Les femmes compositeurs de musique/Préface

Traduction par Louis Pennequin.
Paul Rosier (p. xiii-xx).

PRÉFACE DE L’AUTEUR


Quel est en Musique l’œuvre de la Femme ?

À cette question souvent posée avec intention défavorable nous opposerons la réponse qui suit :

La femme a produit en musique beaucoup plus que ce que l’on connaît généralement, bien que la nature, jusqu’à présent, n’ait pas fait naître un compositeur femme dont les œuvres puissent être comparées à celles des grands maîtres. Mais on peut se demander aussi combien, parmi les nombreux compositeurs du sexe fort, sont de réels Titans de la musique ? Ceux-là sont bien peu nombreux, en vérité, et n’appartiennent qu’à une seule époque.

Pourquoi donc les femmes ont-elles été si peu nombreuses à cultiver un art vers lequel on croirait que leur inclination naturelle les porte ? La raison principale, je crois, repose sur ce fait que les femmes se sont livrées sérieusement à l'étude de cette branche de l’art seulement depuis peu de temps, tandis que les hommes ont, depuis des siècles, développé leur intelligence et leurs sentiments dans cette direction.

Nous devons considérer, qu’il y a à peine cinquante ans, la musique, à de très rares exceptions près, n'était pas digne de l’attention de la femme, et cela, non à cause d’aversion ou de défaut d’aptitude à en saisir les principes, mais parce que l'étude de l’harmonie et du contrepoint était considérée comme ne faisant pas partie de l'éducation de la femme. Acquérir ces connaissances autrement qu’à titre de délassement aurait été regardé comme une aberration mentale.

Il y a seulement dix ou quinze ans que le préjugé qui empêchait les femmes d’apprendre le violon, le violoncelle ou autres instruments à corde et les instruments à vent, a été vaincu. Avant 1876, aucune étudiante de violon n'était admise à l’École supérieure de Londres.

Pendant longtemps les femmes ne furent pas admises à concourir pour les prix, ni à recevoir des diplômes dans les Écoles et Conservatoire européens. Lorsque Elisabeth Stirling publia à Oxford son magnifique CXXXe Psaume à six voix et orchestre, pour obtenir le diplôme de Bachelière en musique, ce grade, malgré l’admissibilité de son œuvre et son mérite reconnu, ne put lui être délivré, à cause du silence du règlement qui empêchait de le conférer à une femme.

Est-il possible alors de s'étonner que le travail musical de la femme ait produit aussi peu de résultats ? Si la pratique non seulement améliore, mais encore fortifie la science et si c’est l’occasion qui fait et développe aussi le musicien, quel appui a obtenu la femme des musiciens de son temps, depuis Palestrina jusqu'au milieu du XIXe siècle ?

La musique n’était alors enseignée que comme art d’agrément, et, par conséquent dans ses éléments les plus simples ; l’étude dépassait rarement la pratique du luth ou autre instrument de même genre. Aucune disposition pour la composition, l’Église d’ailleurs dissuadant la femme pendant tout le moyen âge et même par une prohibition formelle, au xvie siècle, de participer à son service musical.

Il n’y a pas longtemps encore, une composition annoncée comme une œuvre féminine, était condamnée d’avance.

La rareté des œuvres musicales de femme dans le passé n’est donc pas due à l’inaptitude à vaincre la difficulté et à pratiquer la science, mais doit être plutôt attribuée à la prévention et aux règles de la mode et de l’usage, qui, si longtemps l’ont empêchée de cultiver, par le travail et l’étude, cette utile et lucrative branche de l’Art.

Il est certain qu’un tel préjugé contre les travaux de la femme doit avoir eu pour effet de diminuer et décourager ses efforts. Cela est bien démontré par ce fait qu’un grand nombre de femmes compositeurs ont déguisé leur identité par des noms d’apparence mâle inscrits sous le titre de leurs œuvres.

Augusta Holmès a publié ses œuvres sous le nom d’Herman Zenta, Mme de Grandval s’est appelée souvent : Clément Valgrand, etc. ; Mme La Hye signait « Léon Saint Amans ; » Mrs John Macfarren « Jules Brissace ; » Mrs Roeckel « Jules de Sivrai, » et d’autres.

Plusieurs auteurs ont aussi publié leurs œuvres avec leurs noms précédés seulement des initiales de leurs prénoms ; ainsi Farrenc, Chaminade (pour ses premières œuvres), Lebeau, Ethel M. Smyth (messe en ré) et nombre d’autres.

Nous considérerons donc qu’on a obtenu un grand point, à savoir que la composition musicale par une femme n’est plus considérée comme une excentricité. La production féminine augmente d’année en année en quantité et valeur. Aujourd’hui, lorsque l’occasion se présente sur tous les champs d’activité, la femme montre son habileté dans nombre de directions et particulièrement en musique.

Et, pourquoi pas ? Elle est éminemment apte, physiquement et intellectuellement, à pratiquer cet art à la fois comme étude et comme agrément. L’élément sensible est très fort chez la femme, – plus fort peut-être que chez l’homme – et cette force est désirable, lorsqu’on la voit appliquée à l’art musical.

Si donc, nous admettons l’existence des lois scientifiques de l’évolution, nous pouvons aussi admettre que le nouveau siècle peut produire d’aussi grands compositeurs de musique, parmi les femmes, qu’il a existé dans le passé, parmi les hommes.


En composant ce livre, j’ai essayé de le rendre aussi complet que possible. J’ai réuni des noms qui peuvent sembler être de notoriété insuffisante ; mais, afin de présenter un travail exact, aucun compositeur, si faible que soit sa réputation, n’a été dédaignée. Des omissions, sans aucun doute, seront relevées ; elles ont été commises sans intention et l’auteur recevra avec reconnaissance toute correction à faire ou tout renseignement nouveau.

Afin de donner un aperçu complet de l’Œuvre de la Femme en musique, les écrivains et les ouvrages de littérature musicale ont été aussi mentionnés.

La table statistique qui suit présente un grand intérêt

et permet de constater l’œuvre féminin en musique.

Compositeurs de Symphonies
et autres œuvres importantes pour orchestre.

Andree.
Backer-Gröndahl.
Beach.
Chamberlayne.
Chaminade.
Davies.
Farrenc.
De Grandval.
Greene.
Holmès.
Haendel de Crönenthal.
Hundt.
Horrocks.
Korn.
Lang.
Lebeau.
Marie de Saxe-Gotha.
Marshall.
Martinez.
Maury.
Mayer.
Moody.
Prescott.
A.-M. Smith.
Stollwerk.
Swepstone.
Tyrell.
Wurm.

Opéras.

Agnesi.
Asperi.
De Beaumesnil.
Bertin.
Caccini.
Casella.
Correr.
Ferrari.
Gail.
Goetze.
De Grandval.
Guenin.
Guerre.
Henn.
Haendel de Crönenthal.
Heritte-Viardot.
Holmès.
Laguerre.
Loder.
Maistre.
Morison.
Paradise.
Perrière-Pilte.
Sencke.
Skinners.
Smyth.
Sourget.
Uccelli.
Walter.

Opérette.

Amélie de Saxe.
Bottini.
Bronsart.
Candeille.
Carmichaël.
Caroline.
Dell’Aqua.
Gabriel.
Galloni.
Gray.
Grétry.
Harraden.
Harrison.
Jacques.
Kinkel.
La Hye.
Louis.
Marshall.
Morgan.
Muller-Gallenhofer.
Munktel.
Puget.
Sainte-Croix.
Simon-Candeille.
Temple.
Viardot-Garcia.
Wuiet.
Young.

Messes, Requiems, etc.

Beach.
Bottini.
Bruckenthal.
Callegari.
Carmichaël.
Derheimer.
De Grandval.
Guerre.
Henn.
La Hye.
Leonardo.
Maistre.
Martinez.
Neuville.
Nunn.
Pessiak.
Smyth.
White.

Oratorios.

Bartholomew.
Boyce.
Carissan.
Ellicott.
De Grandval.
Linwood.
Martinez.
Mundella.

Musique de chambre.

Andree.
Benfey.
Blahetka.
Bright.
Candeille.
Chamberlayne.
Chaminade.
Ellicott.
Farrenc.
De Grandval.
Haendel.
Hendrich Merta.
Hensel.
Heritte-Viardot.
Horrocks.
Hood.
Japha.
Kanzler.
Kern.
Krolik.
Lang.
Lebeau.
Liebmann.
Loder.
Mayer.
Moody.
Mueller-Gollenhofer.
Orger.
Paradies.
Prescott.
Rogers.
Sanders.
Santa Coloma.
Sehumann.
Sirmen.
Sourget.
Swepstone.
Taite.
Van Buren.

Cantates et autres œuvres importantes.

Amersford-Dyck.
Anna Amélie de Prusse.
Andree.
Barlaer.
Bartholomew.
Beach.
Becker.
Bottini.
Bruckenthal.
Cozzolani.
Delaval.
Ellicott.
Ferrari.
Gabriel.
De Grandval.
Guerre.
Guest.
Harraden.
Hartland.
Heale.

Heritte-Viardot.
Holland.
Holmes.
Horrocks.
Lago.
Lebeau.
Mariani.
Marshall.
Mayer.
Meyer.
Paradise.
Patterson.
Plitt.
Prescott.
Robert-Mazel.
Saint-Didier.
Sainton Delby.
A.-M. Smith.
Stirling.
Swepstone.
Taylor.
Vigny.
Zimmermann.

Violon et piano.

Beach.
Blahetha.
Bright.
Bronsart.
Bruckenthal.
Candeille.
Careno.
Chamberlayne.
Chaminade.
Cianchettini.
Clément.
Davies.
Ellicott.
Erdmansdörfer.
Farrenc.
Folville.
De Grandval.
Gyde.
Harraden.
Heale.
Holmberg.
Hood.
Hundt.
Horrocks.
Kalkhöf.
Kletzinsky.
Lawrence.
Lebeau.
Lebrun.
Liebmann.
Loder.
Macironi.
Maier.
Mayer.
Molique.
Neuville.
O’Key.
Oliver.
Parke.
Pittmann.
Rogers.
Sanders.
Sirmen.
Swepstone.
Taylor.
Troup.
Valentine.
Wurm.
Zimmermann.

Violoncelle et piano

Blahetka.
Bronsart.
Bruckenthal.
Chaminade.
Creti.
Danziger.
Heinke.
Haenel.
Horrocks.
Liebmann.
Mayer.
Orger.
Rogers.
Seipt.
Swepstone.
White.
Wurm.
Zimmermann.

Flûte et piano.

Blahetka.
Bright.
Farrenc.
Creti
De Grandval.

Clarinette et piano.

Krähmer. Marshall. A.-M. Smith

Cor et piano.

Chazal. La Hye.

Concertos, etc., avec accompagnement
d’orchestre.

Bacher-Gröndahl.
Beach.
Blahetka.
Borton.
Bottini.
Bright.
Bronsart.
Chaminade.
Cianchettini.
Jael-Trautmann.
Kauth.
La Roche.
Lebeau.
Lachambre.
Martine.
Orger.
Parke.
Prescott.
Schaden.
Wurm.