Police Journal Enr (Aventures de cow-boys No. 3p. 7-9).

CHAPITRE III

CÉLINE ET SLIME


4 heures du matin.

Heure indécise où l’aube commence sa lutte.

Tout dort.

Même les salounes.

C’est le calme du matin.

Puis un bruit lointain.

Qui peu à peu se précise.

Patte-à-patte.

Patte-à-patte.

Patte.

Patte.

Deux chevaux galopent dans le lointain.

Ils s’approchent de Canyonville.

Il se dresse sur son lit.

Écoute…

Soudain le bruit éveille Verchères couché tout habillé.

En quelques bonds, Baptiste est dehors.

Deux chevaux s’en viennent au grand galop.

Stoppent dans un nuage de poussière.

Le jeune homme est gros et a une agréable face de pleine lune.

Baptiste dit :

— Slime Gradier, je suppose ?

— Oui.

Il regarde le 2e cavalier.

Ce n’est pas un cavalier.

C’est une amazone.

Soudain l’amazone s’écrie :

— Mais si ce n’est pas l’oncle Baptiste !

— CÉLINE !

— Oui, son oncle, c’est bien l’ancienne petite Céline à qui vous faisiez faire « tit-galop » sur vos genoux.

Verchères sourit :

— Je te gage que maintenant tu aimes mieux les genoux de Slime que les miens…

Les deux jeunes gens rougirent jusqu’aux oreilles.

Le sergent Robitaille accourrait :

— Qu’y a-t-il ?

Baptiste dit :

— Je ne le sais pas encore.

— Ce qu’il y a, s’écria Slime, eh bien, la guerre ouverte est commencée. La maison principale et toutes les dépendances du ranch d’Abel Merceau sont passées au feu.

— Accident ?

— Non, car j’ai trouvé dans les décombres un cadavre calciné, sans doute celui de Merceau…

— Mais il a pu mourir dans l’incendie sans qu’il y ait crime…

Slime répéta :

— Non. Et voici pourquoi…

Il tendit une balle de colt au sergent :

— Savez-vous où j’ai trouvé cette balle ?

— Non.

— À terre près du cadavre.

— Oh, oh…

Baptiste dit :

— Détaille ton récit, veux-tu, mon Slime… ?

Il s’était levé vers 1 heure du matin.

Avait vu la lueur de l’incendie.

Était accouru.

Avait fouillé dans les décombres encore chaudes et trouvé le cadavre et la balle.

Était arrêté chez Natole Pomerleau pour l’avertir du drame.

Céline prit la parole :

— Papa a refusé de me laisser demeurer dans la zone du danger. Il m’a envoyée ici à la bourgade me placer sous la protection de la police.

Robitaille observa :

— Ce n’était donc pas une plaisanterie que cet avertissement des chevaliers de la nuit.

— Non, certes.

— Entrons au poste.