George E. Desbarats, éditeur (p. 57-58).

LE BAZAR DE CHARITÉ.

Aux RR. PP. Oblats, St. Sauveur de Québer.

La charité, toujours ingénieuse,
Depuis longtemps inventa le « Bazar. »
En contemplant cette foule joyeuse
Où, l’autre soir, me guida le hasard,
Je me disais : « Au malheureux qui pleure »
« Cette gaîté du moins profitera : »
« Bien et plaisir sont unis à cette heure, »
« Honni celui qui mal y pensera. »

Derrière un rang de tables surchargées
De fleurs, de fruits, d’ouvrages variés,
Anges du pauvre, j’aperçois rangées
Des environs les alertes beautés.
Un vieux garçon, riche comme la banque,
Entre tout fier,… hélas ! il le paiera,…
Quel beau gibier ! malheur à qui le manque !
Mais honni soit qui mal y pensera !

« Prenez, monsieur, pour cette belle chaise,
« Un seul billet, voyez comme c’est beau !
« Dans ce fauteuil on est si bien à l’aise
« C’est élégant, tout frais et tout nouveau !
« Prenez aussi pour cette loterie ;
« Numéro douze à coup sûr gagnera : …
« Mais,… à propos,… on dit,… on vous marie ;
« Honni celui qui mal y pensera ! »


Il paie enfin, puis un autre remplace
Le vieux garçon, victime des enfants,
Essaim joyeux qui rit, bavarde, agace,
Au nom du pauvre, en ses ébats bruyants,
Et vend toujours… À cette noble cause,
« Jeunes et vieux, tout le monde aidera…
« Mais quel est donc ce vieux ? — C’est autre chose
« Allez-y voir, demain il y sera. »