Les Vivants et les Morts/La Terre

Les Vivants et les MortsArthème Fayard et Cie (p. 235).


LA TERRE


Je me suis mariée à vous
Terre fidèle, active et tendre,
Et chaque soir je viens surprendre
Votre arôme secret et doux.

Ah ! puisque le divin Saturne
Porte un anneau qui luit encore,
Je vous donne ma bague d’or,
Petite terre taciturne !

Elle est comme un soleil étroit,
Elle est couleur de moisson jaune,
Aussi chaude qu’un jeune faune
Puisqu’elle a tenu sur mon doigt !

— Et qu’un jour, dans l’espace immense,
Brille, ceinte d’un lien doré,
La Terre où j’aurai respiré
Avec tant d’âpre véhémence !