Les atmosphères/Des gens sur un banc

À compte d'auteur (p. 41).

DES GENS SUR UN BANC attendent l’heure d’un train. Depuis peu que la gare s’est tue, et qu’elle s’ignore, ils sont là, des gens qui ne se connaissent pas, qu’un même banc tasse, dans une même attente.

Ils ne causent pas, car ils sont trop tous à la même pensée d’une même chose. Le seul grand regard unanime, comme la pensée qu’ils ont, va de la table d’heures à la petite valise posée sur leurs genoux, ou à leurs pieds.

Le désir, qui hante la foule en confrérie, de se dire quelque chose, ne les tourne pas l’un vers l’autre. Ils sont trop tous la même chose.

Leurs yeux qui bougent, remuent la grande fatigue qui est au fond, et se troublent. Ils éprouvent la nuit invisible dans la lumière de la gare ; ils baillent tour à tour, ils happent, par petites bouchées, le sommeil qui les assiège.

Les hanches et les épaules se touchent dans une même vie d’attente, ils ne sont rien qu’unanimes,

DES GENS SUR UN BANC qui attendent l’heure d’un train.