Émile Nelligan et son œuvre/Eaux-Fortes Funéraires/Les Vieilles Rues


Émile Nelligan et son œuvre, Texte établi par Préface par Louis Dantin (p. 77-80).



EAUX-FORTES FUNÉRAIRES





LES VIEILLES RUES




Que vous disent les vieilles rues
        Des vieilles cités ?…
Parmi les poussières accrues
        De leurs vétustés,
Rêvant de choses disparues,
Que vous disent les vieilles rues ?

Alors que vous y marchez tard
        Pour leur rendre hommage :
— « De plus d’une âme de vieillard
        Nous sommes l’image. »
Disent-elles dans le brouillard,
Alors que vous y marchez tard.


« Comme d’anciens passants nocturnes
        « Qui longent nos murs,
« En eux ayant les noires urnes
        « De leurs airs impurs,
« S’en vont les Remords taciturnes
« Comme d’anciens passants nocturnes. »

Voilà ce que dans les cités
        Maintes vieilles rues
Disent parmi les vétustés
        Des choses accrues
Parmi vos gloires disparues,
Ô mornes et mortes cités !