Les bases de l’histoire d’Yamachiche/20

C. O. Beauchemin et Fils (p. 241-247).



DEUXIÈME PARTIE












INTRODUCTION


Nous offrons à nos lecteurs un moyen bien facile, et sans frais de recherches, de vérifier les faits historiques mentionnés dans la première partie de notre travail, en publiant ici les pièces justificatives au complet, dans le texte original. Pour ceux qui voudraient se donner la peine de vérifier nos copies, nous indiquons les lieux ou se trouvent les originaux.

Nous remercions ici ceux qui nous ont facilité l’accès à ces sources abondantes de renseignements inaltérés qui sont la base nécessaire de toute histoire vraie et consciencieuse.

Nous devons à M. A.-E. Gelinas le plus ancien titre concernant Yamachiche, c’est-à-dire l’acte de concession de ce fief en 1653, par Jean de Lauson, conseiller ordinaire du Roy en son conseil d’état gouverneur et lieutenant général pour Sa Majesté en la Nouvelle-France étendue du fleuve St-Laurent, « au Sieur Boucher capitaine du Bourg des Trois-Rivières, et lieutenant-général civil et criminel du grand Sénéchal de la Nouvelle-France, jurisdiction des Trois-Rivières. »

Quand cet acte fut passé, en 1653, la rivière d’Yamachiche portait encore le nom de rivière à Mashis. C’est certainement ce qu’on peut appeler pièce rarissime.

Cet acte ne concédant qu’une demi-lieue de front sur le lac, un quart en haut et un quart en bas de la grande rivière, sur trois lieues de profondeur, fut remplacé en 1655 par un autre titre lui donnant un front de une demi-lieue en haut et une lieue en bas de la même rivière, sur la même profondeur de trois lieues.

Ces deux actes, révoqués plus tard, sont devenus caducs, et le même fief fut reconcédé au même M. Boucher, par M. Talon, intendant, en 1772, avec un retranchement d’une lieue sur la profondeur.

Malgré l’absence de toute valeur légale, ce document, écrit sur parchemin, a été bien conservé et est resté lisible jusqu’à ce jour.

En 1702, dans le contrat de vente de la dernière moitié du fief Grosbois, M. Boucher disait « avoir remis entre les mains des acquéreurs, (Charles et Julien LeSieur), le contrat de concession de 1772, par l’intendant Talon, et autres pièces qu’ils ont reçues. »

Parmi ces autres pièces reçues devait être le parchemin que nous touchons aujourd’hui, resté la propriété de la famille LeSieur depuis 1702. La grand’mère de M. A.-E. Gelinas, possesseur actuel, était Magdeleine LeSieur, descendante de cette famille, et M. Gelinas dit que ce parchemin était parmi les papiers conservés par sa grand’mère. Son grand-père, Louis Gelinas, était descendant d’Étienne, l’aîné des trois frères premiers colons d’Yamachiche.

Voilà l’histoire de ce premier acte de concession du fief Grosbois dont nous donnons un fac-similé photographié pour nous, sur une plus petite échelle. Le nom de Grosbois fut donné à ce fief par M. P. Boucher lui-même, qui prit dès lors le titre de Sieur de Grosbois, et le porta jusqu’à 1702, année de la vente de la dernière partie de ce fief aux MM. LeSieur.

Sur le dos du parchemin on lit ces mots : « concession de mon fief de Grosbois en 1653 du 25 may 1653, » évidemment écrits de la main même de M. Boucher.

Les actes de baptême publiés dans la première partie, la division du fief Grosbois en deux seigneuries distinctes, avant tout commencement de colonisation dans ses limites, et les contrats de concession font apparaître au grand jour nos erreurs passées. Si ces erreurs étaient justifiables alors, elles ne le seraient plus aujourd’hui en présence des faits positifs et clairement démontrés par des écritures dont la véracité ne peut être suspectée.

La collection des actes de foi et hommage rendus par les seigneurs propriétaires de nos fiefs, ont une grande valeur pour l’histoire d’Yamachiche. Ces actes sont tous écrits sur une même formule, servilement suivie ; cependant chacun rapportait au roi toutes les transactions antérieures faites sur chaque fief, depuis sa concession, et tous les titres de propriété et de possession.

Nous remercions spécialement M. Dionis L. Desaulniers qui a eu la complaisance de chercher et de copier pour nous ces actes de foi et hommage à Ottawa, et à M. Brymner, archiviste savant et distingué, qui a bien voulu mettre à notre disposition, pour cette fin, sa précieuse collection de documents anciens.

M. Meilleur Barthe, gardien des archives de Trois-Rivières, nous a aussi fait la faveur de vérifier nos copies d’actes de baptême sur le double des registres conservés à l’évêché du diocèse, pour mieux en assurer l’exactitude.

Si notre ouvrage est défectueux sous d’autres rapports, nous sommes au moins convaincu qu’il ne s’éloigne pas de la vérité.