Les députés des Trois-Rivières (1808-1838)/DUMOULIN, P.-B.

Les éditions du « Bien Public » (p. 37-48).

VII

Pierre-Benjamin Dumoulin

(1799 — 1856)


Fils de François-Luc-Nicolas Dumoulin et de Louise-Charlotte Cressé, Pierre-Benjamin naquit aux Trois-Rivières en janvier 1799. Ses parents étaient seigneurs et possédaient les deux tiers de la seigneurie de Courval qu’ils avaient eu de Pierre Michel Cressé, seigneur de Nicolet, et premier seigneur de Courval, qu’il avait obtenu du roi en 1754. Monsieur et Madame Dumoulin avaient obtenu cette seigneurie par acte d’échange passé le 3 mars 1796, devant Louis Thibodeau, notaire aux Trois-Rivières. Ils en vendirent une petite partie le 24 mars 1799, à Jean-Baptiste Lozeau et, le 14 janvier 1804, ils cédèrent à Louis Gouin, par acte passé devant Charles Pratte, notaire aux Trois-Rivières, tous leurs droits et prétentions sur cette seigneurie.

Madame Dumoulin était la petite-fille du sieur Michel Courval Cressé, constructeur des vaisseaux du Roi en la Nouvelle-France. Ce dernier avait acquis le fief Cressé ou Nicolet du Sieur Laubia, premier concessionnaire en 1672.[1]

Détail intéressant : une autre Louise Cressé, fille de Michel Cressé et de Marguerite Denis, fille de Simon Denis, sieur de la Trinité, fut baptisée à Québec le 28 juin 1675. Elle eut pour parrain le comte de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France, et pour marraine, Catherine de Lostelneau.[2]

La famille Dumoulin était déjà alliée aux Poulin de Courval ; Antoine Poulin de Courval avait, en effet, épousé Angélique Dumoulin.

Pierre-Benjamin fut admis à la pratique du droit le 21 juillet 1821. Il n’était encore qu’étudiant lorsque, le 10 avril de cette même année, il se joignit aux autres principaux citoyens des Trois-Rivières pour demander au gouvernement que le vieux monastère des Récollets dont on se servait comme d’une prison depuis plus d’un demi-siècle fut rendu à sa destination première.

Voici copie de cette requête, certifiée par le grand vicaire Cadieux, le 20 mai 1829, lorsqu’il envoya lui-même une seconde pétition se rapportant au même sujet.

« Pétition à Son Excellence le Comte de Dalhousie Gouverneur en chef, etc., etc.

« Nous les citoyens et habitans de la ville des Trois-Rivières, Marguilliers, fabriciens et habitans de la paroisse de Notre-Dame de l’Immaculée-Conception de la susdite ville, prenons la liberté de nous approcher de votre Excellence et la supplions humblement qu’il nous soit permis de soumettre à sa considération les représentations suivantes, et de lui adresser au sujet d’icelles une humble pétition.

« 1o Votre Excellence ayant bien voulu donner la sanction Royale à un Bill d’appropriation destiné à achever le palais de justice de cette ville ; nous nous permettons de lui observer qu’en conséquence de cette appropriation, l’ancien monastère qui depuis plus de cinquante ans a servi de prison et de Palais de Justice, va devenir sous peu de mois vacant et sans emploi.

« 2o Ce monastère a été autrefois érigé au moyen des souscriptions, aumônes et offrandes des anciens habitans de cette ville et paroisse pour servir de logement aux Religieux susnommés qui devoient être et qui ont été en effet les seuls curés et desservants de cette ville et paroisse jusqu’à l’Époque où nous sommes devenus les heureux sujets de sa Majesté Britannique. Ces mêmes Religieux ont constemment entretenu dans leur monastère une École gratuite pour les petits garçons de cette ville.

« 3o Nous prenons donc la liberté de supplier votre Excellence de rendre cet Établissement à sa première institution, c’est-à-dire qu’il serve à loger les curés et desservants de cette ville et paroisse et nous procurer une salle d’École et le logement d’un maître. » « 4o Mais vu que ce monastère est de beaucoup trop vaste pour remplir commodément l’objet désiré par vos humbles pétitionnaires, et que pour la même raison il seroit très utile à sa Majesté pour le logement de ses officiers ; nous supplions Votre Excellence qu’au cas qu’elle daignât accorder sa bienveillance à notre humble pétition, elle voulût bien employer le dit Monastère pour le service et l’usage de sa dite Majesté et accorder en échange, à l’œuvre et fabrique de cette ville et paroisse une maison et emplacement avoisinant le cimetière de cette ville, maison et emplacement que sa Majesté a acquis depuis quelques années des héritiers du juge Deschenaux.

« 5o Les motifs qui induisent vos humbles pétitionnaires à s’adresser à votre Excellence pour l’objet cidessus énoncé, sont que le terrain de la Fabrique de cette ville est trop petit ; qu’il faudra sous peu d’années aggrandir le cimetière ; que la maison Presbytérale est dans un mauvais état et demande à être renouvelé ; que cette paroisse est pauvre et sans ressources pécuniaires, qu’enfin cette ville est dépourvue de maison d’École, objet que le Presbytère actuel pourra remplir avec peu de frais.

« 6o Rien dans cette pétition n’a rapport à l’Église du susdit monastère qui a été accordée par sa Majesté pour les exercices du culte protestant dans cette ville, et qui n’est nullement réclamée.

« Vos humbles pétitionnaires s’en reposent entièrement sur la générosité et la bienveillance de votre Excellence ; ils osent espérer qu’ayant l’honneur d’être les censitaires immédiats de Sa Majesté, ils éprouveront de sa part le même bienfait que la pluspart des Fabriques de cette Province ont éprouvé de leurs Seigneurs respectifs en obtenant d’eux les terrains des Églises et des Presbytères.

Le 10 Avril 1821. »[3]

La requête de Messire Cadieux, en date du 20 mai 1829, racontant les démarches antérieures et leur résultat, se lisait comme suit :

« À son Excellence Sir James Kempt, capitaine général et gouverneur en chef dans les provinces du Bas-Canada, Haut- Canada, et Lieutenant général et commandant des forces de sa Majesté dans les mêmes provinces, &c. &c. &c.

« Qu’il plaise à Votre Excellence me permettre au nom de l’œuvre et fabrique de notre ville des Trois-Rivières, de soumettre à sa considération un mémoire sur une transaction qui a eu lieu entre elle et le gouvernement de sa Majesté, et de lui adresser à ce sujet une humble requête.

Votre fabrique ayant adressé au Commandant des forces une requête en date du 10 avril 1821, dont j’ai l’honneur de transmettre une copie à Votre Excellence ; il plut à Son Excellence le comte Dalhousie répondre en date du 1er Mai 1821 « qu’il enverrait sans délai notre pétition en Angleterre avec sa recommandation pour que notre demande nous fût accordée ».

« Le 6 novembre 1821, son Excellence daigna nous apprendre que le gouvernement de sa Majesté en Angleterre ne pouvait pas transférer gratuitement les prémices demandées, mais qu’il consentait à les céder pour leur valeur raisonnable dont les payements pourroient se faire par époques annuelles selon les moyens des habitants des Trois-Rivières ».

« Une lettre du secrétaire militaire en date du 1er décembre 1821 apprit à sa Grandeur Monseigneur J.-O. Plessis Évêque catholique de Québec que les dites prémices étoient évaluées à la somme de treize cent douze livres sept deniers courants « dans le cas, continue la lettre, où les pétitionnaires seroient disposés à en faire l’acquisition ; Votre Grandeur voudra bien admettre par rapport au payement, tout arrangement qui conviendra à leurs moyens. »

« L’Évêque de Québec ayant informé son Excellence que notre fabrique ne pouvoit donner que L100 par an ; il plut généreusement au Commandant des forces d’acquiescer à ces termes de payement, mais en exigeant l’intérêt légal ; ce qui nous devenoit onéreux, et ce dont nous demandames alors et depuis inutilement la remise.

« C’est, Monseigneur, l’exemption de la plus grande partie de cet intérêt que nous osons de nouveau et très humblement demander à votre Excellence, appuyès sur les motifs suivants.

« 1o Que quoiqu’il soit d’usage au département militaire de ne vendre à crédit qu’avec l’intérêt légal, il semble que dans le cas présent les motifs de notre première pétition, et les diverses réponses si généreuses du gouvernement n’auroient pas du faire considérer cette transaction comme une vente ordinaire.

« 2o La valeur réelle de ces prémices qui n’avoient coutées à Sa Majesté que L1312.0.7 lorsqu’elles étoient en très bon état ; et que nous avons payées le même prix dans des circonstances bien plus difficiles et lorsqu’elles étoient dans un tel état de ruine que des ouvriers avoient demandé L600 aux commissaires de sa Majesté pour leur réparation.

« 3o L’extrême difficulté des circonstances actuelles, particulièrement dans notre ville et district qui pèsent sur notre fabrique autant que sur les particuliers.

« Que s’il plaît à Votre Excellence accorder cette faveur aux habitants catholiques des Trois-Rivières, ils en seront perpétuellement reconnaissants, et se trouveront heureux de pouvoir mettre le nom d’un illustre représentant de sa Majesté au nombre des Bienfaiteurs de leur Église pour lesquels il est d’usage d’adresser au seigneur des prières publiques tous les dimanches.

Fait aux 3 Rivières le vingt Mai mil huit cent vingt neuf.
L. M. Cadieux, ptre
vicaire général et curé.[4]

Cette requête fut transmise par sir James Kempt au bureau de la Trésorerie, à Londres, avec la lettre suivante :

No. 93,

" The Hon. James Stewart,

" Montreal, 18th July, 1829.

" Sir,

" The Roman Catholic Vicar General of Three Rivers in this Province, having addressed a Memorial to Me, soliciting the remission of a debt, amounting to L232.11.2½ currency, due to the Crown, by the Roman Catholic Inhabitants of that place, on account of land and buildings purchased in their behalf in the year 1822, I beg you will submit the following summary of the case to the favorable consideration of the Lords Commissioners of H. M. Treasury.

« The sale of these premmises was authorized by Mr. Harrisons letter (11059) dated 4th July 1821, and the property was sold, in 1822, for the sum of £1,312 currency, being the amount paid for it by the Crown in 1812, payable in annual instalments with interest. By the accompanying statement from the office of accounts, at this station, their Lordships will perceive that £l,362,16.10¼ currency, in principal and interest has been already paid into the Military Chest on account of this purchase ; exceeding, in the sum of £50.16.10¼ the price of the property without interest : the purchasers therefore request, that the balance still due to the Crown, accruing from the interest of the debt &c. which their Lordships will moreover perceive by the statement amounts to £232.11.2½ currency may be remitted ; and under all the circumstances of the case I beg to express my hope that the application of the Vicar General may be accorded.

James Kempt.
Commander of the Forces »[5]


Les lords de la Trésorerie accordèrent la demande dans une dépêche à sir James, le 19 septembre suivant.

Dans un article intitulé : « Le Saint-Maurice. Notes de Voyage », paru dans la Revue Canadienne de 1872, (p. 35), M. Elzéar Gérin dit que M. P.-B. Dumoulin acheta le fief Saint-Maurice. L’Inventaire des concessions en fiefs et seigneuries, publié par le bureau des Archives de Québec, ne fait aucune mention de cette acquisition. Mais, le 18 juin 1829, M. Dumoulin et autres, tous co-propriétaires et seigneurs par indivis d’une partie du fief Grosbois, demandaient « souffrance et délai de quinze mois » qui leur fut accordés.[6]

Le 8 mai 1830, M. Dumoulin portait la foi et hommage comme fondé de procuration de dame Geneviève Wills, veuve de Nicolas Montour, pour la seigneurie de Tonnancour dite Pointe-du-Lac[7] et, le même jour, il en faisait autant pour partie de la seigneurie Gatineau appartenant à la même dame.[8] Le cadastre du fief Labadie, possédé par les héritiers de P.-B. Dumoulin, fait le 24 janvier 1861, par Norbert Dumas, commissaire, ne dit pas non plus comment M. Dumoulin avait acquis cette seigneurie.[9]

« Le 12 août 1826, dit Benjamin Sulte,[10] Mondelet et Duvernay lançaient le prospectus d’une nouvelle publication nommée « l’Argus ou l’homme aux cent yeux, Journal Électorique », qui devait paraître durant trois mois, disait-il, temps nécessaire pour faire mousser la candidature de M. Pierre-Benjamin Dumoulin. Il menait une vigoureuse campagne, mais ne réussit pas à faire élire son homme. » Cette campagne eut cependant son effet l’année suivante.

M. Dumoulin représenta la ville des Trois-Rivières à l’Assemblée législative, du 25 août 1827 au 31 octobre 1832, lorsqu’il donna sa démission. Le 21 décembre 1837, il recevait une commission per dedimus potestatem. Le 13 janvier 1838, il fut fait conseil de la Reine et le 16 du même mois, juge de paix. Le 12 décembre suivant, il sollicitait le poste de juge. Il fut nommé commissaire de la cour des Requêtes le 24 avril 1839 et, le 7 septembre 1840, il était nommé commissaire des banqueroutes.

La cour des Requêtes ayant été abolie en décembre 1841, M. Dumoulin se remit à l’exercice de sa profession. Il reçut à cette occasion nombre d’adresses de la part du clergé, des magistrats, des officiers de milice, du barreau et des autres notables de la ville et du district. Voici un extrait de la Gazette de Québec qui vaut d’être reproduit :[11]

TROIS-RIVIÈRES. — Nous avons reçu copie de nombre d’adresses présentées à M. Dumoulin, à l’occasion de la cessation de ses fonctions comme juge commissaire de la cour des requêtes et président de la cour des sessions de quartier aux Trois-Rivières, par le clergé, les magistrats, les officiers de milice et autres habitants notables de différentes localités du district. Elles témoignent toutes du zèle infatigable, du talent, de la fermeté et de l’impartialité que ce monsieur a toujours montrés dans l’exercice de ses fonctions. Nous nous bornerons à reproduire celle du barreau des Trois-Rivières, comme étant en quelque sorte un résumé de toutes les autres. Nous y ajouterons cependant l’extrait suivant d’une adresse du clergé, des magistrats et cultivateurs de Gentilly et des paroisses voisines, qui avaient déjà présenté à M. Dumoulin une adresse dans le même sens en 1840 :

« Un fait inouï dans l’administration de la justice se trouve très flatteur dans la vôtre : de toutes les actions à être évoquées de votre tribunal, pas un seul plaideur n’a voulu user de son droit, et pas un seul appel n’a été interjeté d’un de vos jugements. »

PROVINCE DU CANADA
DISTRICT DES TROIS-RIVIERES.

À PIERRE BENJAMIN DUMOULIN, écuyer, commissaire de la cour des requêtes et président des sessions de quartier pour le district des Trois-Rivières.

Nous soussignés, membres du barreau des Trois-Rivières, saisissons l’occasion de la cessation de vos charges de commissaires de la cour des requêtes et de président des sessions de quartier de ce district, pour vous exprimer la haute satisfaction que nous a fait éprouver votre conduite dans l’accomplissement des devoirs que vous imposaient ces deux offices.

Votre zèle ardent et vos efforts constants pour administrer la justice dans des circonstances critiques et des temps de calamité pour vous, et votre application soutenue aux affaires portées à votre tribunal, ont été appréciés comme ils méritaient de l’être par les soussignés qui en ont été les témoins, et par le public, dont les affaires judiciaires n’ont jamais souffert d’interruption.

Nous citerons avec plaisir, et même avec orgueil puisque vous êtes sorti d’un barreau dont nous sommes membres, le fait, que pendant deux ans et demi que vous avez administré la justice comme commissaire de la cour des requêtes, pas une seule des causes dont vous avez eu à prendre connaissance n’a été portée à un tribunal supérieur : cette circonstance est une preuve non équivoque de la confiance en vos lumières et en votre intégrité, et de la satisfaction que vos décisions ont donnée au public.

Ces sentiments, monsieur, nous sont communs avec vos justiciables qui vous les ont exprimês l’année dernière lorsqu’on avait lieu d’appréhender l’établissement des cours de shériff en vertu d’une ordonnance qui heureusement n’existe plus, et encore cette année aux derniers termes de la cour des requêtes.

Veuillez, monsieur, accepter nos souhaits les plus sincères pour votre prospérité et votre bonheur futur.

Trois-Rivières, 10 décembre 1841.

P. Vézina, Q.C., A. Polette, J.-E, Turcotte, T. Burn, A.-M. Hart, E.-L. Pacaud, P.-E. Vézina, L.-E. Desilets, L.-G. Duval, Geo.-S. Carter, Henry-B. Hughes, F.-X. Turcotte.


RÉPONSE DE M. DUMOULIN

PROVINCE DU CANADA.

DISTRICT DES TROIS-RIVIÈRES.

Aux messieurs du barreau du district des Trois-Rivières.

Je vous remercie très cordialement de l’adresse flatteuse que vous me présentez en témoignage de votre approbation de ma conduite, comme commissaire de la cour des requêtes et président des sessions de quartier pour le district des Trois-Rivières.

Oui, messieurs, j’ai été choisi dans le barreau du district des Trois-Rivières lorsque j’ai eu l’honneur d’être promu à ces places de confiance, et c’est bien pour moi aussi une raison de plus de m’enorgueillir de ce que j’ai pu remplir les devoirs attachés à ces situations importantes, à votre satisfaction, messieurs, et à celle du public en général comme il a plu à ce dernier de me le manifester, par des adresses dans le sens de la vôtre.

Si je suis, messieurs, destiné pour l’avenir à reprendre ma place de nouveau parmi vous au barreau des Trois-Rivières, j’y ferai mes efforts pour en soutenir l’honneur et la bonne réputation qui lui sont déjà si justement acquis ; et si, au contraire, je suis appelé à remplir quelqu’autre situation dans l’administration de la justice, soyez convaincus, que toujours comme par le passé, je n’aurai rien de plus à cœur que d’en remplir les devoirs au meilleur de mes connaissances, de ma conscience et avec impartialité.

Trois-Rivières, 10 décembre 1841.

P. B. DUMOULIN, C. C. R. & P. Q. S.


Ses commissions de conseil de la Reine et de commissaire des banqueroutes furent révoquées en juin 1843, à la suite de plaintes portées contre lui en sa qualité de magistrat, sans qu’il ait eu l’occasion de se défendre, et nonobstant les beaux certificats que lui avaient décernés ses concitoyens moins de dix-huit mois auparavant. Il faut croire que le colonel Bartholomew-Conrad-Augustus Gugy, adjudant général de la milice, seigneur, magistrat de police, etc., etc., qui était l’auteur des plaintes en question, jouissait d’un crédit illimité auprès des autorités du temps.

La paroisse des Trois-Rivières ayant été érigée en municipalité en vertu de la loi de 1843, M. Dumoulin en fut le premier maire.

Monsieur Dumoulin fit de nouveau partie de l’Assemblée législative, du 20 décembre 1851 au 23 juin 1854, comme représentant du comté d’Yamaska. Il fut aussi maire de la ville des Trois-Rivières, du 25 juillet 1853 au 17 juillet de l’année suivante. Lord Elgin lui octroya de nouveau le rang de conseil de la Reine en 1853, et le 6 mars 1856, M. Dumoulin était fait président de la cour des Sessions générales de quartier de la paix aux Trois-Rivières.

M. Dumoulin est mort aux Trois-Rivières le 24 septembre 1856, à l’âge de cinquante-neuf ans et neuf mois. Il fut inhumé dans la cathédrale de cette ville.

C’est M. Dumoulin qui fit bâtir la grande maison qui, depuis 1896, est occupée comme établissement hydrothérapique par le docteur C.-N. De Blois, aux Trois-Rivières.

Pierre-Benjamin Dumoulin avait épousé, en mai 1825, Hermine Rieutord, fille de feu François Rieutord, chirurgien, et de Françoise-Ursule Le Proust. Il laissa une belle famille.

Sévère fut avocat, député, maire de la ville des Trois-Rivières en 1865, puis shérif du district des Trois-Rivières, de 1869 à 1882.[12]

Charles, avocat, remplaça son frère Sévère comme shérif le 18 janvier 1882,

Pierre-Benjamin fut notaire aux Trois-Rivières. Il ne laissa pas de postérité.

Gaspard, le plus jeune fils, était avocat et propriétaire à Arthabaska où il fut le premier avocat résident. Il décéda en 1859, âgé de vingt-sept ans seulement. Son fils Philippe-Benjamin naquit en cet endroit le 25 novembre 1856 et alla demeurer à Québec, vers 1885, en qualité de gérant de la Banque du Peuple. Il épousa en première noces, Élizabeth Marcoux fille du fondateur de la maison Marcoux et Renfrew, devenue depuis la maison Holt & Renfrew. Il convola en secondes noces le 14 septembre 1893, avec Marie-Louise, fille de Thomas-Jacques Taschereau, notaire, puis shérif du district de Beauce. De cette seconde union naquit Jacques Dumoulin, avocat, conseil du Roi, à Québec. Étant devenu veuf une seconde fois, Philippe-Benjamin épousa en troisièmes noces, en 1919, Joséphine, sœur de l’honorable Alexandre Taschereau, premier ministre de la province de Québec, et veuve d’Eberhard Hecker. À sa mort, en 1921, Philippe-Benjamin était le gérant de la Banque Molson et vice-président de la Caisse d’Économie de Québec.

La sœur de Philippe-Benjamin devint la femme du juge Lawrence Cannon et fut la mère de l’honorable Arthur Cannon, juge de la Cour Suprême du Canada, depuis 1930 ; de l’honorable Lucien Cannon qui fut solliciteur-général dans le ministère Mackenzie King ;[13] de l’abbé Walter Cannon, du séminaire de Québec ; et de Robert Cannon, avocat, conseil du Roi, à Québec.

Jean-Emmanuel, frère de notre député, fut admis à la pratique du notariat le 3 juillet 1810. Il décéda, à Montréal, le 11 janvier 1861.

Il fut nommé secrétaire d’élection aux Trois-Rivières le 3 avril 1814 et présida à celles du mois de mai suivant.

On l’a parfois confondu avec son homonyme qui fut juge aux Illinois, mais qui n’appartenait pas à la même famille.

L’abbé Joseph-Sévère-Nicolas Dumoulin (1793-1833) fut ordonné prêtre le 23 février 1817, après avoir fait son cours au séminaire de Nicolet. Il fut curé d’Yamachiche de 1825 à 1853 et y fonda un couvent en 1852, un collège commercial en 1853 et bâtit un presbytère. Il fut chanoine honoraire de la cathédrale de Montréal et auteur, en 1821, d’une « Notice sur les missions de la Rivière-Rouge et du Sault-Sainte-Marie ». Il avait accompagné l’abbé Joseph-Norbert Provencher, missionnaire à la Rivière Rouge en 1817, et avait vécu dans l’Ouest de cette date à 1823.

  1. Actes de concession en fief et seigneurie. V. 86, 87, et Rapport sur les Archives Canadiennes, 1884, 1885 et 1886.
  2. Bulletin des Recherches Historiques, IV, 36.
  3. Arch. du Canada. Série C. Vol. 67, p. 123.
  4. Arch. du Canada, Série C. Vol. 67, p. 126.
  5. Série C. Vol. 1268, p. 103.
  6. Inventaire des concessions. II, 273.
  7. Inventaire des concessions. II, 49.
  8. Inventaire des concessions. II, 255.
  9. Inventaire des concessions. II, 127.
  10. Bulletin des Recherches Historiques, VII, 282.
  11. 14 décembre 1841.
  12. Nommé shérif le 17 septembre 1869.
  13. Renseignements obligeamment fournis par M. Jacques Dumoulin, avocat, C. R., de Québec.