Les anciens couvents de Lyon/37.2. Confalon

Emmanuel Vitte (p. 621-623).

PÉNITENTS DU CONFALON


LE mot Confalon était une corruption du mot Gonfanon, bannière, en souvenir de celle que les Pénitents eurent à Rome, et où l’image de la sainte Vierge était toute resplendissante d’or et de pierreries. En 1274, saint Bonaventure, étant à Lyon pour assister au quatorzième concile général, avait fondé cette société et réglé les prières que les confrères devaient réciter. Les membres s’appelaient Pénitents blancs, parce qu’ils se revêtaient d’une sorte d’aube blanche, surmontée d’un capuchon qui enveloppait la figure, avec deux petites ouvertures pour les yeux. Leur première chapelle fut du côté du Rhône, dans le cloître des Cordeliers et au-dessous du dortoir des religieux. Cette confrérie prospéra : les gentilshommes, les gouverneurs de province, les chanoines-comtes de Lyon, les prêtres et les bourgeois notables de la cité, s’y cachèrent sous le sac de la Pénitence.

Cette association pieuse continua ses exercices jusqu’en 1562, mais elle fut forcée de les interrompre pendant l’occupation calviniste. Elle ne les reprit qu’en 1576, sur l’invitation du Consulat et de Mgr d’Épinac. En 1582, Henri III se fit pénitent du Confalon, et, pendant son séjour à Lyon, assista souvent aux exercices de la Confrérie ; il ordonna qu’aux voûtes de la chapelle on suspendît deux couronnes, et il érigea l’association en compagnie royale. Depuis cette époque, un article fondamental de la constitution de cette confrérie était la prière pour la santé du roi et de la famille royale ; chaque jour de ses assemblées, les exercices se terminaient par des prières dites à cette intention, et si le roi, ou la reine, ou les princes de la maison royale étaient malades et en danger, les Pénitents du Confalon passaient en prières la nuit et le jour dans leur chapelle.

Comme ils étaient trop à l’étroit dans le cloître des Cordeliers, Maurice du Peyrat et Justinien Pause, deux citoyens lyonnais, firent bâtir, en 1557, une chapelle près du quartier de Bon-Rencontre. En 1636, Mgr d’Halincourt, gouverneur de Lyon, fit construire une nouvelle chapelle distinguée par de beaux morceaux d’architecture et de menuiserie, et par plusieurs tableaux d’excellents maîtres. Elle fut construite sur l’emplacement de la première église de Saint-François-d’Assise ; l’autel était de marbre vert revêtu aux angles de bronze doré ; parmi les nombreux et riches tableaux, je ne cite que la Cène, de Blanchet, et le Christ sur la croix, de Rubens, qui fut déchiré avec une pique pendant la Révolution. Cette sanglante terreur de 1793 prit ses ébats au Confalon ; la chapelle était riche, elle fut pillée et saccagée sans pitié ; elle devint un grenier et ne fut jamais rendue au culte. Elle fut en partie démolie pour faire la halle au blé, qui est devenue le Mont-de-Piété, démoli à son tour.

Les Villeroi ont été les protecteurs de cette compagnie et y ont souvent rempli la place de recteurs.

médaille du confalon

Cette société faisait de grandes charités aux pauvres et surtout à ceux des confrères qui se trouvaient dans le besoin. Il y avait aussi à la Guillotière, une confrérie de pénitents de Notre-Dame du Confalon.