II.

Au temps où se passaient les choses que l’on raconte ici, le Canada, fatigué des luttes qu’il soutenait depuis de longues années, commençait à jouir de l’un de ces rares et courts instants de repos qu’amenait parfois une cessation d’hostilités entre les diverses parties belligérantes qui s’en disputaient le sol et la suprématie. À cette époque, c’est-à-dire de 1735 à 1745, les tribus indiennes dont les foyers étaient les plus rapprochés des établissements de la civilisation canadienne, s’étaient depuis déjà longtemps ou franchement ralliées à la domination des conquérants, ou s’y soumettaient par intérêt et par nécessité. Les tribus lointaines, atteintes jusqu’au fond des vastes forêts et des prairies du Nord et de l’Ouest, cédaient aussi plus ou moins, les unes de bon gré, les autres forcément à la puissance irrésistible qui, la croix dans une main, l’épée dans l’autre, avait, en moins de trois siècles, arboré son pavillon et semé des noyaux de colonisation sur toute la ligne intérieure des vastes territoires qui, baignés par le Saint-Laurent et le Mississippi, confinent aux deux golfes où se déchargent, l’un au nord, l’autre au sud, ces immenses fleuves.

Cependant, plusieurs de ces peuplades sauvages ne laissaient pas que d’être encore quelque peu redoutables, et toutes étaient à ménager, principalement à cause des intérêts politiques et commerciaux qu’elles pouvaient, faute de surveillance, compromettre d’une manière ou d’une autre.

La traite des pelleteries qui se faisait avec ces Indiens était la source d’un commerce précieux pour la Nouvelle France, car si la compagnie d’Occident en exerçait alors la direction et le monopole, beaucoup de ses membres, Français et Canadiens, résidaient dans le pays et y avaient tous plus ou moins des intérêts communs avec le reste de ses habitants ; en sorte que, alors même que les abus pouvaient profiter aux individualités privilégiées qui les commettaient, comme il arriva quelquefois à des époques antérieures et même subséquentes à celle que nous avons précisée, toujours est-il que les trois grands comptoirs établis à Québec, à Montréal et à Trois-Rivières, n’en étaient pas moins, pour le Canada, les centres des principales opérations et dès lors d’un mouvement industriel considérable, auquel devait s’intéresser, de mille manières, une grande partie de la population canadienne.

De nombreux traités assurant la protection du gouvernement aux indigènes, les obligeaient en retour à ne traiter de leurs pelleteries qu’avec ses fondés de pouvoirs. Mais ces indiens n’observaient pas tous également la condition imposée. Ceux que leur proximité des colonies limitrophes plaçait dans l’embarras du choix de deux marchés, pour l’échange de leurs produits, étaient exposés à violer la convention chaque fois qu’ils y voyaient un avantage. Ces occasions ne manquaient pas, et quand la tentation avait été trop forte, on pouvait facilement le reconnaître par les dégâts commis aux dépens des chasseurs restés fidèles et partant au préjudice de leurs protecteurs. Plus d’une fois, les plus audacieuses razzias avaient enlevé de précieuses moissons à la compagnie des pelleteries, et plus d’une fois aussi les déprédateurs avaient été sévèrement châtiés.

Montréal seul avait vu partir plusieurs expéditions militaires qui y avaient été organisées expressément dans ce but. La dernière avait eu lieu depuis seulement quelques années, alors que certaines peuplades de l’Ouest, dont les principales se glorifiaient du nom d’Ougatamis, de Sakis de Malhomines ou Folles-Avoines, qui persistaient à piller leurs honnêtes voisins et à commettre toute sorte d’horreurs, avaient forcé les braves miliciens de Montréal et des paroisses circonvoisines, aidés de quelques troupes de lignes, à sortir encore une fois de leurs foyers, pour aller, à des centaines de lieues, réduire enfin ces barbares à l’impossibilité de renouveler ce qui, chez d’autres que des sauvages de leur espèce, eussent été des forfaits presque inouïs. Après cette terrible leçon infligée à la barbarie insurgée, les tentatives de rapine et de détournement des principaux articles de ce qui constituait alors le commerce de la colonie n’avaient plus eu de résultats sensibles. Grâce aux précautions prises par les directeurs de la compagnie, elle pouvait espérer de ne plus voir détourner au profit de ses rivaux étrangers les torrents de richesse que lui versaient tous les ans les prairies et les forêts exploitées par ses légions de chasseurs.

Des grands comptoirs de la colonie se répandaient, dans toutes les directions, des explorateurs de divers genres, depuis l’interprète indispensable et le fin coureur des bois jusqu’au simple porte-faix décoré du nom de voyageur de là-haut : tous allaient dans les postes indiens traiter au nom et pour le compte de la compagnie dont ils étaient les employés. De ces trois points s’étendait donc, sur toute la chasse de ces vastes domaines, un immense réseau, d’où pas un castor, pas un ours ne pouvait être dépouillé de sa précieuse robe sans qu’on en fût bien et dûment averti au quartier général.

Montréal, particulièrement, était devenu pour la compagnie des pelleteries le centre d’opérations importantes. Les paquets de castor et les plus belles fourrures y apportaient| périodiquement les flots de ce qui était alors une intarissable source de prospérité. La ville commençait à grandir à vue d’œil, sa population s’était accrue considérablement depuis les dernières années. Ses édifices à la fois plus nombreux et mieux construits, encadraient des rues désormais mieux alignées et bien adaptées aux besoins de la circulation de ses habitants. Les anciennes fortifications en bois qui avaient, durant un siècle, servi de remparts aux braves citadins, nos premiers prédécesseurs, contre la surprise des hordes sauvages, avaient été assez récemment démolies et remplacées par des constructions plus dignes des progrès du temps. Un mur en pierre armé de bastions et de meurtrières fortifiait donc la ville selon sa nouvelle importance. Entourés de ce formidable bouclier, nos bons ancêtres, après avoir vu s’éteindre derrière la montagne les derniers rayons du soleil couchant, pouvaient se confier au repos de la nuit, parce qu’ils étaient à peu près sûrs de se retrouver le lendemain matin avec leurs chevelures intactes. Telle était alors leur sécurité, non-seulement contre les tentatives des indiens, mais contre celles de tous malfaiteurs, que la plupart dormaient sans s’être donnés la peine de verrouiller leurs portes, devant lesquelles même ils oubliaient volontiers, dans la belle saison, les siéges, les damiers et tous les autres articles qui leur avaient servi à prendre le frais, à passer une veillée agréable en plein air, certains qu’ils étaient de tout revoir dans le même état à leur réveil. Quels phénomènes pour notre brave police d’aujourd’hui !

La paix, qui ne régnait pourtant que depuis deux ou trois ans, avait déjà produit d’heureux fruits. Les carrières industrielles attiraient à elles l’énergie et le talent que n’employait plus la guerre. La traite en particulier, mieux servie, avait décuplé ses produits et permis à l’opulente compagnie qui la dirigeait d’étendre et de perfectionner ses opérations. La saison précédente avait éclipsé ses devancières, et celle qui allait suivre promettait des succès encore plus grands.

La gratitude et l’espérance, mettant à profit les loisirs de l’intervalle, se manifestaient par des réjouissances où l’utilité était habilement voilée sous l’attrait du plaisir. Aux bals de la ville devaient succéder ceux de la forêt. Nombre de chefs indiens avaient fait prévenir la compagnie, par l’entremise de ses agents, qui les y avaient encouragés, qu’ils se proposaient de visiter « la grande tribu » de Montréal. Ils représentaient diverses tribus du nord et de l’ouest et s’étaient concertés sur les moyens de se trouver ensemble au rendez-vous. L’époque de leur visite étant arrivée, on avait fait des dispositions, à Montréal, pour les recevoir convenablement, lorsque, la veille du jour indiqué au chapitre qui précéde, une foule de personnes des deux sexes, rassemblées sous les murs de la ville, en face du fleuve, signalaient par de joyeuses acclamations la venue des députés indiens, à mesure que leurs blonds canots entraient dans le port, pavoisés et chargés des plus riches cargaisons de maucassins et de fourrures.

À « vingt toises » de la grève, selon le mesurage de Champlain, était un îlot « d’environ cent pas de long, » sur lequel on aurait pu faire « une bonne et forte habitation. » C’est le même que relient aujourd’hui à la rive principale les ouvrages de nos quais et qui, formant par sa courbe intérieure le bras droit du bassin central, protége encore l’entrée de la « Place-Royale, » comme au temps de l’illustre Champlain, dont la prévision se trouve en
« Le lieutenant Bronsy ne s’aperçut pas que le papier qu’il tenait entre ses doigts venait de tomber. »
partie vérifiée, puisque des constructions sur ce lieu ne pouvaient avoir d’importance dans sa pensée que comme moyen de le rattacher commodément à un système de communication entre les deux endroits.

Sur cet îlot donc, pour revenir à notre histoire, on voyait de la côte flotter un pavillon au-dessus de la tête d’un homme qui le tenait et l’agitait comme s’il eut voulu attirer sur lui l’attention des premiers arrivants d’entre les sauvages. Ces signaux furent compris, car on vit aussitôt les canots se diriger en droite ligne sur l’îlot. Au même instant une chaloupe portant le pavillon de la compagnie, se détacha de la côte et, franchissant rapidement l’espace qui la séparait de la petite île, y arriva en même temps que les embarcations indiennes. Alors eut lieu un cérémonial de salutations extraordinaires, qui se termina par une décharge de mousquèterie de la part des gens de la chaloupe et par les plus chaleureuses acclamations de la part des chefs de la députation. Tous allèrent ensuite sur l’îlot se ranger autour du pavillon, à quelques pas seulement du rivage, où ils restèrent longtemps afin d’y recevoir tous les visiteurs, qui étaient la plupart encore attendus,

À mesure que ceux-ci arrivaient, et leurs canots se succédaient assez rapidement, venant de tous les points du fleuve, la même cérémonie de réception avait lieu et les nouveaux venus allaient grossir le nombre de leurs codéputés.

Cette scène bizarre, mais pleine de mouvement et de bruit, était une bonne fortune pour les jeunes gens de la ville, qui s’en donnaient à cœur joie au pied du mur d’où ils pouvaient la contempler à leur aise. Leur joie se manifestait au dehors par des cris modulés sur tous les tons à la fois, entremêlés de gros rires et de sifflets aigus qui rendaient fort problématiques les applaudissements qu’ils étaient censés prodiguer aux illustres sagamos. Mais les bourgeois de la ville et les hommes muris par l’âge, ne voyant que le côté sérieux du spectacle, applaudissaient de bonne foi, en calculant gravement le budget des dépenses et des recettes de cette journée et des suivantes.

Incommodées par le bruit, les quelques femmes qui avaient eu le loisir d’assister à cette fête se tenaient soigneusement près des portes de sortie, où leurs personnes et leurs toilettes étaient à l’abri de toute atteinte. Elles étaient toutes bien mises, pour de simples provinciales, fort gentilles, et la plupart remarquables par leurs grâces et leurs jolis minois ; plusieurs même étaient de très-belles personnes. Les plus jolies têtes semblaient celles qui de temps en temps se hasardaient en dehors de la porte qui se trouvait à peu près en face de l’îlot. Là, dans l’enfoncement du mur, protégées contre l’ardeur du soleil et des éclaboussures de la foule, deux ou trois petits groupes de femmes, détachés l’un de l’autre, causaient paisiblement en jetant parfois des regards de curiosité sur les points les plus saillants de l’étrange scène qu’elles étaient venues voir.

De l’endroit où elles étaient, on ne pouvait, même en se tenant debout comme elles, apercevoir la surface du fleuve qu’au-delà d’une certaine distance ; tout, en-deçà, était voilé à leurs yeux par la côte qu’il fallait descendre pour arriver au bord de l’eau. Quand la chaloupe, partie de la grève sans qu’il leur fût donné de s’en apercevoir, eut atteint le point indiqué de leur horizon visuel, une exclamation de surprise et de joie, mêlée peut-être de quelque frayeur, éclata soudainement parmi elles.

Des noms chéris, vénérés, furent proclamés au sein de cette assemblée féminine.

— Déjà notre chaloupe ! dit une vieille dame, tirant de son réticule un lorgnon qu’elle ajusta avec précaution à son œil droit il n’y a pas plus de deux minutes que votre père et ses compagnons nous ont quittées.

— Oui, maman, lui répondit une jeune et charmante personne, appuyant légèrement une main sur le bras de son interlocutrice, pendant que de l’autre elle lui montrait l’embarcation. — Voyez comme elle glisse sur l’eau. Ô je voudrais y être !

— Je la vois maintenant, reprit la mère de cette jeune fille, après avoir ajusté le verre à sa vue.

— C’est bien cela, mon enfant, elle ne marche pas, elle vole. J’espère qu’elle va se rendre à l’îlot avant les canots, que ces effrayants sauvages font aller si vite. Mais que vois-je ? la chaloupe porte un autre pavillon !

— C’est ce que j’allais vous faire observer, maman ; ce changement vient sans doute de ce que…

— Oh ! je vois ce qui en est, interrompit vivement la vieille dame. — J’oubliais que notre compagnie des Pelleteries n’est plus, hélas ! que l’employée de celle d’Occident et que pendant que M. Crozat, son chef, dort peut-être à la Louisiane, son neveu Boldéro-Crozat veille ici pour lui. Ce n’est pas mal à vous, monsieur Boldéro, pour un créole, de nous faire abattre sitôt pavillon. Il n’est parmi nous que d’hier et déjà il veut nous mener.

— Vous oubliez, chère maman, qu’il y a ici des oreilles pour entendre et des bouches pour rapporter, dit la jeune fille en baissant la voix. Vous savez que depuis longtemps M. Crozat est le principal chef de la compagnie.

— Je sais que s’il n’en dépendait que de lui, tous les animaux de nos forêts prendraient le chemin de la Louisiane. Certes, il se fait bien payer la cession qu’il a faite, lui ou son père, de ses prétendus droits à ce gouvernement ; mais, Dieu merci, tant que je serai la femme de Réné Aubert et que votre père, ma chère Blanche, restera directeur de la compagnie canadienne, les femmes de Montréal ne manqueront ni de martre ni de castor pour leurs joyeuses promenades sur la neige.

Mademoiselle Blanche Aubert, car c’était elle, se pencha doucement vers sa mère et murmura le nom de Bronsy.

— Si je le vois ? demanda cette dernière du ton le plus affectueux, en braquant de nouveau sur la chaloupe son lorgnon qu’elle avait retiré de sa vue afin de donner libre cours à son indignation.

— Regardez à l’arrière, il est assis à côté de mon père ; je les reconnais bien tous les deux.

— Moi aussi, cher enfant, je les vois comme tout à l’heure quand ils étaient près de nous. Le noble jeune homme nous a observées tout le temps. Mais où est donc le porte-enseigne Boldéro ? se cache-t-il derrière son pavillon ? il a peut-être peur des sauvages ?

Ces sarcasmes étaient à peine lancés qu’ils se trouvèrent complètement noyés dans l’explosion qui signalait l’approche des canots et de la chaloupe.

Celle-ci venait de s’accrocher à la marge de l’îlot ; au même instant apparaissait sur la côte, à vingt pas de la porte désignée, un homme d’un aspect imposant, habillé de noir, de la tête aux pieds ; une plume blanche ornait son chapeau et servait, comme la dentelle de ses manchettes, à rendre plus frappant le deuil que semblait annoncer sa parure, calquée, du reste, sur les meilleurs types des modes fastueuses de l’époque. Cet homme était monté par un des sentiers qui conduisaient de la grève au sommet du plateau sur lequel s’ouvraient, de ce côté, les barrières de la ville. Parvenu là, il s’était retourné vers la scène dont le fleuve était devenu le théâtre.

— Le voilà lui-même, dit aussitôt Blanche à madame Aubert qui, l’œil au verre d’optique, cherchait encore au loin l’illusion, quand près d’elle était la réalité.

— Qui ? Blanche.

— Celui que vous venez de nommer.

M. Boléro ?

— Lui-même, devant nous, un peu à la droite ; vous pouvez le voir maintenant sans lunettes.

— Bien ! bien ! je le vois planté là comme une ombre, avec son habillement noir et son plumet blanc, continua, sur un ton plus bas, madame Aubert surprise, mais non pas décontenancée.

— Il vient de remonter du bord de l’eau et n’est pas allé dans la chaloupe comme on s’y attendait tout à l’heure quand il parlait d’accompagner papa et M. Bronsy.

— Non, le créole a préféré mettre son pavillon à sa place, dit en souriant la mère de Blanche.

— Mais, chère maman, est-il vrai que ce monsieur soit natif de Montréal et fils d’une famille émigrée de France en ce pays ? comme le prétendent quelques-uns ; car, en ce cas, il ne serait pas créole.

— Eh bien ! c’est justement ce que me demandait hier une dame qui passait la soirée avec nous. Tu chantais alors la jolie romance que tu as apprise de Bronsy, qui t’écoutait plongé dans l’extase, comme toujours quand tu chantes. M. Crozat paraissait ému ; notre amie, madame Chazel, qui le voyait pour la première fois, me fit plusieurs questions sur son compte, et, pour la satisfaire, j’ai promis de lui faire part de ce que, vrai ou faux, l’on m’a dit de lui ; ce sera donc pour la prochaine occasion… Mais, chère enfant, le bruit et l’agitation qui règnent ici commencent à me fatiguer. Ces monstres de sauvages me déchirent les oreilles avec leurs épouvantables hurlemens.

— Il y en a déjà un grand nombre d’arrivés, et s’ils étaient seuls à crier encore ! ajouta Blanche, fière d’avoir réussi à distraire sa mère de l’idée du pavillon qui paraissait l’obséder. — J’ai compté trente canots, mais voilà le monde qui s’attroupe devant nous et déjà nous ne pouvons plus voir qu’une partie de l’îlot.

— Oui, et voilà M. Boldéro qui disparaît lui-même dans la foule. Où est madame Chazel ?

— Mais là, à notre droite, toujours dans ce groupe, avec la belle étrangère qui se retourne en ce moment du côté de son carrosse.

— Comme nous, sans doute, elles craignent de rester ici plus longtemps. Il faut les prévenir, Blanche… Mais j’aperçois madame Chazel qui vient elle-même à nous.

Blanche jeta un dernier regard sur l’îlot et soupirait en réfléchissant sur la nécessité qui l’obligeait de quitter son poste avant le retour de son père et de Bronsy, lorsqu’elle eut la douleur de les voir disparaître derrière la foule qui s’était peu à peu formée autour de M. Boldéro Crozat. Ce rideau compact tiré sur la scène dont madame Aubert et ses amies avaient voulu jouir, ne leur laissait plus voir rien qui attirât leur attention, reportée désormais toute entière sur elles-mêmes. Craignant de s’exposer à des désagrémens en prolongeant leur promenade, toutes ces femmes se réunirent en un seul cercle et, conduites par celle que mademoiselle Aubert avait appelée la belle étrangère, elles disparurent, emportées par sa voiture vers l’intérieur de la ville, Blanche se consolant d’être trop tôt partie par l’espoir de se voir, à la veillée, réunie au sein de sa famille avec son cher Bronsy.