautés dont Dieu gratifie le sexe ?
Par sottise, pourquoi traiter d’iniquité
Ce que, par hygiène, aimait l’antiquité ?
On prétend qu’au Couvent, jadis, au Moyen Age,
Les moines pratiquaient fortement l’enculage.
Les femmes n’étaient pas admises au dortoir,
C’était entre eux, dit-on, qu’ils jetaient le mouchoir
Tous se déshabillaient par besoin de prière ;
Disposés en un rond, se prenaient le derrière ;

Les frères enculés, enculeurs à la fois,
Formaient une couronne à faire envie aux rois.
Le prieur, bénissant et se branlant en outre,
Se tenait au milieu, les aspergeant de foutre.

Je vous ai dit comment l’on baise, l’on encule.
Avant de terminer ce petit opuscule,
Dans l’intérêt de tous, et surtout des puceaux,
Je voudrais vous donner des conseils généraux :
Car l’amour ne vit rien que de poésie,
Ne pas se parfumer est presque une hérésie ;
Que jamais votre amante, en se couchant le soir,
N’aperçoit sur vous un sale suspensoir ;
Si vous voulez baiser et jouir à votre aise,
Ne vous servez jamais de la capote anglaise.
Outre que ce boyau ne préserve de rien,
Il est d’un goût douteux. Pour moi, sachez-le bien,
J’aimerais mieux risquer chancre, poulain, fistule,
Qu’user de cet engin stupide et ridicule,
Si vous avez gardé grande dévotion
Pour les choses du cul, cherchez l’occasion

De vous coucher à trois. — « Trois ? très bien ! Dites comme ?

« Deux hommes, une femme ? ou deux femmes, un homme ? »

De ces combinaisons, la première je crois
Vous permet de goûter deux plaisirs à la fois.
La première surtout ne manque pas de charmes,
Mais las ! plus d’un chasseur déposerait son arme,
S’il lui fallait tirer pendant toute une nuit,
Sur deux cons affolés que le bander poursuit.

Si de ce grand travail vous vous sentez la force,
En ce cas, de vous guider, il faut que je m’efforce :

Une brune, une blonde — il faut les deux couleurs —
Sont les sujets voulus pour calmer vos ardeurs ;
Côte à côte placez les femmes sur la couche ;
Contemplez un instant. Que ce spectacle touche !
Caressez leur con, les cuisses et les seins.
Comparez leurs appas, si doux à vos desseins.
Ceci fait, entrez bien dans le chat d’une d’elles ;
Sortez, rentrez, dix fois… vif comme l’hirondelle.
Changez-moi de vagin. Pendant que vous foutez,
L’une des femmes doit, celle que vous quittez —
Vous chatouiller la couille et la pine et les fesses ;
Cela vous plongera dans de douces ivresses.
Le coup fini dans l’une, en se faisant sucer,
Pour bien contenter l’autre, on peut recommencer.
Reposez-vous un peu. Bientôt le pelotage
De la bouche et des doigts vous rendra le courage.
Du premier des deux cas, je n’en parlerai pas,
Lecteur, je le devine, on n’en fait nul cas.
N’écoutez pas les gens qui s’en viendront vous dire
Ce sont fouteurs naïfs, des cochons la gent pire,
Qu’ils ne sont bien, vraiment, et sur tous points heureux,
Qu’en baisant femme chaude et qui jouit plus qu’eux.
Pour moi, la femme froide est, c’est incontestable,
La plus propre à l’amour et la plus désirable.
L’homme seul fut créé pour le rôle agressif ;
Donc celui de la femme est tout à fait passif,
À moins qu’à vous sucer, branler, elle travaille,
Tous ses déhanchements ne donnent rien qui vaille,

Et l’on a vu souvent des coups de cul fâcheux,
Faire sortir la pine au moment d’être heureux
Lectrices et lecteurs, un mot philosophique,
Pour clore ce petit entretien poétique,
S’il en est parmi vous qui soient d’un autre avis,
Tant pis, car ils n’iront jamais en Paradis :
— « En ce monde, prisez la jouissance seule,
« Il n’est de vrai, de bon, que le cul et la gueule ! »


Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Vignette de fin de chapitre
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